Pierre Beaudoin est président et chef de la direction de l'avionneur Bombardier. Il a étudié l'administration des affaires au Collège Brébeuf et les relations industrielles à l'Université McGill à Montréal.
Avec le succès des JO de Beijing 2008 inscrits désormais dans les livres d'histoire, et l'ouverture prochaine de l'Expo universelle de Shanghai le mois prochain, la Chine continue d'impressionner le monde.
C'est une nation qui peut exalter son glorieux passé tout en montrant avec une égale fierté un avenir glorieux qui se déroule actuellement sur les terres de l'Expo universelle de 2010. J'adresse mes sincères félicitations aux citoyens et aux dirigeants de la ville de Shanghai d'avoir été choisie pour accueillir l'Expo 2010, et devenir ainsi la première ville chinoise à recevoir une exposition internationale de cette envergure.
Sous la bannière « Meilleure ville, Meilleure vie », l'Expo 2010 est la première à célébrer la ville. Je ne peux pas m'empêcher de me rappeler de l'Expo 67 qui avait pour thème « L'homme et son monde » et qui se déroulait dans ma ville natale de Montréal. Dans mon esprit, les deux thèmes sont liés, car ils expriment tous les deux une vision pleine d'espoir. Les deux croient à l'idée que le progrès humain est possible et qu'il s'incarne le mieux dans le monde que nous créons et les villes que nous construisons.
L'héritage de l'Expo de 1967 vit dans des dizaines de bâtiments, de parcs et d'infrastructures, dont le métro de Montréal. Mais je crois que son plus grand impact a été sur notre fierté civique.
L'accueil de millions de personnes de tous les coins de la planète et la découverte d'innombrables merveilles de la technologie et de la culture ont donné aux Montréalais un sentiment d'appartenance à une communauté internationale.
Le choix de la ville comme thème pour Shanghai est tout à fait approprié à notre époque. Car l'exposition elle-même est une ville dans un microcosme, où les peuples de tous horizons et de milieux de vie variés se réunissent pour créer quelque chose de plus grand que la somme de leurs individualités.
La ville de Shanghai a elle-même plus de mille ans, et la Chine compte une multitude d'anciennes villes ; certaines d'entre elles ont plusieurs milliers d'années et elles sont toujours dynamiques et en pleine croissance. Cela pourrait servir de modèle par rapport à la façon dont les communautés vivent et grandissent ensemble. En 1200, lorsque Florence et Venise étaient les plus grandes villes d'Europe occidentale et comptaient une population de 75 000 personnes chacune, Hangzhou, au cours de la dynastie Song (960-1279) abritait 2,5 millions de personnes, tandis que deux autres villes chinoises dénombraient 350 000 habitants.
Les historiens nous disent qu'il faut d'énormes ressources et de la technologie pour permettre aux villes de se développer à cette échelle. Les villes chinoises ont en fait été pendant des milliers d'années le creuset d'avancées majeures dans la technologie et l'innovation, rendues possibles par l'accès à l'enseignement supérieur, à une prospérité partagée et à la coexistence pacifique.
Il y a une autre raison, et certainement plus pressante, qui explique pourquoi le thème de la ville est si pertinent. Selon les derniers rapports démographiques, nous venons de franchir un seuil historique : plus de 50 % de l'humanité réside désormais en milieu urbain. En 2030, la population urbaine mondiale atteindra 5 milliards, soit 60 % de la population totale. En effet, plusieurs des plus grandes villes du monde écrasent les populations des grands pays : New Delhi qui compte 14 millions d'habitants, est presque deux fois plus peuplé que la Suède toute entière, et Shanghai dénombre près de 20 millions de personnes, ce qui représente près des deux tiers de la population du Canada qui est de 33 millions.
Tout cela nous ramène au thème « Meilleure ville, Meilleure vie ». Avec la majorité de la population mondiale qui converge actuellement vers les villes, les solutions que nous imaginons pour gérer ces milieux urbains - en particulier les plus grands - seront cruciales pour l'humanité toute entière. Par solutions, je veux dire des réponses à des questions urgentes sur la façon de fournir des logements décents, des transports efficaces, de gérer la consommation de l'eau et de l'énergie, et de relever les défis environnementaux tels que les émissions d'air et d'eau. Ces solutions vont influencer toute une série de besoins tout aussi critiques, y compris l'éducation, la technologie et l'innovation.
En ce moment historique, donc, la Chine et les dirigeants de Shanghai ont démontré une perception extraordinaire en choisissant de se concentrer sur le thème de la ville, car la ville reste, comme par le passé, un laboratoire vivant. La ville est l'endroit où nous testons de nouvelles idées sur la façon de vivre en paix et dans la prospérité les uns avec les autres. J'ai donc de grandes attentes pour l'Expo 2010, car elle aussi, est un laboratoire vivant qui réunit tout ce qu'il y a de mieux dans le monde.
L'association de longue date de mon entreprise avec Shanghai et en Chine, au cours de laquelle je me suis fait un nombre innombrable de bons amis dans ce pays, m'a appris beaucoup de choses sur l'esprit chinois en matière d'innovation, d'entrepreneuriat et d'hospitalité. Je suis particulièrement fier de nos partenariats sur plusieurs décennies, qui ont contribué à la progression des villes chinoises, dont Shanghai, à travers le développement de systèmes modernes de transport ferroviaire et une industrie aérospatiale locale.
Sur la base de mon expérience avec le peuple chinois, je pense que l'Expo 2010 sera un jalon pour les générations futures, et marquera le moment où la ville Shanghai entrera dans une période de visibilité encore plus grande que celle d'aujourd'hui - une période à laquelle j'aime me référer comme son âge d'or. |