Laurent Fabius en Chine pour promouvoir la coopération sino-française (REPORTAGE)

A l'invitation de son homologue chinois Wang Yi, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius effectue actuellement une visite en Chine, dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques Chine-France.

En moins d'un an, les échanges de haut niveau entre la Chine et la France se sont intensifiés : le président français François Hollande, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone se sont tous rendus en visite en Chine. A celles-ci s'ajoutent les prochaines visites en France du conseiller d'Etat chinois, Yang Jiechi, et surtout, du président chinois, Xi Jinping.

Vendredi à Beijing, lorsqu'il a reçu M. Fabius, le président Xi a déclaré qu'il attachait une grande importance aux liens sino-français et qu'il avait hâte de rencontrer son homologue français lors de sa visite en France prévue fin mars.

"J'attends beaucoup de cette visite. J'entends planifier ensemble, avec le président Hollande, les relations entre nos deux pays", a déclaré M. Xi, qui a salué la "grande sagesse" de Mao Zedong et du général de Gaulle qui avaient pris la "décision stratégique" d'établir des relations diplomatiques il y a 50 ans.

"Cinquante ans après, nous faisons le bilan et nous sommes partis pour un nouvel élan [...] Votre visite sera un grand succès", a répondu M. Fabius, qui a également été reçu par son homologue chinois Wang Yi.

Cette année, la Chine et la France organisent une série de célébrations pour marquer le 50e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques, et les préparatifs pour les visites réciproques sont en cours, selon M. Wang.

UNE COOPERATION FRUCTUEUSE

Le 27 janvier 1964, Mao Zedong et Charles de Gaulle décidèrent de nouer des relations diplomatiques entre les deux nations, ce qui fit de la France la première puissance occidentale à établir de telles relations avec Bejing, bousculant l'échiquier géopolitique mondial, et ce en pleine guerre froide.

Cinquante ans plus tard, les relations bilatérales ont été promues au niveau de partenariat stratégique global, et le volume du commerce bilatéral s'est élevé à 50 milliards de dollars américains en 2013, contre 100 millions de dollars américains en 1964.

Notons qu'à la veille de l'arrivée en Chine de M. Fabius, le premier constructeur automobile français PSA a annoncé l'entrée dans son capital de son partenaire chinois Dongfeng Motor Group, qui détiendra désormais 14% du capital du groupe français.

Déjà fin 2013, avant la visite en Chine de M. Ayrault, Dongfeng avait annoncé avoir reçu le feu vert pour constituer avec un autre constructeur automobile français, Renault, une coentreprise produisant des véhicules et des moteurs à usages multiples.

Force est de constater qu'au cours de l'année passée, les deux pays ont renforcé la coopération en aéronautique et en nucléaire, ainsi que dans les secteurs tels que la protection de l'environnement, l'urbanisation et la sécurité alimentaire.

UNE NOUVELLE OCCASION DE RENFORCER LES RELATIONS

"Les conditions favorables se multiplient. Le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques pourrait être une occasion de hisser les relations sino-françaises à une nouvelle hauteur", a déclaré Qu Xing, directeur de l'Institut de recherche sur les affaires internationales de Chine.

Dans les cinq ans à venir, la Chine envisage d'importer 1.000 milliards de yuans (environ 164 milliards de dollars américains) de produits étrangers et de réaliser 500 milliards de yuans (environ 82 milliards de dollars américains) d'investissements à l'étranger, ce qui permettra aux entreprises françaises de tenter leur chance, a-t-il noté.

Par ailleurs, sur le plan international, la Chine et la France partagent quatre principaux intérêts communs et stratégiques, à savoir la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire, le maintien de la paix mondiale et la sécurité de la navigation internationale, et pourront renforcer la coopération dans ces domaines, a indiqué M. Qu.

Il y a cinquante ans, la France, courageuse et visionnaire, a joué un rôle pionnier dans les relations entre la Chine et l'Occident, et elle devrait maintenant jouer un rôle de premier plan dans la promotion d'une politique positif à l'égard de la Chine au sein de l'UE, du fait que les relations Chine-UE resteront au cœur des relations sino-françaises, a-t-il conclu.