L'Union européenne et la Chine doivent renforcer leur compréhension mutuelle et la coopération (Jean-Pierre Raffarin)

Le XXI^ème siècle est un siècle avec un monde multipolaire dans lequel l'Europe, l'Amérique, l'Afrique, l'Asie, l'ensemble des grands pôles, trouvent un équilibre entre eux. Aujourd'hui il faut apprendre à mieux connaître la Chine, travailler avec la Chine comme la Chine travaille avec l'Europe, a indiqué Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, dans une interview exclusive accordée vendredi à Paris à l'Agence Xinhua.

"Nous, les Européens, nous devons faire des efforts pour notre union économique et politique mais aussi faire en sorte qu'un équilibre et une réciprocité puissent s'établir entre les différents pôles", a-t-il indiqué. Selon lui, la Chine est utile au monde, c'est un facteur de croissance, c'est le moteur de l'économie mondiale, mais c'est aussi un facteur de stabilité parce que la Chine ne s'est jamais montrée impérialiste, elle n'a jamais cherché à dominer, elle défend ses intérêts comme tout pays défend ses propres intérêts.

"Ce qui est pour nous l'essentiel, pour les années qui viennent, c'est de trouver les équilibres de l'harmonie future. Ces équilibres passent par le 'gagnant-gagnant' en chinois ou en français 'la réciprocité'", a indiqué M. Raffarin, qui est également vice-président du Sénat.

Il a affirmé qu'il venait d'effectuer une visite en Chine, à la tête de deux délégations, à savoir la délégation de jeunes parlementaires français, et un groupe d'une trentaine d'entreprises françaises participant à l'inauguration de la 14e Foire internationale de l'ouest de la Chine (FIOC) à Chengdu, capitale de la province du Sichuan (sud-ouest).

Lors de cette visite, le vice-Premier ministre chinois Wang Yang et le Conseiller d'Etat Yang Jiechi ont eu des rencontres séparées avec lui, a affirmé M. Raffarin.

"Ce que je peux dire en conclusion de ce voyage c'est que les relations entre la Chine et la France sont 'très bonnes'", a fait remarquer M. Raffarin avant d'indiquer que "nous avons de beaux projets de coopération. Nous avons par exemple salué dans la fête l'inauguration du grand Magasin des Galeries Lafayette à Pékin".

Selon lui, il y a une bonne coopération et un bon climat entre la France et la Chine. Les entreprises aujourd'hui ont également de grands projets d'investissement : entreprises françaises en Chine et entreprises chinoises en France, a ajouté l'ancien Premier ministre français.

"J'ai eu une très belle nouvelle en Chine : les autorités chinoises ont invité la France à être l'invité d'honneur de la Foire de l'Ouest en octobre 2014 pour faire un grand rassemblement des PME dans le cadre du 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. Cet anniversaire va faire l'objet de nombreuses cérémonies politiques", a-t-il ajouté.

Il a révélé à cette occasion la prochaine visite du président chinois Xi Jinping au printemps 2014 en France après la visite du président François Hollande au printemps dernier à Pékin et à Shanghai.

"Il y aura des rendez-vous politiques, des rendez-vous culturels avec de multiples propositions d'expositions dont une exposition très intéressante qui sera le dialogue entre le thé et le vin qui sont des manifestations culturelles qui correspondent bien à nos deux civilisations. Et puis naturellement des rendez-vous économiques, et dans le cadre de la grande Foire de l'Ouest en octobre 2014 à Chengdu, un rassemblement de plusieurs centaines de PME françaises et chinoises pour ancrer notre coopération dans le concret de la vie économique et sociale", a précisé M. Raffarin.

Le Douzième Plan Quinquennal de la Chine sur le développement économique propose des réformes pour une croissance meilleure : une croissance plus juste, moins polluante, et plus inclusive. La croissance c'est le moyen de donner aujourd'hui de la stabilité politique à condition que la croissance soit plus inclusive et non pas exclusive. "C'est pour cela que je pense que les objectifs du Douzième Plan Quinquennal d'une croissance inclusive s'inscrivent dans une perspective de stabilité sociale en Chine", a-t-il estimé.

"J'ai retenu qu'il y avait une vraie stratégie de développement de l'Ouest de la Chine et je pense que c'est très important pour nous de bien mesurer que la Chine ne se résume pas à Tianjin, Beijing, Shanghai ou Shenzhen mais qu'il y a aussi le Sichuan, toutes les régions de l'Ouest et notamment Chengdu, donc qu'il y a une vision globale du développement en Chine qui est très importante".

"J'ai aussi vu, et cela m'a fait plaisir, que les relations entre la France et la Chine étaient des relations constructives avec beaucoup de projets. Et puis j'ai vu aussi qu'il y avait beaucoup d'étudiants et cela c'est l'avenir. Beaucoup d'étudiants chinois veulent venir en France, des étudiants français veulent venir étudier en Chine. Je pense qu'il faut aider les jeunes à mieux connaître nos civilisations respectives en perpétuel mouvement, pour que la jeunesse se comprenne mieux et ait envie de bâtir l'avenir ensemble", a conclu Jean-Pierre Raffarin.