Le succès éclatant de la diplomatie économique chinoise en Afrique
L'Afrique constitue l'une des "pierres angulaires" de la diplomatie chinoise. A l'occasion de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang en Afrique, Yang Guang, directeur de l'Institut des études sur l'Afrique et l'Asie de l'Ouest de l'Académie chinoise des Sciences sociales (CASS), a déclaré lors d'une interview exclusive accordée à l'Agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle) que depuis l'établissement des relations diplomatiques sino-africaines il y a 50 ans, la "diplomatie économique" de la Chine, vis-à-vis de l'Afrique, a mené à des réalisations remarquables. Cette diplomatie économique, caractérisée par des bénéfices mutuels, répond non seulement aux intérêts de la Chine, mais offre également des avantages tangibles à l'Afrique.
Face à une situation internationale complexe et volatile, l'Afrique occupe une place de plus en plus importante dans la diplomatie chinoise. Lors de sa dernière visite en Afrique l'année dernière, le président chinois Xi Jinping a décrit la Chine et l'Afrique comme une "communauté de destin commun".
Auparavant, l'Afrique dépendait de l'aide et de l'investissement des pays occidentaux, ce qui rendait fragile l'économie du continent ; maintenant, l'Afrique est entrée dans une phase de développement rapide, et les pays émergents, tels que la Chine, coopèrent avec le continent africain. A présent, l'Afrique a de plus nombreux choix de partenaires potentiels. La Chine attache une grande importance à ses relations avec l'Afrique, ce qui oblige les pays occidentaux à prêter plus attention aux pays africains, créant ainsi un "engouement pour l'Afrique" à l'échelle internationale.
Lors de la visite du Premier ministre chinois en Afrique, les deux parties signeront près de 60 accords de coopération, principalement des accords commerciaux. Les pactes comprennent des accords intergouvernementaux, mais également des projets de coopération entre les institutions financières et les entreprises des deux pays. De ce point de vue, la diplomatie économique permettra de promouvoir davantage la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'Afrique. Comme la Chine dispose du financement et des avantages techniques alors que l'Afrique a besoin de l'aide économique et financière, la diplomatie économique entre les deux parties répond aux intérêts et demandes de chacun, a souligné M. Yang.
L'Afrique et la Chine ont des expériences communes, font face aux défis du développement, et s'entraident toujours mutuellement dans les affaires internationales. Au niveau économique, l'Afrique est le deuxième plus grand marché de projets contractuels de la Chine, et la quatrième plus grande destination des investissements chinois. Le volume commercial entre les deux parties s'est élevé de 10 milliards de dollars en 2000 à plus de 210 milliards de dollars en 2013.
Selon M. Yang, la diplomatie économique chinoise vis-à-vis de l'Afrique met l'accent sur l'expansion de la coopération plutôt que sur la concurrence. "La Chine a pratiquement achevé l'industrialisation et procède actuellement à la restructuration et la modernisation, tandis que l'Afrique vient d'entrer dans l'ère de l'industrialisation. Ce contexte exige donc que les deux parties coopèrent plutôt que d'agir en tant que concurrents", a-t-il expliqué.
D'un point de vue général, l'aide chinoise à l'Afrique se concentre sur cinq points : les accès à l'électricité, l'eau, le gaz, et routier et le nivellement de terrains. "Ces infrastructures sont nécessaires pour augmenter le niveau de vie des populations locales, et attirer davantage d'investissements pour le développement économique local", a-t-il précisé.
Selon lui, la Chine et l'Afrique s'attellent à renforcer la coopération dans quatre domaines clés.
Le premier est le commerce. Le volume du commerce entre l'Afrique et la Chine a atteint 210 milliards de dollars américains en 2013, et ce chiffre devrait augmenter en 2014 au vu de la coopération commerciale entre les deux parties.
Le second domaine est celui de la construction. Un tiers des projets de construction de la Chine à l'étranger sont réalisés en Afrique, et cette dernière, après l'Asie, est donc devenue le deuxième plus grand marché de maîtrise d'ouvrage à l'étranger de la Chine.
Les investissements directs sont également au coeur de la coopération entre les deux pays. Un total de 2.500 entreprises chinoises ont installé des filiales ou des usines en Afrique, et couvrent des domaines tels que la construction de routes, l'approvisionnement en eau potable, la fabrication de vêtements et des produits de première nécessité. Ces entreprises chinoises ont remarquablement contribué à l'amélioration du niveau de vie des peuples africains.
Enfin, le domaine de l'aide économique et financière. La Chine offre des aides considérables à l'Afrique. A l'heure actuelle, les aides chinoises couvrent les domaines traditionnels (l'assistance en cas de catastrophe, les assistances technique et médicale, et l'aide financière) et incluent l'annulation des dettes de 35 pays africains, la suppression des droits douaniers de 400 types de marchandises importées d'Afrique, et la mise en place de 6 zones de coopération économique et commerciale en Afrique. Ces mesures, qui réduisent le fardeau des pays africains, ont renforcé la capacité d'exportation de l'Afrique, créé un bon environnement d'investissements et établi une base solide pour le développement rapide de l'économie africaine.
La coopération sino-africaine est caractérisée par l'égalité et par les avantages mutuels. La Chine ne se présente pas comme un "pays donateur", mais comme un "partenaire économique". La diplomatie économique de la Chine vis-à-vis de l'Afrique englobe des mesures inspirées par les pays occidentaux, telles que, entre autres, le soutien technique et l'aide financière, et des mesures inspirées par des pratiques réussies en Chine, telles que la mise en place des zones de coopération économique et commerciale, similaires à celles installées à Shenzhen et à Shanghai, et l'annulation des droits de douane.
M. Yang Guang a estimé que la diplomatie économique de la Chine vis-à-vis de l'Afrique présente trois grandes tendances : la croissance rapide du commerce bilatéral, plus d'attention aux besoins de l'Afrique (en étendant par exemple la chaîne de valeur des ressources africaines), et davantage de responsabilité sociale.
En outre, "la visite du Premier ministre chinois en Afrique vise également à communiquer avec les pays africains pour réduire des 'litiges' dans certains domaines entre les deux parties", a indiqué M. Yang.
"Il est vrai que certains produits industriels chinois ont un impact négatif sur le marché local, mais il n'y en a pas beaucoup. Cependant, les produits fabriqués localement ne peuvent pas répondre aux besoins de la population, et les produits chinois bon marché peuvent grandement améliorer son niveau de vie. Egalement, les entreprises chinoises sont dotées de hautes technologies, ce qui aide les entreprises africaines à augmenter leur production et améliorer la qualité de leurs produits", a-t-il expliqué.
M. Yang a cité l'industrie automobile chinoise comme exemple. Auparavant, l'industrie automobile chinoise était sous-développée, et de nombreuses entreprises automobiles européennes et américaines ont installé leurs filiales en Chine. La Chine a appris de ses entreprises et utilisé leurs technologies pour améliorer sa propre capacité de production. Maintenant, le monde constate que l'industrie automobile chinoise est robuste, et la Chine devient le plus grand marché automobile du monde.
Comme le Japon, qui a su profiter du rajustement structurel des Etats-Unis, après la Seconde Guerre mondiale, pour réaliser un développement économique rapide, il est maintenant temps pour l'Afrique de s'appuyer sur la restructuration rapide de l'économie chinoise.
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