Lutte contre Ebola en Guinée : C'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît ses amis (REPORTAGE)

Par : Laura |  Mots clés : Guinée, Ebola
French.china.org.cn | Mis à jour le 18-08-2014

"C'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît ses amis", a déclaré le ministre guinéen de la Coopération internationale, Moustapha Koutoubou Sanoh, lors de la remise du premier lot de matériel chinois à l'aéroport de Conakry il y a une semaine.

M. Koutoubou Sanoh s'est exprimé ainsi en référence aux efforts du gouvernement chinois de lutte contre l'épidémie d'Ebola, qui a coûté la vie à plus de mille personnes en Afrique de l'Ouest.

"La Chine est le premier pays à accorder un don important à la Croix-Rouge guinéenne et elle est aussi le premier pays à envoyer un avion pour transporter des matériels sanitaires", a fait remarquer le ministre.

DES MATERIELS POUR MIEUX SE PROTEGER

Le matériel chinois est arrivé le 11 août à Conakry à bord d'un avion charter pour être tout de suite distribué vers des centres de soins médicaux répartis dans le pays.

Peu avant l'arrivée de l'avion, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré l'épidémie d'Ebola "urgence de santé publique de portée internationale", avant de confirmer plus tard dans un bulletin que la fièvre hémorragique avait fait 1.145 morts dans les pays frappés par l'épidémie.

Le lot livré par la Chine comprend des matériels de trois catégories, à savoir des équipements de protection personnelle, des désinfectants et des médicaments, a indiqué le chef de la première équipe d'experts chinois, Sun Hui.

"Il s'agit de matériel dont on a vraiment besoin ici, surtout les désinfectants et les instruments. Ces matériels contribueront sûrement à la prévention de la maladie à virus Ebola", a confié cet expert à Xinhua.

Pour Sékou Camara, chef de service à l'hôpital national Ignace Denn, le matériel de protection va permettre de limiter l'épidémie. "C'est vraiment utile pour nous en Guinée, car les premières personnes en contact sont le personnel soignant (...) Sans matériel de protection, ces médecins peuvent être contaminés".

Ce lot de matériels s'inscrit dans le cadre d'un don de matériels d'une valeur de 4,9 millions de dollars du gouvernement chinois aux trois pays touchés par l'épidémie, à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.

Fait notable, la Chine avait accordé en avril un don de 50.000 dollars à la Croix-Rouge guinéenne à travers la Croix-Rouge chinoise, avant d'offrir respectivement à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone du matériel médical d'une valeur d'un million de yuans (160.000 dollars).

"Le gouvernement chinois soutient tous les efforts guinéens pour contenir ce fléau, et il est disposé à fournir des aides dans la mesure du possible", a affirmé l'ambassadeur de la Chine en Guinée, Bian Jianqiang, dans une interview à Xinhua.

DES EXPERTS POUR FORMER LES LOCAUX

Samedi dernier, le deuxième contingent d'experts chinois est arrivé à Conakry pour relayer l'équipe précédente, qui est rentrée en Chine après avoir achevé une mission d'une semaine.

Cette nouvelle équipe, qui compte trois experts en urgence de santé publique issus du Centre de prévention et de contrôle des maladies de Beijing, de l'Hôpital Ditan et de l'Hôpital Xiehe de Beijing, a pour mission de continuer de dispenser une formation sur la protection personnelle, la désinfection et la sécurité biologique aux travailleurs médicaux locaux.

En outre, la 24e équipe médicale chinoise sur le terrain, composée de dix membres de l'Hôpital de l'amitié de Beijing, siégeait à bord du même vol. Elle travaillera à l'Hôpital de l'amitié sino-guinéenne pour une durée de deux ans.

Aux dires de Sun Hui, les experts chinois ont pour priorité de former le personnel médical local à la prévention de la maladie et à l'utilisation correcte des équipements de protection, étant donné la médiocrité des conditions médicales de base et le manque de sensibilisation à la protection dans le pays.

"Le personnel médical local a très bien coopéré et a travaillé avec assiduité. La formation a porté ses fruits dans son ensemble", a-t-il affirmé.

Outre la formation des locaux, les experts ont organisé des séminaires sur la prévention d'Ebola à l'intention des ressortissants et des entreprises chinois, tout en gardant des contacts étroits avec les institutions médicales guinéennes et internationales, comme l'OMS et Médecins Sans Frontières (MSF), a-t-il précisé.

Par ailleurs, les experts chinois ont également pour mission de suivre et d'étudier la situation épidémique en Guinée et de tenir compte de la demande réelle du pays en matière de prévention afin que les efforts ultérieurs soient plus ciblés et plus efficaces, a poursuivi M. Sun.

Pour sa part, M. Camara, qui est également Professeur à la faculté de Médecine de l'Université de Conakry, a fait l'éloge de la formation.

"Il n'y a pas de meilleurs dons que de donner des matériels et d'envoyer des experts pour former nos compatriotes à leur utilisation (...) Cela [La formation] nous permet de maîtriser la technique et la technologie du matériel sanitaire", a-t-il noté.

LES ENTREPRISES CHINOISES RESTENT

La propagation de l'épidémie d'Ebola a porté un coup dur à l'économie guinéenne.

A en croire Aliou Bah, un consultant et analyste financier guinéen, la Guinée d'aujourd'hui "n'est plus une destination privilégiée par les investisseurs étrangers".

En Guinée, où les investissements extérieurs constituent un maillon important de l'économie, "la psychose généralisée fait que les bailleurs de fonds et les investisseurs étrangers ont plus tendance à quitter le pays qu'à y venir ou à ralentir leurs investissements à cause de la persistance de l'épidémie d'Ebola dans les différentes régions du pays" , a indiqué cet analyste dans une interview à Xinhua.

En dépit des risques, les entreprises chinoises ont choisi de rester dans le pays. Malgré des suspensions momentanées de certains projets, la plupart des entreprises continuent leurs opérations, sans envisager un retrait massif.

Selon le conseiller commercial de l'ambassade de Chine en Guinée, Gao Tiefeng, les entreprises chinoises ont renforcé leurs dispositifs de prévention, et certaines ont procédé à des rotations du personnel face à la situation épidémique, dont la durée reste encore incertaine.

Une fois l'alerte épidémique levée, les projets d'investissement chinois dans le pays devraient rependre à plein régime, affirme-t-il.

Le géant des télécommunications chinois HUAWEI, chargé du projet de mise en place du réseau de haut débit dans le pays, continue de fournir une assistance technique aux opérateurs de télécommunication locaux, assurant le bon fonctionnement des communications pendant la crise, a fait savoir le responsable du bureau de la société, Zhang Xiaoyu.

China International Water & Electric corporation, chargée de la réalisation du projet d'aménagement hydroélectrique de Kaléta, a poursuivi ses travaux normalement, 80% des travaux principaux ayant été réalisés jusqu'ici, a confié à Xinhua le directeur général de la compagnie, Zhang Jun.

M. Zhang s'est déclaré confiant quant aux perspectives du marché africain, estimant que la technologie de pointe dont dispose la Chine en matière d'hydroélectricité pourrait contribuer, dans le cadre de la coopération sino-africaine, au développement du continent.

Pour rappel, en 2013, la Chine est restée le premier partenaire commercial de l'Afrique pour la cinquième année consécutive, avec un volume de 210,2 milliards de dollars, et l'Afrique demeure, pour la Chine, le deuxième marché de travaux publics et le quatrième lieu d'investissements.

UNE AMITIE A TOUTE EPREUVE

Les éloges ne tarissent pas sur le soutien chinois, ce qui témoigne d'une amitié "à toute épreuve" entre les deux populations.

"Cette assistance sanitaire constitue la preuve tangible de l'intérêt tout particulier que le gouvernement chinois accorde au bien-être des populations guinéennes", a souligné M. Koutoubou Sanoh, affirmant que la Chine venait de prouver une fois de plus son amitié sincère et durable envers le peuple guinéen.

De son côté, M. Camara a salué le soutien indéfectible et inconditionnel que la Chine apporte à la Guinée depuis l'indépendance de cette dernière.

"La Chine est une amie de longue date de la Guinée et elle n'a jamais failli à la tradition de porter secours à ses amis (...) Dans les radios, dans la rue, tout le monde en parle. C'est l'occasion pour moi de remercier le gouvernement et le peuple chinois de ce don", a-t-il déclaré.

Même écho au sein de la population guinéenne. Salifou Camara, enseignant, se réjouit de l'envoi de matériel et d'experts chinois en Guinée. "C'est tout à fait humanitaire de venir en aide à des gens qui sont en souffrance", a-t-il assuré à Xinhua, souhaitant que cette aide de la Chine soit bien utilisée dans l'intérêt des populations guinéennes.

"La Chine est un partenaire incontournable de la Guinée et elle ne peut pas rester sans aider la Guinée et les pays en difficulté. Tout le monde est conscient de ce que la Chine nous apporte pour le développement. Aucun autre pays ne fait autant de contribution, à mon avis", a pour sa part laissé entendre M. Minkael, journaliste à l' Agence guinéenne de presse AGP.

La coopération médicale entre la Chine et l'Afrique existe depuis plus d'un demi-siècle. Depuis le premier envoi d'une équipe médicale chinoise en Algérie en 1963, au total 23.000 travailleurs médicaux chinois ont été envoyés dans 66 pays et régions, dont 51 en Afrique, fournissant des services à quelque 270 millions de personnes. Ces travailleurs médicaux jouent le rôle de "diplomates" au profit du renforcement de l'amitié sino-africaine.

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Source: Agence de presse Xinhua
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