Guan Shanyue : un souffle de réalisme dans la peinture traditionnelle chinoise
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-01-2015
Les Fleurs de prunier sous la neige. (PHOTO FOURNIE PAR CHINA GUARDIAN)
LU RUCAI, membre de la rédaction
Lors de la séance de ventes automnales organisée en novembre 2014 par la maison China Guardian, l'œuvre Exercices de bon matin du peintre Guan Shanyue (1912-2000) a été adjugée pour 20,125 millions de yuans.
Peinte sur papier en 1975 au format 69 × 131,5 cm, Exercices de bon matin représente le décor qu'avait vu le peintre alors qu'il voyageait à Maoming et à Zhanjiang, villes du Guangdong. Maoming était alors un important centre de l'industrie pétrochimique dans le Sud de la Chine. Cette caractéristique retenait l'attention de tout le pays, à l'heure où la construction socialiste battait son plein.
Le rouge domine sur cette composition très vivante, fidèle à la vue que l'on peut contempler tous les matins par la fenêtre. Au loin, le soleil se lève ; les lueurs de celui-ci se reflètent sur la mer ; un paquebot vient de quitter le port... Au premier plan, des flamboyants en fleurs. Le flamboyant est une variété d'arbre représentative du Guangdong. Pour les habitants locaux, sa floraison rouge est un symbole d'énergie et de prospérité. Ainsi, de par leur teinte rouge et leur symbolique, ces fleurs de flamboyants étaient une allégorie du socialisme en plein essor en Chine.
Guan Shanyue naquit dans le district de Yangjiang (actuelle ville de Yangjiang), situé dans le Guangdong. Dans sa jeunesse, il étudia à l'École normale de la ville de Guangzhou et entre-temps, apprit la peinture en autodidacte. Par la suite, son talent fut reconnu par le maître Gao Jianfu, l'un des principaux fondateurs de l'école Lingnan (Lingnan désignant la région chinoise au sud des monts Wuling), de sorte que Guan Shanyue devint son élève. En 1939, son œuvre Malheur des pêcheurs fut présentée lors d'une exposition des beaux-arts chinois tenue en URSS. Les années suivantes, en plus d'organiser des expositions dans divers lieux dont Hong Kong, il voyagea au travers de provinces comme le Guizhou, le Yunnan, le Sichuan, le Qinghai et le Gansu pour peindre sur le vif. Par ailleurs, il imita minutieusement les fresques dans les grottes de Mogao à Dunhuang et en étudia l'art traditionnel unique. Cette expérience lui donna de solides bases pour poursuivre sa création artistique.
En 1947, Guan Shanyue tint des expositions personnelles en Thaïlande, en Malaisie et à Singapour, lesquelles reçurent un accueil chaleureux de la part des ressortissants chinois locaux. Suite à quoi il publia Album de peintures retraçant les voyages de Guan Shanyue.
Après 1949, il devint successivement enseignant à l'École spécialisée en beaux-arts Zhongnan, professeur à l'Institut des beaux-arts de Guangzhou, vice-président de l'Association des artistes de Chine, et enfin membre de la Fédération des hommes de lettres et des artistes de Chine. Il visita, entre autres, la Pologne, la France, la Suisse, et organisa des expositions à l'étranger, notamment au Japon et en Australie.
Pour ce qui est de son art, il insistait sur les initiatives réformatrices de l'école Lingnan et cherchait toujours, par le biais de ses peintures, à faire ressortir la modernité et la vie de tous les jours. Ainsi, ses œuvres s'inscrivent dans un courant réaliste et rappellent des scènes du quotidien. Ses peintures de paysages et celles de fleurs et d'oiseaux incarnent en outre un sens social et une certaine mentalité, renforçant le pouvoir d'expression des peintures traditionnelles chinoises dans la nouvelle ère.
Guan Shanyue se spécialisa dans les peintures de paysages et donna naissance à des œuvres représentant souvent un décor majestueux avec une idée noble. Il a produit plusieurs albums : Album de peintures de Guan Shanyue, Peintures sur le vif de Guan Shanyue et de Fu Baoshi dans le Nord-Est, Œuvres choisies de Guan Shanyue, etc. Ses chefs-d'œuvre incluent Nouvelle Autoroute, La Grande Muraille verte, Idylle au mont Tianshan et Éloge du long fleuve, ou encore Quels charmes captivants dans tout ce pays en coopération avec le peintre Fu Baoshi.
D'un format 9 × 6,5 m, Quels charmes captivants dans tout ce pays, peint par Guan Shanyue et Fu Baoshi en 1959 et exposé au Grand Palais du Peuple qui venait d'être achevé, est aujourd'hui encore accroché dans la salle principale de ce bâtiment. Sur cette peinture, se trouvent au premier plan des montagnes verdoyantes et les eaux limpides du cours sud du fleuve Yangtsé ; au second plan, des paysages hivernaux du Nord du pays. Entre les deux sont représentés la plaine reliant le Sud et le Nord de la Chine, ainsi que le Yangtsé et le fleuve Jaune, traversant tout le tableau. À l'est, un soleil rougeoyant se lève, éclairant la terre. L'intégralité de cette scène grandiose suggère la puissance du pays et la beauté de ses paysages. C'est le président Mao Zedong qui inscrivit personnellement le titre de cette œuvre : Quels charmes captivants dans tout ce pays.
Outre les peintures des paysages, Guan Shanyue est passé maître dans la représentation des fleurs de prunier. Sous son pinceau, les fleurs de prunier sont élégantes et pleines de vigueur. Son talent à cet égard est lié à son enfance. Son père aimait cultiver les pruniers et les peindre, un souvenir de sa vie d'enfant qui le marqua profondément. Après la fondation de la Chine nouvelle, il s'inspira du poème de Mao Zedong, Ode aux Meihua (fleurs de prunier), et créa plusieurs œuvres reprenant ce thème. Il représenta alors ces fleurs sous tous leurs aspects. En 1996, il composa Fleurs de prunier sous la Lune dans une nuit neigeuse, l'un de ses derniers travaux qu'il dédia à la mémoire de sa femme. Ses fleurs de prunier, qu'elles soient de couleur noire ou rouge, reflètent toutes la ténacité et le courage propres à la nation chinoise.
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