Evénement international d'observation d'oiseaux dans l'est de la Chine, un appel à une conservation écologique plus approfondie
Dans une matinée brumeuse, Zhou Kaixu, passionné d'oiseaux, retient son souffle en scrutant la vaste zone humide depuis son poste d'observation dans une tour de guet. Muni d'une paire de jumelles, il participe avec enthousiasme à un concours d'observation d'oiseaux.
"Regardez ! C'est une bernache à cou roux ?" s'exclame M. Zhou. Au loin, un oiseau à la tête et au cou brun foncé, ainsi qu'aux yeux et au bec tachetés de blanc, cherche de la nourriture dans l'eau au milieu d'un troupeau d'oies et de canards.
L'oiseau, qui se reproduit principalement dans la toundra arctique du nord de l'Eurasie, appartient à une espèce reconnue comme menacée au niveau mondial. Rarement observé dans la partie continentale de la Chine, il a été aperçu pour la première fois il y a un mois dans la Réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune, à Dongying, ville de la province chinoise du Shandong (est).
En repérant la bernache à cou roux, M. Zhou et son équipe ont remporté un prix lors du concours organisé dans le cadre de la deuxième édition de la saison internationale d'observation des oiseaux de l'estuaire du fleuve Jaune, qui s'est tenue du 12 au 14 novembre. Le premier prix a été décerné à une autre équipe qui a identifié 118 espèces d'oiseaux pendant 36 heures dans la réserve.
Selon l'organisateur, la saison d'observation des oiseaux se poursuivra jusqu'en janvier de l'année prochaine. Il espère que l'événement deviendra une plateforme d'échanges pour la coopération en matière de conservation des habitats des oiseaux migrateurs, ainsi qu'une occasion de promouvoir le tourisme local afin de sensibiliser davantage de personnes à la conservation de la nature.
"C'est inspirant d'admirer la nature qui nous entoure ! L'événement nous rappelle que ce n'est qu'en protégeant la nature, en commençant au niveau local et en impliquant toutes les parties prenantes, que nous parviendrons à un avenir durable pour nous et les générations à venir", a déclaré Solène Le Doze, conseillère technique au bureau régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l'Asie et le Pacifique, lors de la cérémonie d'ouverture de la saison d'observation des oiseaux.
Les zones humides représentant plus de 70% de sa superficie totale, la Réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune, qui s'étend sur environ 153.000 hectares, est un important site d'hivernage et d'escale pour les oiseaux migrateurs. La voie de migration Asie de l'Est - Australasie, l'une des plus importantes au monde, passe par la réserve.
Grâce aux efforts en matière de conservation écologique ces dernières années, le nombre d'espèces d'oiseaux dans la réserve est passé de 187 en 1992 à 374 aujourd'hui, attirant de nombreux amateurs d'oiseaux migrateurs, qui peuvent même apercevoir des oiseaux sauvages depuis l'extérieur de la réserve.
En juillet de cette année, lors de la 46e session du Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO à New Delhi, en Inde, les sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (phase II) ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, reconnaissant la Réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune comme un site du patrimoine mondial.
Saluant le rôle joué par la réserve naturelle dans la protection des oiseaux migrateurs, Jennifer George, directrice générale du Partenariat pour la voie de migration Asie de l'Est - Australasie, a noté que les efforts déployés par la réserve naturelle revêtaient une importance particulière pour elle, en tant que Néo-Zélandaise.
"Nos barges rousses doivent voler pendant huit jours consécutifs lorsqu'elles se rendent en Alaska pour se reproduire. Elles ont besoin de se reposer et de se nourrir durant ce voyage. Nous avons donc été très enthousiastes en 2019 concernant l'inscription des sanctuaires de la phase I sur la liste du patrimoine mondial", a-t-elle expliqué. "Aujourd'hui, beaucoup de personnes dans de nombreux pays sur notre voie de migration célèbrent l'admission de la phrase II."
"La Chine a contribué à la protection de la nature au niveau mondial et national. Elle a déjà établi plus de 11.000 zones naturelles protégées, couvrant 18% de sa superficie totale, et s'efforce également de créer le plus grand système de parcs nationaux au monde d'ici 2035", a indiqué Solène Le Doze.
"Malheureusement, la perte de biodiversité dans le monde se poursuit à un rythme plus rapide que jamais dans l'histoire, avec pas moins d'un million d'espèces menacées d'extinction, notamment les oiseaux", a précisé la conseillère. Selon elle, la perte et la dégradation des habitats dues aux activités humaines, aggravées par les effets du changement climatique, ont placé environ 1.400 espèces d'oiseaux dans la catégorie des espèces menacées.
En juin, le Plan d'action sur la conservation et la restauration des voies de migration des oiseaux (2024-2030) de la Chine a été publié conjointement par la Commission nationale du développement et de la réforme, le ministère des Finances et l'Administration nationale des forêts et des prairies. Il s'agit du premier plan d'action de conservation à l'échelle nationale mettant l'accent sur quatre voies de migration des oiseaux à travers le pays.
Avec le renforcement de la coopération entre les divers départements gouvernementaux et la mobilisation des ressources, des progrès remarquables seront réalisés dans la protection et la restauration des oiseaux migrateurs et de leurs habitats, a noté Solène Le Doze.