Les tarifs douaniers imposés par l'UE sur les panneaux solaires chinois sont une mesure perdant-perdant

La décision de la Commission européenne d'imposer des droits antidumping provisoires sur les produits photovoltaïques chinois va créer une situation perdant-perdant.

Cette mesure protectionniste fera face à un rejet par les Etats membres de l'Union européenne (UE) d'ici quelques mois, ou entraînera l'Europe dans son ensemble dans une tourmente économique, voire même dans une guerre commerciale.

Le commissaire européen au commerce Karel De Gucht est un fervent partisan des droits de douane punitifs.

Il a poursuivi son idée en dépit de l'opposition et des avertissements de la part de 18 Etats membres de l'UE, de plusieurs centaines d'entreprises européennes du secteur des panneaux solaires, de 15 associations européennes photovoltaïques, de diverses associations professionnelles ainsi que d'experts de l'industrie.

M. De Gucht doit réajuster les résultats de son enquête sur les produits photovoltaïques chinois de manière draconienne. Le plan tarifaire, qui a été proposé jusqu'à 67,9%, n'est pas un moteur pour la relance de la crise économique européenne.

Des droits de douane supplémentaires de 20% pourraient coûter à l'économie européenne jusqu'à 175.500 emplois et 18,4 milliards d'euros de valeur ajoutée au cours des trois prochaines années, selon Prognos, un institut de recherche indépendant.

Ils pourraient également nuire à la coopération commerciale Chine-UE puisque les produits photovoltaïques représentaient 7% dans toutes les exportations chinoises vers le bloc européen en 2011.

Etant donné que les panneaux solaires chinois occupent environ 80% du marché européen, les droits punitifs, avec la flambée des subventions des combustibles fossiles, seront préjudiciables à l'UE face à ses engagements pour le changement climatique et la société européenne.

Bien que les droits provisoires soient moins élevés que prévu durant les deux premiers mois, il est difficile de trouver une solution dans un délai aussi court, compte tenu de l'évolution actuelle du marché qui ne laisse aucune place à la hausse de prix.

Si l'UE et la Chine ne trouvent aucun accord avant le 6 août, les droits douaniers provisoires, qui passeront à 47,6%, pourraient causer de graves dommages sur la chaîne de valeur de l'industrie photovoltaïques européenne.

En décembre prochain, la Commission européenne devra obtenir le soutien des Etats membres pour prolonger les devoirs douaniers. L'organe exécutif de l'UE est capable de faire face à une pression croissante et à un rejet embarrassant.

Il est normal que des frictions apparaissent dans le commerce Chine-UE, au vu du grand volume des échanges commerciaux entre les deux parties, mais ces frictions devraient être résolues par le biais des consultations et du dialogue.

Depuis l'avancement de la proposition sur les droits douaniers punitifs par la Commission européenne en mai, la Chine a fait preuve de calme et de maîtrise, tout en ayant la volonté de trouver une solution raisonnable et acceptable pour les deux parties.

Lundi soir, le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé l'UE à résoudre le différend par le dialogue et les consultations, notant que si cette affaire n'est pas correctement traitée, elle nuirait à la fois aux intérêts de la Chine et de l'UE.

La Commission européenne devrait éviter d'avoir recours au protectionnisme commercial, et de vrait adopter une approche stratégique sur le long terme pour assurer le développement global des relations commerciales Chine-UE.

La Chine s'oppose fermement au protectionnisme commercial et à l'abus de mesures commerciales correctives. Il n'y aurait pas de gagnants dans une guerre commerciale.