La visite du PM chinois en Afrique : faire de l'Afrique une "plateforme de coopération multilatérale"
Démarrée dimanche dernier, la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang dans quatre pays africains (Ethiopie, Nigeria, Angola et Kenya) "reflète une ferme volonté chinoise de faire de l'Afrique une plateforme de coopération multilatérale dans l'intérêt des deux parties", a commenté Hamadi Chouchène, analyste tunisien spécialisé dans la finance publique.
"Cheval de bataille pour bon nombre de pays africains et l'un des objectifs du millénaire pour le développement, l'éradication de la pauvreté figure parmi les premiers objectifs derrière la visite du Premier ministre chinois dans ce continent, surtout que ce fléau perd actuellement du terrain à 40% en Afrique", a dit M. Chouchène dans une interview accordée à Xinhua.
"Impressionné, je peux dire que depuis 2009, la Chine est désormais le premier partenaire commercial de l'Afrique avec des investissements directs aux alentours de 25 milliards USD (dollars américains), 2.500 entreprises installées sur le continent offrant plus de 100.000 emplois au niveau local, outre plus de 200 milliards USD d'échanges commerciaux", a dit M. Chouchène.
Ancien directeur général au ministère tunisien des Finances, M. Chouchène a indiqué que "ces chiffres-là viennent traduire l'intérêt que la Chine ne cesse d'accorder au développement de l'Afrique dans divers domaines économiques".
Toutefois, l'analyste tunisien a reconnu être "étonné" quant à une certaine "hésitation tunisienne à s'allier avec un pays sur le point de devenir la deuxième puissance industrielle et économique mondiale (...) et ce, malgré des relations bilatérales historiques entre les deux pays".
"Ma première lecture de la visite de M. Li en Afrique et de sa déclaration au siège de l'Union africaine à Addis Abeba montre bien une amélioration voire même un doublement des efforts consentis par l'administration chinoise vers le développement de l'Afrique", a poursuivi M. Chouchène.
Pour ne citer qu'un seul exemple, M. Chouchène a évoqué le volet financier faisant allusion à une série de nouveaux engagements décidé par la Chine et divulgués par M. Li lors de sa visite en Afrique. En effet, 10 milliards USD supplémentaires ont été débloqués pour ainsi porter la valeur des prêts accordés pour les pays africains à 30 milliards USD outre l'augmentation du fonds de développement Chine-Afrique de 2 à 5 milliards USD.
"Il s'agit là de deux indicateurs significatifs non seulement sur les efforts chinois en matière de développement de l'Afrique mais également sur la politique du gouvernement chinois orientée vers une plateforme multilatérale dans ce continent fondée sur la formation professionnelle, l'innovation, la technologie et surtout la mutualité", a argumenté M. Chouchène.
A ce niveau, a estimé l'expert tunisien, "les efforts déployés par la Chine sont assez loin d'être une certaine ingérence - comme énoncée dans certains commentaires médiatiques - du fait que le respect mutuel et de la coopération d'égal à égal figurent clairement parmi les principes onusiens".
S'arrêtant sur les domaines au niveau desquels le Premier ministre chinois a proposé d'élever la coopération avec l'Afrique, l'analyste tunisien a qualifié de "déterminantes" l'éradication de la pauvreté, l'interconnexion des capitales africaines, la promotion de l'infrastructure (trains à grande vitesse, en premier lieu).
"Ce qui manque remarquablement à l'Afrique", a ajouté M. Chouchène.
Ce dernier réalise que "cette visite du Premier ministre chinois dans quatre pays africains a porté indirectement un appel aux autres pays pour se rallier à cette coopération multilatérale Chine-Afrique".
"Personnellement j'appelle le gouvernement tunisien à prêcher dans cette voie et parier sur une nouvelle vision, une nouvelle visibilité qui rompt avec la coopération traditionnelle (bilatérale) et intégrer cette nouvelle approche de coopération multilatérale", a dit M. Chouchène.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a rappelé lors de son passage en Ethiopie que quelques 18.000 bourses gouvernementales sont mises à la dispositions des pays africains outre la formation de pas moins de 30.000 professionnels dans divers domaines.
Depuis cinq années d'affilée, la Chine trône en tête des partenaires commerciaux de l'Afrique. La Chine se veut aussi l'une des principales sources de nouveaux investissements sur ce continent avec un volume d'investissements directs de 25 milliards de dollars jusqu'à fin 2013.
Les dernières réactions Nombre total de réactions: 0 |
Sans commentaire.
|
Voir les commentaires |