La Chine est l'un des pays les plus
sévèrement affectés par la désertification. Plus de 2,67 millions
de km² de terres ont été désertifiées, soit 27,9 % de la superficie
globale du territoire du pays et équivalant à 4,8 fois la
superficie de la France.
Pour sensibiliser l'humanité à
redoubler de vigilance à l'égard de la désertification, l'ONU a
fixé en 1994 le 17 juin comme « Journée mondiale de la lutte contre
la désertification et la sécheresse », qui a été appliquée dès
1995. Pourtant, la désertification reste une grave menace pour
l'humanité.
Le 23 février 2005, le « Programme
national de prévention et de contrôle de la désertification
(2005-2010) » a été adopté lors de la 81e réunion régulière du
Conseil de affaires d'État. Selon le programme, la Chine tâche
d'aménager 13 millions d'ha de terres désertifiées avant 2010 et de
protéger, au moyen de l'interdiction d'accès, 3,72 millions
d'hectares. Cela permettra de réprimer efficacement la tendance à
la désertification et d'améliorer l'écologie de la zone
désertifiée.
Actuellement en Chine, 79,1 % des
régions sèches, mi-sèches et légèrement humides ont été érodées par
la désertification (la moyenne du monde est de 69 %). Les terres
désertifiées se concentrent principalement dans 18 provinces,
régions autonomes et municipalités relevant de l'autorité centrale
dans le nord de la Chine. Le tiers de la population est touchée par
la désertification, et les pertes économiques directes ont atteint
6,5 milliards de USD. La désertification a gravement influencé ou
endommagé des installations de télécommunication, des ouvrages de
protection des sources d'eau, des bases minières, des installations
de défense nationale et l'environnement urbain et menacé le
développement de l'industrie. Elle a aggravé surtout la pauvreté
dans les régions rurales. Un sixième des districts sous-développés
et un quart des paysans en sont victimes.
Selon Wang Tao, expert en
désertification de la terre, la désertification en Chine a tendance
à l'accélération graduelle. « À la fin de 2000, la superficie des
terres désertifiées dans le nord du pays a atteint 380 000 km². Une
si vaste étendue de terres désertifiées constitue une menace pour
la sécurité écologique du pays », dit-il.
Selon le Bureau d'État des forêts,
dans les dix années à venir, la désertification en Chine sera
maintenue à 2 460 km² par an.
« La région autonome de Mongolie
intérieure se trouve confrontée à une menace sévère de
désertification, le plus grave problème écologique de la région. La
superficie des terres désertifiées et potentiellement désertifiées
a atteint 42 millions d'ha, soit 35,57 % de la superficie totale de
la région », dit Lei Erdeni, vice-président de la région
autonome.
La ligue d'Alxa est l'une des zones
les plus gravement désertifiées dans la région autonome de Mongolie
intérieure. Sa superficie désertifiée a atteint 223 900 km², 82,9 %
de la superficie totale de la ligue. La désertification s'étend à
une vitesse de 1 000 km² par an et la végétation de toute la ligue
a perdu quasi complètement sa fonction protectrice de la surface du
sol.
La région d'Alxa est la plus grande
source des tempêtes de sable en Chine. Selon des documents, pendant
2 154 ans avant la Libération du pays en 1949, une tempête de sable
se produisait à Alxa tous les 30 ans ; de 1950 à 1990, tous les
deux ans ; de 1991 à 1999, cinq ou six fois par an, dont des
tempêtes extraordinaires en 1993, 1994 et 1998 ; en 2000, vingt
fois ; et en 2001, vingt-sept fois.
On peut voir la gravité de la
désertification en Chine dans le tableau suivant :
Année
Nombre de tempêtes de sable
1950-1959 5
1960-1969
8
1970-1979
13
1980-1989
14
1990-1999
23
2000
14
2001
26
2002
16
2003
11
Selon les prévisions du Bureau de
météorologie de Chine, de 2000 à 2009, la Chine connaîtrait une
centaine de tempêtes de sable.
Effort et
résultat
Déjà pendant les années 1950, le
gouvernement chinois a organisé la culture d'herbes et la
plantation d'arbres pour dompter la désertification. Depuis 1978,
la Chine a pris une série de mesures pour protéger l'environnement
écologique et lutter contre la désertification, grâce auxquelles
plus de cent méthodes et techniques de prévention et de contrôle de
la désertification ont été généralisées dans le pays et couronnées
de succès. L'environnement écologique s'est amélioré, les arbres et
les herbes ont verdi beaucoup d'endroits, des cultures céréalières
ont bien produit l'élevage a prospéré.
La Chine a élaboré et publié une
vingtaine de lois et règlements concernant la protection de
l'environnement, auxquels s'ajoutent ceux des localités, formant un
système de protection juridique. Le 31 août 2001, le Comité
permanent de l'Assemblée populaire nationale a adopté la « Loi de
la République populaire de Chine sur la prévention et le contrôle
de la désertification », qui est entrée en vigueur le 1er janvier
2002. Il s'agit de la première loi du genre de la Chine et même du
monde.
Selon la Loi, sous la direction du
Conseil des affaires d'État, le Bureau d'État des forêts est
responsable de la prévention et du contrôle de la désertification
de concert avec les départements concernés.
En outre, la lutte contre la
désertification a été inclue dans le plan national de développement
économique et social. Cela signifie que la protection de
l'environnement se développe simultanément avec le renouveau de
l'économie.
Depuis la première « Journée
mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse »,
la Chine a mené une campagne à Beijing et dans d'autres grandes
villes en vue d'élever la connaissance et la conscience des
habitants quant à la prévention et au contrôle de la
désertification, et obtenu des résultats heureux.
Les efforts conjugués du
gouvernement et du peuple ont été couronnés d'énormes succès. Selon
les données du Centre national d'observation environnementale, de
janvier au 18 avril 2005, Alxa a connu six tempêtes de sable, soit
moins que la moyenne des six dernières années et loin des onze
tempêtes de la même période en 2004. De plus, leur intensité et
leur sphère étaient inférieures à celles de 2004.
Selon les statistiques du Bureau
municipal des forêts de Beijing, pendant les cinq dernières années,
la ville a réduit de 1 613 ha ses terres désertifiées. Un
responsable du département concerné a déclaré que Beijing
investirait cette année 234,13 millions de yuans dans la lutte
contre la désertification et tâcherait de résoudre radicalement le
problème dans la région de Beijing.
En Mongolie intérieure, la
superficie forestière et herbeuse s'est grandement accrue et
l'environnement écologique dans les principales zones aménagées
s'est considérablement amélioré. À l'heure actuelle, on a aménagé
130 000 km² de terres désertifiées, le taux de couverture
forestière s'est élevé de 14,82 % il y a six ans à 17,5 %, 66 700
km² de champs agricoles et de pâturages sont protégés par des
rideaux d'arbres et 150 000 km² menacés par le vent et le sable
ainsi que la perte de sol et d'eau ont été aménagées
préliminairement.
Selon l'observation par satellite,
dans les 200 000 ha de déserts révisés autrefois au Ningxia, le
taux de couverture de la végétation a atteint en 2004 50 % et la
superficie aménagée a augmenté de plus de 30 %, atteignant la norme
écologique définie par l'État.
Actuellement, le Centre
d'observation scientifique du vent et du sable, le plus grand du
monde, est en construction au Ningxia. S'étendant sur deux km², le
centre comprend trois zones d'observation du vent et des tempêtes
de sable, où l'on procédera à la recherche sur la dynamique entre
les sources de vent et les tempêtes de sable, et deux zones
d'expérimentation où l'on procédera à l'étude de la destruction des
ouvrages de prévention des sables et de l'environnement
anti-sable.
« On installe maintenant
l'équipement. Le centre entrera en service à la fin de l'année »,
dit Dong Zhibao, directeur adjoint du Laboratoire des déserts et de
la désertification de l'Académie des sciences de Chine.
Sciences
appliquées
« Dans le passé, on n'a mis l'accent
que sur le reboisement et sur la culture d'herbes. Bien qu'on ait
obtenu certains succès, cela ne convient pas à toutes les
conditions », dit Wei Jiangchun, académicien de l'Académie des
sciences de Chine.
Wei estime que c'est une fausse
méthode. « La plantation dans les conditions sèches a un très bas
taux de réussite et a même causé l'échec de beaucoup de projets de
reboisement », dit-il.
Une récente découverte montre que la
peau biologique formée par des microbes peut fixer efficacement les
sables. Elle est appelée « tapis biologique » par les
scientifiques.
« Ce tapis biologique a frayé une
nouvelle voie de contrôle de la désertification, à bas coût de
revient et à haute efficacité », dit Zhang Yuanming, docteur de
l'Institut d'écologie et de géographie du Xinjiang relevant de
l'Académie des sciences de Chine.
D'après lui, le « tapis biologique »
est évidemment différent du sol spongieux. Certains tapis
biologiques adhérant au sol ont empêché efficacement l'érosion de
la surface du sol par le vent et l'eau ; et certains autres ont
joué un rôle dans la fixation de l'azote atmosphérique, créant des
conditions favorables pour l'existence des plantes. D'ailleurs, le
tapis biologique résiste à la sécheresse exceptionnelle, à la haute
température (jusqu'à 70ºC) et à un taux de pH élevé, ce qui permet
non seulement d'améliorer l'environnement écologique, mais
également de réduire grandement le coût de revient de la fixation
du sable.
« Le tapis biologique peut être
formé artificiellement. Cette méthode doit être généralisée dans
toutes les régions menacées par la désertification. Je crois que le
problème de désertification pourra être résolu tôt ou tard », dit
l'académicien Wei Jiangchun.
Actuellement, l'Académie des
sciences de Chine projette de démarrer le projet de lutte contre la
désertification par le « tapis biologique ». Ce sera la méthode
principale et la plus efficace contre la désertification en
Chine.
Coopération
internationale
Depuis son approbation de la «
Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
», le gouvernement chinois a renforcé ses échanges et sa
coopération internationaux. Il a introduit activement des capitaux,
techniques et expériences avancées de l'étranger pour accélérer la
lutte.
Le gouvernement chinois a signé une
série d'accords bilatéraux sur la lutte contre la désertification
et les domaines pertinents avec des pays développés dont
l'Allemagne, le Japon, les Pays-Bas et la République de Corée. Ces
pays ont joué un rôle important dans la lutte contre la
désertification en Chine. Par exemple, l'Allemagne a financé une
vingtaine de projets de forêts écologiques dans le nord du Shanxi,
les projets de forêts écologiques du mont Helan au Ningxia et les
projets d'afforestation au Hebei, dans le district de Yan'an au
Shaanxi, à Chifeng en Mongolie intérieure et à Chaoyang au
Liaoning.
Ces dernières années, la Chine a
renforcé la coopération avec la Mongolie dans la lutte contre la
désertification. Le ministre de l'Environnement naturel de Mongolie
estime que la coopération entre la Mongolie et la Chine dans le
domaine de la lutte contre la désertification devait être renforcée
davantage. « Des deux côtés de la frontière sino-mongole de 4 600
km, des déserts se voient partout. Les deux pays sont menacés par
les tempêtes de sable. Il nous faut donc conjuguer nos efforts pour
lutter contre elles », dit-il.
Proches voisins de la Chine, la
République de Corée et le Japon attachent aussi une grande
importance à la coopération dans la lutte contre la
désertification. Au cours du colloque sur « Le développement
économique et la protection de l'environnement », qui a eu lieu en
mai dernier à Beijing, le ministre de l'Environnement du Japon a
dit que son pays s'efforçait d'aider la Chine à résoudre le
problème de désertification, estimant que la solution de ce
problème en Chine contribuera à l'amélioration de l'environnement
planétaire.
Des gouvernements locaux de Chine
ont aussi signé des projets de coopération avec certains pays,
entre autres la coopération avec Israël concernant la recherche sur
les techniques d'aménagement synthétique et le développement, avec
l'Allemagne sur l'érosion éolienne du plateau Qinghai-Tibet, avec
l'UE sur l'influence des changements climatiques sur le système
écologique des cultures céréalières et les sources d'eau dans la
zone sèche, et avec le Japon sur la lutte contre la
désertification.
L'Académie des sciences de Chine a
lancé un « plan international de recherche sur les tempêtes de
sable » pour fournir une plate-forme de travail et placer des bases
scientifiques à la prévention et au contrôle des tempêtes de sable.
Il s'agit du premier plan international de recherche scientifique
dans le domaine de la géographie lancé par les Chinois. Les experts
ont confiance : le problème de la désertification pourra
certainement se résoudre.
Beijing Information 2005/08/01
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