Né en 1937, Xu Kuangdi sort diplômé de l'Institut de l'Ingénierie du Fer et de l'Acier de Beijing en 1959 avant d'y enseigner de 1959 à 1963. Il passe près de trente ans dans l'enseignement, la planification, et dans le gouvernement municipal de Shanghai. Il devient maire de Shanghai en 1995 et président de l'Académie chinoise d'ingénierie en 2002.

L'Expo universelle 2010 va être accueillie à Shanghai, ville la plus peuplée de la Chine. J'ai vécu et travaillé dans cette ville pendant près de 40 ans. J'ai donc été témoin de ses grands changements au cours de la politique de réformes et d'ouverture de l'économie chinoise. Je suis tellement attaché à cette ville et à ses habitants que j'ai souhaité saisir cette occasion pour exprimer quelques réflexions sur le développement urbain.

Les villes sont le produit de l'évolution de la civilisation humaine. Les découvertes archéologiques ont montré que les plus anciennes villes du monde ont été fondées il y a plus de 6 000 ans dans des sociétés esclavagistes et abritaient des palais, des rues animées et des marchés proposant esclaves et marchandises. Les Egyptiens de l'Antiquité ont construit il y a plus de 5 000 ans leur capitale Thinis dans le cours inférieur du Nil, et nos ancêtres chinois ont bâti il y a plus de 4 000 ans leur capitale connue aujourd'hui sous le nom de Kaifeng, dans la province du Henan. Les événements marquants de l'histoire humaine ont été illustrés par de grandes cités : Athènes et Rome dans l'Antiquité, Chang 'an et Constantinople au Moyen-âge, et Beijing, Paris, Londres et Saint-Pétersbourg, qui ont désormais près de 1 000 ans. Depuis le début de la révolution industrielle en Angleterre à la fin du 18e siècle, l'émergence des usines, des mines et des villes commerciales a considérablement accéléré le rythme de l'urbanisation. Aujourd'hui, près de la moitié de la population mondiale vit en ville, et ce nombre continue de croître. La situation est la même ici en Chine.

Le développement de villes florissantes vient de leurs avantages comparatifs. En ville, les entreprises peuvent produire d'énormes quantités de produits à valeur ajoutée grâce à une forte concentration et à une circulation efficace des capitaux, des marchandises, technologies, informations et ressources humaines. Parallèlement, les citadins peuvent bénéficier d'un meilleur style de vie grâce à l'agrégation des bâtiments commerciaux et de l'infrastructure civile, aux transports publics, à l'approvisionnement en eau, électricité et gaz, aux services commerciaux et financiers, aux nouveaux services d'information, et à un large éventail de services sociaux dans les domaines de la culture, l'éducation, la santé, de la sécurité publique et de l'administration judiciaire. Aujourd'hui, les villes sont devenues des centres politiques, économiques, culturels et d'information pour leurs régions avoisinantes et même pour leur pays. Il n'est pas exagéré de dire que les villes supportent la production de pointe et la culture.

Pourtant, chaque chose a son revers de la médaille. Durant leur développement, les villes du monde ont été affectées par diverses « maladies urbaines » souvent compliquées et difficiles à traiter : pénuries dans les besoins quotidiens tels que le logement résidentiel, l'eau, l'électricité et le gaz, approvisionnement insuffisant en éducation, culture, santé et services commerciaux, embouteillages, pollution de l'environnement et accumulation de déchets. Les « maladies » causées par une sur-concentration de la population hantent les villes du monde entier. De plus, de nombreuses métropoles souffrent gravement d'une sécurité administrative négligente, de larges écarts entre les riches et les pauvres, d'un taux de criminalité croissant, et de conflits raciaux constants.