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Mali : après les affrontements de Kidal, trois partis d'opposition réclament la démission du Premier ministre (SYNTHESE)

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Mali, Kidal, opposition
French.china.org.cn | Mis à jour le 26-05-2014

Trois partis de l'opposition parlementaire malienne (URD, Parena et PRVM-Fasoko) ont réclamé la démission du Premier ministre, Moussa Mara, suite aux affrontements de Kidal dans le nord du pays.

Dans une déclaration commune parvenue dimanche à Xinhua, ces partis reprochent au chef du gouvernement d'être l'un des principaux responsables du déclenchement de combats meurtriers à Kidal lors de sa visite effectuée le 17 mai dernier et de la "déroute" de l'armée malienne le 21 mai suite à l'échec de son offensive engagée pour chasser les groupes rebelles de Kidal et de ses environs.

Les trois partis politiques ne sont pas les seuls à s'interroger sur "l'opportunité" de la visite du Premier ministre à Kidal, une mission que tout le monde savait à risque, son prédécesseur ayant été obligé de différer un voyage à Kidal à cause d'une forte résistance des groupes armés touareg.

Dans les milieux diplomatiques et militaires, on pense que toute la vérité n'a pas été dite au peuple sur cette visite et sur l'engagement "d'une offensive militaire sans aucune assistance logistique en terme de renseignements et de soutien aérien".

Ils rejoignent explicitement l'opposition politique pour qui ces deux initiatives (visite du chef du gouvernement et opération militaire) ont été improvisées alors qu'elles nécessitaient une "préparation minutieuse" pour être couronnées de succès.

"Le commandement militaire a cédé à la pression politique et a engagé une offensive avec très peu de renseignements sur les positions adverses", témoigne une source militaire malienne ayant requis l'anonymat.

Pourquoi cette visite "précipitée" et cette offensive qui ne s'imposait pas puisque la Minusma et Serval avaient obtenu la libération des otages et étaient sur le point d'obtenir le retrait des groupes rebelles des bâtiments administratifs qu'ils occupaient, comme le gouvernorat?

Pour le chroniqueur politique malien Kader Toé, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une "opération de communication" visant à "détourner l'opinion nationale de l'épineux débat de l'achat d'un avion présidentiel".

En effet, depuis la Déclaration de politique générale du Premier ministre, la presse n'a cessé d'enrichir ce débat avec des informations embarrassantes pour le président Ibrahim Boubacar Keïta et son chef du gouvernement.

"On avait atteint un niveau où l'étau commençait à se resserrer sur Moussa Mara qui a servi de bouclier au président dans cette affaire. Il fallait alors trouver un moyen de détourner les Maliens de cette épine dans les pieds du pouvoir. Et ce n'est un secret pour personne qu'une visite du Premier ministre à Kidal ne pouvait que susciter une réaction épidermique des groupes rebelles. Cela est d'autant réel que le prédécesseur de Mara, Oumar Tatam Ly, qui s'était heurté à la même résistance et avait sagement différé son voyage", poursuit Kader Toé.

Une analyse que de nombreux interlocuteurs jugent crédible. "Curieusement, personne ne parle plus de ce scandale d'achat d'un avion présidentiel alors que le pays en disposait déjà. Ni les médias ni l'opposition politique", constate K. Niaré, un professeur d'université.

"C'est évident que les vraies raisons de ce déplacement et de cette opération militaire improvisée ne sont pas connues et ne seront sans doute jamais connues des Maliens. Mais, je pense qu'il n'y avait aucune urgence à effectuer ce déplacement dont le seul résultat objectif a été de reléguer au second plan des débats intéressants pour la vie de la nation comme cette question d'avion présidentiel acheté dans des conditions encore obscures", soutient une source diplomatique dans la capitale malienne.

Mais, pour cette source, il y a peu de chance que l'exigence de l'opposition parlementaire (démission du Premier ministre) soit réellement suivie d'effet immédiat dans la mesure où "les Maliens sont pour le moment uni dans un élan patriotique" face aux événements. Mais, pour Kader Toé, "ce sursaut d'orgueil vise plutôt à remonter le moral de l'armée parce que les Maliens pensent aujourd'hui que des innocents ont été envoyés à la boucherie pour des objectifs politiques non avouables".

Aujourd'hui, certains interlocuteurs pensent que la "débâcle de l'armée à Kidal" est "une humiliation de plus pour leur pays" et que cet "échec servira de leçon" aux autorités en place.

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Source: Agence de presse Xinhua
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