L'annulation de la tournée d'Obama en Asie suscite des questions quant à sa stratégie de "pivot" en Asie (ANALYSE)

L'annulation soudaine de la tournée en Asie du président américain Barack Obama a été une réelle surprise pour les leaders de la région, et a suscité des questions, notamment est-ce que l'Asie n'est plus l'une des priorités de la politique étrangère des Etats-Unis?

Les avis des experts divergent: certains estiment que l'intérêt de la Maison Blanche pour l'Asie est en déclin, d'autres considèrent que l'administration Obama reste fermement engagée.

La Maison Blanche a annoncé tard jeudi que M. Obama annulerait son voyage en Asie afin de résoudre la crise du Congrès ayant provoqué le "shutdown" partiel du gouvernement.

La tournée en Asie du président américain aurait dû commencer ce week-end, et M. Obama devait participer à deux importants sommets régionaux - le Sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique en Indonésie et le Sommet de l'Asie orientale à Brunei.

Quelques analystes ont noté que lors de son récent discours à l'ONU, M. Obama a précisé que l'engagement américain envers le Moyen-Orient continuerait, incitant donc la question de savoir si son administration continuerait ou non de considér l'Asie comme l'une des priorités de sa politique étrangère.

"Je pense que cela est maintenant en réelle difficulté", a indiqué Kenneth Lieberthal, agrégé supérieur de l'Institution Brookings,faisant référence à la stratégie de "pivot vers l'Asie" de M. Obama, lors d'un séminaire à la Fondation Carnegie pour la paix internationale (Carnegie Endowment for International peace).

En effet, plusieurs analystes estiment que M. Obama est en train de perdre sa crédibilité en Asie, à cause d'une part de la stratégie concernant la crise en Syrie que certains considèrent comme étant "mal pensée", et d'autre de l'incapacité du président à régler le dysfonctionnement du Congrès.

Selon des analystes, cela a de réelles conséquences en Asie, comme le Congrès américain doit ratifier la plupart des accords commerciaux avec les pays étrangers, y compris le Partenariat Trans-Pacifique attendu depuis longtemps.

David Lampton, directeur du centre des Etudes chinoises à la School of Advanced International Studies de la John Hopkins University, a expliqué à Xinhua que M. Obama est assailli par une série de problèmes à la fois - de l'économie américaine chancelante en passant par la crise en Syrie et l'importante dette américaine - et il est donc difficile de mener ses projets en Asie.

Cependant, d'autres prétendent que les Etats-Unis demeurent engagés envers l'Asie.

"Il est évident que d'autres problèmes sont intervenus dans l'agenda politique américain - les question de la Syrie, de l'Iran et de la Palestine - (...) Mais les Etats-Unis peuvent mettre en oeuvre des politiques efficaces dans plusieurs régions du monde en même temps. L'engagement du président Obama envers l'Asie-Pacifique est ferme", a indiqué à Xinhua Bonnie Glaser, agrégée supérieure de "Freeman Chair in China Studies" au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS).

"Pour tous les pays, les crises internes doivent être résolues avant que les leaders puissent pleinement prêter attention aux problèmes externes. Je suis persuadée que cette crise est de courte durée", a-t-elle annoncé concernant l'actuelle impasse du Congrès.

"Le problème sera résolu et le président se rendra en Asie", a-t-elle ajouté.

Parallèlement, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a effectué une tournée en Asie, durant laquelle les Etats-Unis et le Japon ont convenu de renforcer la coopération en matière de défense. Egalement, le secrétaire d'Etat américain John Kerry participera à des réunions multilatérales en Asie, a-t-elle noté.