Burundi : A la découverte d'une école pour les sourds (REPORTAGE)
Le Centre des sourds Ephphata, situé dans la commune de Gihosha au nord de la capitale burundaise Bujumbura, est spécialisé dans l'enseignement des sourds-muets et compte 130 élèves.
Des élèves sélectionnées par cette école ont réussi ces dernières années au concours national.
Les enfants sélectionnés passent toute une année dans une classe spécialisée avant d'aller passer le concours national avec les enfants entendant.
"Nous avons déjà enregistré cinq lauréats ces deux dernières années où l'on a commencé à envoyer nos enfants au concours national. En 2013, sur les 13 candidats que l'école a envoyés pour passer ce concours national, un seul a réussi, et en 2014, tous les 4 qu'on a envoyés ont réussi ce concours. Aujourd'hui, ils sont à Gitega (la seconde plus grande ville du Burundi, ndlr) au Lycée Notre Dame de la Sagesse", a affirmé à Xinhua la secrétaire de l'école, Mme Ephébie Ntiharirizwa, qui y travaille depuis 1993.
Le Lycée Notre Dame de la Sagesse a été choisi par feu Mgr Joachim Ruhuna, alors Archevêque de Gitega, comme école pilote pouvant accueillir aussi les enfants avec un tel handicap.
Selon Mme Ntiharirizwa, pour les enfants qui arrivent pour la première fois, on demande une attestation médicale et un extrait d' acte de naissance pour savoir si l'enfant peut suivre les cours avec les autres. "Cela parce que vous pouvez avoir des enfants apparemment qui sont des sourds-muets mais avec une petite débilité. Cela ne convient pas ici et nous y sommes aidés par un psychiatre", a-t-elle expliqué.
Les enfants admis à la section maternelle passent une année à apprendre à s'adapter dans un milieu qui leur est étranger, un milieu où l'on ne communique que par des signes.
A l'issue de cette première année, ils commencent la première année de l'école primaire et vont suivre le programme d' enseignement public comme les autres enfants, sauf qu'ils apprennent par les signes.
L'école sélectionne parmi les enfants arrivés en 6ème année ceux qui sont plus compétents que les autres pour participer au concours national (pour accéder à l'école secondaire).
Ceux qui ne réussissent pas à entrer à l'école secondaire sont admis dans des sections de métiers à l'école même pour apprendre pendant deux ans un métier qui leur permettra de vivre plus ou moins autonomes dans l'avenir.
"Pour le moment, vu les moyens de nous disposons, nous concentrons nos efforts au métier de couture", déclare Mme Nthiharirizwa.
Parmi les 130 enfants que compte actuellement l'école, seuls 11 rentrent à la maison, les autres vivant dans l'internat.
Le ministère de la Solidarité nationale donne des subsides selon la demande alors que le Programme Alimentaire Mondial donne du maïs et de l'huile par mois. Les parents contribuent eux aussi chacun selon ses possibilités, a révélé à Xinhua Mme Ntiharirizwa.
Quant aux enseignants, "nous les sélectionnons parmi ceux qui ont eu leurs diplômes de pédagogie", a-t-elle affirmé.
"Il y a des cours spécialisés que nous leur donnons pour pouvoir bien communiquer avec ces enfants. Ce sont notamment la langue des signes, la lecture labiale, l'orthophonie et d'autres", a précisé Mme Ntiharirizwa.
Elle a avoué que les salaires des enseignants sont difficilement acquis. Certaines ONG qui contribuent au paiement des salaires sont contraintes de diminuer leurs apports à cause de la crise financière que traversent leurs pays.
"Heureusement, il y a une promesse de la part du gouvernement du Burundi de payer ces salaires car le ministère de la Solidarité nationale a demandé récemment les dossiers des neuf enseignants et ceux de deux autres qui suivent les enfants à l'internat. Avec l' octroi de ces salaires, il y aura un léger mieux", a déclaré Mme Ntiharirizwa.
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