Feng Zuoku : promouvoir activement les échanges entre les peuples chinois et africain
Lors de la célébration des 35 ans des relations Chine-Djibouti en janvier dernier, l'adjoint du ministre chinois des Affaires étrangères (à dr.), l'ambassadeur de Djibouti en Chine (centre) et Feng Zuoku coupent le gâteau de l'Amitié. (PHOTOS : CNSPHOTO)
«En comparaison avec les échanges sino-africains politiques, économiques et commerciaux, les contacts entre les peuples de ces régions ont commencé tardivement mais affichent de belles perspectives de développement », a déclaré Feng Zuoku, membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et vice-président de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger (APCAE), lors de l'interview qu'il a accordée à notre journaliste le 10 mars dernier.
La Chine est le plus grand pays en voie de développement au monde, alors que l'Afrique est le continent qui abrite le plus grand nombre de pays en voie de développement. En 2000, le Forum sur la coopération Chine-Afrique a été établi, et depuis lors, les relations sino-africaines prospèrent rapidement. En 2006, les deux parties ont proposé officiellement de mettre en place un partenariat stratégique de nouveau type, dans le cadre duquel, désormais, le gouvernement chinois promeut activement les échanges populaires sino-africains.
Profiter de nouvelles opportunités historiques
Pour sa part, M. Feng considère que nous nous trouvons, à l'heure actuelle, dans la meilleure période de l'histoire pour faire croître les échanges entre les peuples chinois et africain.
« En 2013, l'année où a été nommée la nouvelle direction chinoise, Xi Jinping a choisi l'Afrique comme destination pour sa première visite présidentielle à l'étranger. Là-bas, il a rencontré des dirigeants de divers pays africains et a rappelé que la Chine et l'Afrique formaient une communauté aux destinées communes, tout en réaffirmant les principes fondamentaux de la coopération sino-africaine, à savoir le respect mutuel, l'égalité, la solidarité et la notion de gagnant-gagnant. Ces démarches ont enrichi l'idée du développement durable des relations amicales sino-africaines et donné une orientation future aux échanges populaires sino-africains », a expliqué M. Feng.
Stimulés par des politiques macro-économiques favorables, de plus en plus d'ONG, d'entreprises et d'individus chinois partent vers l'Afrique, et inversement, un nombre croissant d'Africains viennent en Chine y faire des études ou du commerce. Les ONG chinoises installées en Afrique font notamment plus preuve d'initiative, d'indépendance et de créativité dans leur travail.
Ouvrir de nouvelles voies pour les échanges
Cependant, M. Feng a mis le doigt sur certains problèmes persistant à notre époque dans les échanges populaires sino- africains. Les vagues de démocratisation en Afrique provoquent de fréquentes transitions de pouvoir. Ainsi, beaucoup d'organisations africaines amies avec l'étranger, autrefois affiliées au parti africain au pouvoir, perdent leurs soutiens financiers ou pire, sont dissoutes. Depuis les années 1990, la quantité d'organisations africaines amies avec la Chine ne cesse de diminuer, de sorte qu'il devient difficile de maintenir le traditionnel réseau utilisé pour favoriser les échanges populaires.
Face à ces nouveaux défis, la Chine et l'Afrique cherchent à ouvrir de nouveaux canaux pour l'interaction entre les peuples. « Avec l'expérience, nous avons observé que les contacts et coopérations entre les gouvernements locaux chinois et africains étaient plus pragmatiques et réalisables que ceux à l'échelle nationale. C'est pourquoi, en vue de développer les programmes de coopération Chine-Afrique, nous avons opté pour l'établissement de jumelages. Actuellement, une centaine de villes chinoises et africaines ont déjà tissé des relations amicales », a indiqué M. Feng.
En août 2012, le 1er Forum sur la coopération sino-africaine entre les gouvernements locaux s'est tenu à Beijing, un évènement auquel ont participé plus de 300 gouverneurs provinciaux, maires, personnalités politiques et entrepreneurs, tous originaires d'Afrique. S'inscrivant dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine, cette rencontre visant à promouvoir les échanges et les collaborations entre les gouvernements locaux des deux parties était co-présidé par l'APCAE et Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA). Une deuxième édition aura lieu en août 2014, à nouveau dans la capitale chinoise.
Selon M. Feng, les échanges entre gouvernements locaux sont plus pragmatiques que ceux entre hauts dirigeants : s'adressant à davantage de personnes et couvrant une plus vaste panoplie de domaines, ils répondent mieux aux défis induits dans les échanges populaires.
En plus d'élaborer de nouvelles méthodes de coopération, l'APCAE continue de renforcer son soutien envers les organisations africaines les plus représentatives de l'amitié sino-africaines, les aidant à améliorer leurs conditions de travail, à perfectionner leurs capacités professionnelles et à élargir leur influence locale.
Élever la qualité des échanges économiques et commerciaux
Les entreprises privées ont également un rôle indéniable à jouer dans la promotion des échanges populaires sino-africains. M. Feng estime que les entreprises privées, caractérisées par la petite taille et l'efficacité, se mettent vite en action une fois qu'elles prennent une décision. Et il suffit qu'une firme investisse avec succès en Afrique pour que d'autres du même secteur en fassent autant. Par rapport au marché domestique sur lequel la concurrence s'avère très féroce, les marchés africains offrent de grandes opportunités, ce qui permet aux entreprises chinoises de réaliser de plus amples bénéfices qu'ils ne pourraient le faire sur le sol chinois.
En outre, ces investissements en Afrique émis par des entreprises chinoises privées combinent généralement commerce et industrie. D'une part, l'Afrique obtient de la Chine les marchandises dont elle a besoin ainsi que les infrastructures nécessaires à son développement économique ; d'autre part, conséquemment à la forte demande chinoise, le prix des ressources extraites du continent africain s'élève sur les marchés internationaux, ce qui permet aux pays africains de rassembler plus de fonds pour leur essor. Des études réalisées par des organisations internationales démontrent que la coopération sino-africaine contribue à plus de 20 % au développement économique africain. Les bons résultats de cette coopération attirent l'attention de la communauté internationale tout entière, alors plus disposée à investir en Afrique.
Toutefois, l'objectif des entreprises privées de toutes sortes qui investissent en Afrique se résume au gain commercial. Certaines d'entre elles ne prennent donc pas en considération les intérêts nationaux et commettent des actes irritant les amis africains. En conséquence, l'APCAE a décidé de soutenir uniquement les entreprises dignes de confiance, qui envisagent une croissance sur le long terme, et qui allient intérêts nationaux et intérêts commerciaux, à dessein de redorer l'image parfois fâcheuse des compagnies chinoises qu'ont pu donner certaines firmes en Afrique et d'élever la qualité des échanges économiques et commerciaux sino-africains.
Le rôle prometteur des médias
« Bien que les premiers échanges sino-africains remontent à bien longtemps dans l'histoire, la plupart des Africains ne connaissent la Chine qu'à travers les propos des médias, en raison de l'éloignement à la fois géographique et culturel. Néanmoins, certains médias occidentaux exagèrent ou déforment délibérément les faits, discréditant ainsi l'image de la Chine », a affirmé M. Feng.
La Chine s'est alors attaquée à ce problème. Elle a implanté plusieurs médias chinois en Afrique ou acheté des médias locaux pour combler le manque de reportages fidèles sur la Chine. Ces agences d'informations présentent la Chine aux habitants locaux en empruntant un style de communication adapté au public ciblé.
« Pour des raisons historiques, le continent africain a plus longtemps été influencé par les cultures occidentales que par la Chine, mais notre pays possède des avantages non négligeables. Dès les années 1950 et 1960, la Chine a encouragé les mouvements d'indépendance menés sur le continent africain. De nos jours, la Chine s'efforce toujours d'aider le peuple africain, notamment par le biais d'une multitude de projets d'assistance disséminés un peu partout sur le continent. À l'avenir, il conviendra de s'appuyer sur ces bases amicales pour promouvoir encore le développement partagé et pour affermir constamment l'amitié qui unit les deux peuples », a projeté M. Feng.
« Cette année, le premier ministre chinois, Li Keqiang, effectuera lui aussi une tournée en Afrique. L'essor futur de la Chine est indissociable de l'Afrique. La Chine joue un rôle de moteur pour l'économie africaine qu'aucun autre pays ne pourrait éclipser. Dans tous les domaines, les coopérations sino-africaines affichent un vaste potentiel. Nous espérons que celles-ci vont s'amplifier et triompher toujours plus grâce aux efforts des ONG », a conclu M. Feng.
LI YUAN
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