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Igor Rogachev : L'ours et le dragon créent des liens

Igor Rogachev

Igor Rogachev a été l'ambassadeur de la Fédération de Russie en Chine pendant 14 ans.

L'Expo de Shanghai 2010 en Chine est sur le point d'ouvrir ses portes. C'est avec grand plaisir que j'ai accepté l'invitation de mes amis chinois à m'exprimer sur cet événement. En tant que diplomate de longue date ayant assisté à l'éveil de la Chine pendant plusieurs années, j'éprouve une grande impatience à l'idée de découvrir l'Expo.

Mes liens étroits avec la Chine datent de mon enfance. J'ai vécu et travaillé dans ce pays pendant presque 30 ans. Ma carrière diplomatique, qui dure depuis plus de 40 ans est grandement liée à cette magnifique nation. J'ai été le témoin de la longue et parfois complexe histoire diplomatique des relations sino-russes, de la « lune de miel » à « l'âge de glace », pour enfin parvenir à la normalisation des liens et à l'établissement d'un partenariat stratégique. Lors de ma mission, j'ai assisté aux nombreux changements qui se sont opérés en Chine, notamment depuis le lancement de la réforme et de l'ouverture, il y a de cela trente ans. Les réformes ont dopé la force nationale de la Chine et changé la vie de sa population. Plus frappante encore fut la rapide accélération de sa croissance économique. Il est admirable que la Chine enregistre aujourd'hui le plus fort taux de croissance parmi les grandes puissances mondiales. L'Exposition universelle de Shanghai est également l'une des grandes réussites de la croissance économique de la Chine et je voudrais à cette occasion vous présenter toutes mes félicitations. L'Expo est une célébration de la civilisation humaine ainsi qu'un événement culturel longuement attendu par la Russie et la Chine. Elle permettra au monde de mieux comprendre la Chine et favorisera une communication plus étroite entre la Russie et la Chine.

Les liens de ma famille avec la Chine remontent à plusieurs décennies. Mon père Alexey Rogachev prit part à l'expédition Nord en Chine dans sa jeunesse et travailla comme interprète pour Mikhail Markovich Borodin, le conseiller en chef du Dr. Sun Yat-sen. Passionné par l'étude de la culture chinoise, mon père était un véritable connaisseur de la Chine. Il fut le premier Russe à traduire dans leur intégralité les romans chinois Au bord de l'eau et Voyage en Occident. Lorsque je n'étais encore qu'un bébé, ma mère m'emmena au Consulat général de Russie à Dihua (aujourd'hui Urumqi) dans le Xinjiang, où je passai mon enfance. À l'université, je choisis de me spécialiser dans l'étude de la Chine. Après avoir obtenu mon diplôme, je me suis rendu à plusieurs reprises en Chine en tant qu'expert de l'ex-URSS puis en tant que vice-ministre des Affaires étrangères de l'ex-URSS. J'ai également été l'interprète de plusieurs dirigeants chinois, dont Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping.

Le Premier ministre Zhou Enlai m'attribua personnellement la médaille de l'amitié sino-russe, ce qui je crois, est la plus haute distinction que l'on puisse accorder à un diplomate. En 1992, j'ai été nommé par l'ancien président russe Boris Eltsine, premier ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération russe en Chine, un poste que j'ai occupé pendant 14 ans. Lorsque j'ai pris ma retraite, je comptais des amis à travers toute la Chine. Mon père et moi ne sommes pas les seuls à avoir tissé de forts liens. Toutes les jeunes générations de ma famille sont également engagées d'une façon ou d'une autre en Chine. Ma jeune sœur est experte de la Chine au sein de l'Institut russe des études sur l'Extrême-Orient, mon petit-fils a étudié en Chine et ma fille travaille actuellement à Beijing.

J'ai éprouvé une grande tristesse lorsque j'ai quitté mon poste, après 14 années de service. La Chine me manque chaque jour et je garde toujours un œil sur son actualité. J'ai eu l'occasion de dire que j'essaierai de vivre les changements de la Chine et de ressentir sa profondeur et sa grandeur aussi longtemps que je le pourrai, car une vie n'est pas de trop pour parvenir à comprendre ce pays. C'est toujours mon souhait.

J'ai également des liens particuliers avec la ville de Shanghai. En février 1989, j'eus l'occasion d'accompagner notre ministre des Affaires étrangères de l'époque, Édouard Shevardnadze à Beijing, pour préparer la visite en Chine de Mikhail Gorbachev, alors Président. Deng Xiaoping n'était cependant pas à Beijing, mais à Shanghai. Nous nous sommes donc rendus là-bas pour le rencontrer. Après avoir serré la main de Shevardnadze, Deng me serra la main et me dit : « Je me souviens de vous, vous étiez mon interprète dans les années 1950. » Cette rencontre historique est pour moi un souvenir inoubliable. Notre venue impressionna également Deng. En mai 1989, le Président Gorbachev effectua une visite fructueuse en Chine, couronnée par la normalisation des relations entre nos deux pays. Je fus alors le témoin d'un grand moment de l'histoire des relations sino-russes.

Je me rends en Chine fréquemment et j'ai toujours eu l'impression que c'était comme « revenir à la maison ». Au cours des cinq dernières années, je suis allé en Chine 24 fois et me suis rendu à Shanghai chaque année. Au cours des trois dernières décennies, la Chine a poursuivi invariablement ses réformes et Shanghai a enregistré la plus forte croissance. En approfondissant ses réformes, cette métropole est parvenue à maintenir sa croissance économique, sa stabilité sociale et sa prospérité culturelle, tout en assurant une amélioration constante de la qualité de vie de sa population. Son développement actuel est une illustration parfaite du thème de cette Expo, « Meilleure ville, meilleure vie ». C'est la première fois qu'une exposition universelle, magnifique célébration, est accueillie par un pays en développement ce qui représente déjà une avancée extraordinaire. En organisant cet événement, Shanghai, métropole moderne en rapide développement, opère une véritable démonstration de force.

La Russie a accordé beaucoup d'importance à sa participation à l'Expo de Shanghai 2010 en Chine. Sur le thème « Nouvelle Russie : Ville et citoyenne », le pavillon russe illustrera les rêves de la nation sur les villes modernes ainsi que les liens indéfectibles entre la Russie et la Chine. L'exposition donnera au public chinois l'opportunité de comprendre plus en finesse la Russie et aidera cette dernière à mieux comprendre la Chine. C'est un progrès certain. Je suis persuadé que la réussite de l'organisation de l'Expo 2010 de Shanghai mènera certainement à une meilleure compréhension mutuelle entre nos deux peuples.

Les 60 ans de relations entre la Russie et la Chine ont certes été émaillés d'aléas, mais j'espère qu'elles se poursuivront et qu'elles continueront à s'améliorer afin que puisse s'installer un climat de paix et d'harmonie pour nos descendants. Je souhaite très sincèrement mes meilleurs vœux de réussite à l'Expo de Shanghai 2010 ainsi qu'une longue amitié entre les peuples russes et chinois !

french.china.org.cn     2010/04/22

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