Les trois raisons principales du retour de Nicolas Sarkozy

Par : Vivienne |  Mots clés : Nicolas Sarkozy,UMP
French.china.org.cn | Mis à jour le 23-09-2014

Les trois raisons principales du retour de Nicolas Sarkozy

L'ancien président français Nicolas Sarkozy, battu aux élections présidentielles de 2012, a annoncé ce week-end sa candidature à la présidence de son Parti, l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Sa décision de retourner dans le monde politique après deux ans de silence montre qu'il vise la présidentielle de 2017 et compte reprendre le pouvoir suprême de la République française, à un moment où la France affronte de multiples crises politiques, économiques et sociales.

Nicolas Sarkozy a annoncé sa décision dans une déclaration publiée sur son compte Facebook, indiquant qu'il serait candidat à l'élection du président de l'UMP prévue en novembre prochain. Déjà président de l'UMP de novembre 2004 à mai 2007, Nicolas Sarkozy avait démissionné de son poste après avoir gagné l'élection présidentielle. Sa décision de se présenter une nouvelle fois à la présidence de l'UMP est de toute évidence prise en visant les élections de 2017.

Nicolas Sarkozy s'était représenté à la présidence de la République en 2012, à la fin de son premier mandat. Il avait déclaré avant le scrutin qu'il se retirerait complètement de la scène politique s'il perdait les élections. Après sa défaite, il a gardé le silence sur la scène politique jusqu'à présent. Pourquoi change-t-il d'avis aujourd'hui ? Nicolas Sarkozy, né en 1955, a moins de 60 ans, il est dans la force de l'âge pour un homme politique. Il n'est donc pas surprenant que son ambition politique revienne.

Néanmoins, Nicolas Sarkozy est contraint par la situation actuelle de faire son retour dans la vie politique dans un contexte de crise en France. Son retour peut apporter un changement sur trois aspects.

Tout d'abord, cela permettra de redonner clairement un chef au parti majeur de la droite.

L'UMP, à l'origine le Rassemblement pour la République (RPR), a été fondé par l'ancien président de la République française Jacques Chirac. Après sa fusion en avril 2002 avec le parti Démocratie libérale, un autre parti conservateur de droite, et de la majorité des membres de l'Union pour la démocratie française, parti de centre droit, l'UMP a formé l'Union pour la majorité présidentielle, dans le but de soutenir la réélection de Jacques Chirac, et est devenu le premier plus grand parti de droite de France. Après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, l'UMP a perdu la place qu'il maintenait au pouvoir depuis 17 ans.

Depuis, des luttes internes n'ont cessé d'avoir lieu au sein de l'UMP. Plusieurs responsables politiques se sont disputé la direction du parti après l'apparition du vide politique causé par le départ de Nicolas Sarkozy, d'où les dissensions au sein de l'UMP. Aux élections du parti en novembre 2012, Jean-François Copé, président sortant du parti, et François Fillon, ancien premier ministre, n'ont pas pu être départagés et sont entrés en conflit ouvert. Jean-François Copé ne peut se dérober à sa responsabilité lorsque l'UMP subit un revers aux élections européennes en mai dernier. Soupçonné d'être impliqué dans un scandale économique, il est contraint de démissionner. La direction de l'UMP est assurée provisoirement par Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, trois anciens premiers ministres français, avant l'élection d'un nouveau président en novembre prochain. Actuellement, l'UMP manque un leader puissant qui pourrait mettre fin à cette situation. Le retour de Nicolas Sarkozy, qui garde un taux de soutien de 85 % au sein de l'UMP, intervient au bon moment.

Deuxièmement, le moment est propice pour se présenter en alternative à François Hollande, qui fait face à une crise politique.

François Hollande, ayant battu Nicolas Sarkozy au deuxième tour des élections présidentielles en 2012, a permis au Parti socialiste (PS) de revenir à l'Élysée. Le PS aurait dû montrer pleinement ses aptitudes en entreprenant des réformes et en changeant radicalement le cours difficile dans lequel sont plongées l'économie et la société françaises. Cependant, deux ans après l'accession au pouvoir de François Hollande, la crise économique et sociale ne s'est pas améliorée, elle s'est aggravée. La France est devenue un « malade économique » de l'UE. Face à une croissance plate et un niveau de vie en déclin pour les Français, François Hollande a été obligé de remplacer au poste de premier ministre Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls et de remanier plusieurs fois le gouvernement, mais cela n'a pas eu l'effet escompté.

Aux crises politiques incessantes s'est ajoutée une cascade de scandales impliquant de hauts fonctionnaires. Plusieurs membres du gouvernement ont dû démissionner suite à la révélation d'irrégularités. Au début de l'année, la liaison de François Hollande avec l'actrice Julie Gayet a été révélée ; à la rentrée littéraire de septembre, l'ancienne compagne de François Hollande a révélé, dans son livre, des détails gênants sur sa vie privée, ce qui a beaucoup embarrassé le président de la République et déçu le public.

Les élections européennes de mai dernier ont confirmé la défaite du PS. Le grand parti de la gauche n'a même pas pu se classer dans les deux premiers partis en nombre de voix. François Hollande, quant à lui, a vu son prestige baisser sans arrêt avec une cote de popularité descendant jusqu'à 13 %, devenant ainsi le président le plus impopulaire de la Ve République. Le fait d'en être arrivé là au bout de deux ans de mandat fait élever des doutes sur sa capacité à poursuivre jusqu'au bout son mandat présidentiel. Des bruits ont couru à Paris qu'il pensait à présenter sa démission. Selon les sondages, le PS est voué à l'échec aux élections présidentielles de 2017.

Nicolas Sarkozy a reconnu qu'il s'agissait du meilleur moment pour agir. Les prochaines élections présidentielles auront lieu dans trois ans, il doit se mettre immédiatement à rassembler ses forces pour être prêt en 2017. Il a ainsi déclaré : « Le pays va mal, je ne peux pas rester les bras croisés sans rien faire ». Ces propos traduisent pleinement son ambition.

Troisièmement, la menace croissante de l'extrême droite appelle à la vigilance.

Le résultat d'un sondage effectué par la presse début septembre a choqué tout le monde : en 2017, la présidente du FN Marine Le Pen obtiendrait plus de voix que les candidats des autres partis et remporterait le premier tour. Le Front national, parti d'extrême droite qui prône la xénophobie et le racisme, est considéré comme un redoutable fléau sur la scène politique. Le résultat de ce sondage est loin d'être une rumeur infondée. Le FN a remporté 25,5 % des voix aux élections européennes de mai dernier, se classant devant les partis de gauche et de droite. Il s'agit d'une percée historique pour le FN depuis sa création en 1972. Le FN pourrait peut-être accéder au pouvoir présidentiel dans trois ans si les partis de gauche et de droite continuent leurs luttes internes et ne parviennent pas à regagner rapidement le soutien des électeurs. Nicolas Sarkozy, un homme politique expérimenté et capable de fédérer derrière lui une partie des électeurs, choisit de revenir à un moment crucial pour empêcher le FN de prendre le pouvoir.

Ces trois raisons montrent que le retour de Nicolas Sarkozy n'est absolument pas une décision prise à la légère. Il annonce dans son communiqué son intention de reprendre la direction de l'UMP pour créer « dans un délai de trois mois, les conditions d'un nouveau et vaste rassemblement qui s'adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan », pour faire face à la crise pesant sur la France. Avec cette déclaration, Nicolas Sarkozy renonce pour de bon à toute possibilité de retraite dans l'immédiat. L'avenir dira si son ambition peut se réaliser.

 

Article exclusif pour China.org.cn

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'étude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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