Cinéma français en Chine : "Nous ne sommes pas Hollywood"
En avril, le septième Panorama du cinéma français, avec 13 longs métrages et 12 courts métrages sélectionnés, dont "Bienvenue chez les Ch'tis" et "L'homme de chevet", a débarqué dans cinq villes chinoises, à savoir Beijing, Shanghai, Guangzhou, Wuhan et Chengdu, pour une durée de quinze jours.
Ce rendez-vous annuel va-t-il aboutir à une avancée sensible du film français sur ce marché asiatique prometteur ?
Il manque "la grosse machine" d'Hollywood, avoue Régine Hatchondo, directrice générale d'uniFrance, organisation promouvant le cinéma français à l'étranger, lors d'une interview accordée à l'Agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle).
"Les films hollywoodiens dominent, sans aucun doute, le marché mondial", ajoute Antoine de Clermont-Tonnerre, président d'uniFrance, tout en insistant sur l'importance des films d'auteur, point fort du cinéma français, qui présentent des angles multiples pour appréhender la complexité du monde.
Mais commercialement, le cinéma français fait face à un écart énorme avec l'industrie hollywoodienne sur le marché chinois.
"Ne te retourne pas", de Marina de Van et avec Sophie Marceau, est le dernier film français sorti dans les salles chinoises (parmi le quota d'une quarantaine de films importés officiellement chaque année en Chine, quatre places sont réservées à la France).
Selon les chiffres de l'Administration nationale de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision de Chine, ce long métrage n'a récolté qu'environ 11 millions de yuans dans l'ensemble du pays, contre 1,3 milliard de yuans pour "Avatar".
Un sondage sur le site internet du Calendrier du cinéma chinois (www.mvgod.com) montre que 76 % des 181 internautes chinois qui ont commenté sur ce film le considèrent comme "mauvais".
Le président d'uniFrance a attribué ce score négatif à la fois au risque pris par le distributeur en choisissant un film étranger, et à une différence culturelle entre la Chine et la France. "C'est un film difficile et controversé même en France", a-t-il expliqué, "d'ailleurs, les réactions des spectateurs chinois sont en général très différentes de celles des Français [vis-à-vis d'un film français]".
Le cinéma français rencontre-t-il un mûr invisible devant le grand public chinois ?
"J'ai l'impression que les films français sont arrogants, difficiles à comprendre et se contentent de satisfaire un petit public", critique Wang Xing, rédacteur d'un journal à Guangzhou, capitale de la province méridionale de Guangdong.
Lao Yuan, fondateur de l'un des sites les plus influents en langue française créés par les Chinois, pense que le message d'un film français se distingue de celui des produits hollywoodiens se focalisant sur des individus devenus héros, ainsi que de celui des films chinois qui posent une ligne claire entre les bons et les mauvais.
"Le film français reflète souvent un monde quotidien mais complexe. Il s'agit d'un choc de l'âme, parfois lourd et triste. Je préfère regarder tranquillement un film français chez moi, plutôt que d'aller au cinéma", explique-t-il.