La visite du PM japonais au sanctuaire Yasukuni attise les tensions dans la région (Commentaire)

La visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni jeudi main constitue une grave provocation qui risque d'attiser les tensions dans la région.

Cette visite, qui a eu lieu le jour du premier anniversaire de son investiture en tant que Premier ministre japonais, est également la première d'un Premier ministre japonais en exercice depuis que le prédécesseur de M. Abe, Junichiro Koizumi s'est rendu au sanctuaire en 2006.

En visitant ce lieu hautement controversé alors que le contexte régional est tendu, M. Abe a fait un choix délibéré dont il connaît parfaitement les répercussions.

Cette visite n'est pas une occasion de s'engager contre la guerre, comme M. Abe a pu l'affirmer, mais constitue bel et bien une provocation calculée pour attiser les tensions .

EIle blessera profondément les sentiments des survivants et des familles des victimes des crimes de guerre du Japon, faisant remonter à la surface de douloureux cauchemars dans les pays qui ont été occupés par le Japon .

En visitant le sanctuaire qui honore les criminels de guerre japonais, M. Abe défie publiquement l'ordre mondial d'après-guerre en épousant la dangereuse tradition militariste de l'archipel.

La visite représente pour M. Abe le point culminant d'une année de politique nationaliste d'extrême droite.

Au cours des douze derniers mois, le Japon, pour la première fois depuis onze ans, a augmenté son budget militaire .

Ce mois-ci, Tokyo a également approuvé une nouvelle stratégie de sécurité nationale et un ensemble de politiques de défense menées par M. Abe pour développer sa puissance militaire .

Dans le cadre de sa stratégie sécuritaire, le Japon s'est engagé à chercher à attribuer des rôles plus "proactifs" à ses forces militaires à l'étranger et à établir de nouvelles lignes directrices sur les exportations d'armes, signalant un changement majeur de direction par rapport à sa politique précédente, plus restrictive.

Le Japon a également dévoilé à l'occasion du 68e anniversaire du bombardement atomique américain en août son soi-disant "destroyer" Izumo, qui ressemble davantage à un porte-avions avec ses 248 mètres de longueur pour un poids de 19.500 tonnes.

Malgré les difficultés économiques du Japon, une part considérable des dépenses publiques a été ou sera investie dans la construction de la force militaire au lieu de servir à combattre 15 années consécutives de déflation.

Par ailleurs, l'administration Abe a également saisi toutes les occasions pour raconter sans aucun remords une version révisionniste de l'histoire de la guerre du Japon .

En avril, M. Abe avait en effet déclaré que la définition du terme "agression" était floue, dans l'optique de justifier l'invasion du Japon des pays voisins pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ces actions et ces remarques bellicistes et irresponsables visant à se dédouaner le Japon de ses crimes de guerre ne peuvent que nuire aux relations qu'entretient l'archipel avec ces voisins.

La droite japonaisse, qui n'a jamais complètement compris comment faire face aux atrocités commises lors de son passé militariste, est en train d'entraîner le pays sur une pente glissante qui encore une fois ne mène nulle part. Fi