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Champs de promesses

Par : 张智超 |  Mots clés :
French.china.org.cn | Mis à jour le 17-06-2024
Chinafrique | 17. 06. 2024

Le Burundi et la Chine bénéficient d’une collaboration étroite dans plusieurs secteurs, notamment dans l’agriculture. Parmi les initiatives majeures, l’introduction de la culture du riz hybride se distingue comme un projet phare. En 2020, cette initiative a franchi une étape cruciale avec l’inauguration du Centre pilote agricole (CPA) du Burundi. Ce centre, situé dans la commune de Gihanga de la province de Bubanza, dans le nord-ouest du Burundi, a été établi avec le soutien actif du gouvernement chinois.

À ce jour, le riz hybride a été introduit dans 56 villages de démonstration répartis dans 11 des 18 provinces du Burundi. Selon Yang Huade, chef de l’équipe d’experts agricoles chinois de haut niveau soutenant le Burundi et spécialiste en riziculture, également responsable du CPA, des essais sont en cours dans quatre provinces : Gitega, capitale politique, Muramvya au centre, ainsi que Ngozi et Kayanza au nord du pays. Les variétés introduites en 2018 produisaient plus de huit tonnes par hectare, comparé aux six tonnes habituelles.

Un centre innovant

Le CPA a transformé la culture du riz hybride dans la région. Selon M. Yang, la mise en place du centre a marqué un tournant, ajoutant la gestion du centre aux responsabilités des experts, en plus de leurs travaux de recherche. Huit variétés de riz, résistantes aux maladies et bien adaptées au climat local, ont été développées et homologuées.

Le centre se concentre également sur la formation de leaders agricoles locaux. Cependant, M. Yang signale plusieurs défis, notamment un espace limité pour les essais et la production de semences, qui s’étend sur seulement huit hectares, produisant insuffisamment pour répondre à la demande croissante. Il préconise l’expansion de cette superficie pour augmenter la production de semences. Le centre est également confronté à des contraintes budgétaires et à une pénurie d’intrants essentiels comme le zinc et certains herbicides.

M. Yang envisage une production à grande échelle destinée à l’exportation, après avoir satisfait la demande locale, ce qui pourrait devenir un moteur économique majeur pour le Burundi en générant des devises. Il perçoit cela comme une opportunité unique pour le Burundi, le distinguant dans le panorama agricole africain.

Un projet largement soutenu

Le Président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, a exprimé sa reconnaissance pour le soutien apporté par la Chine à travers les experts du CPA. Il y a un an, le 1er février, lors d’une visite dans la commune de Mpanda, il a testé une nouvelle méthode de culture du riz hybride et réaffirmé son engagement envers les innovations augmentant la production agricole du pays.

Ce soutien a été de nouveau souligné le 20 mai 2023 lors de la récolte du riz hybride à Kizina, dans la commune de Gihanga de la province de Bubanza, où la production atteignait entre 10 et 11 tonnes par hectare. L’événement a compté sur la présence du Premier ministre Gervais Ndirakobuca et de l’ambassadrice de Chine au Burundi, Zhao Jiangping. Le Premier ministre a salué l’apport chinois dans l’augmentation de la production agricole. Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage a, pour sa part, recommandé une collaboration étroite avec les experts du centre.

Un engouement général

Samson Niyonzima et Alexis Girukwishaka, deux riziculteurs de la commune de Gihanga, ont adopté avec enthousiasme la culture du riz hybride, séduits par sa rentabilité élevée. Samson, âgé de 26 ans et résident du village 5, un site de démonstration, rapporte des rendements impressionnants de 10 à 12 tonnes par hectare. « La production de riz hybride a significativement augmenté nos revenus. Nous parvenons désormais à mieux répondre à nos besoins quotidiens. De nombreux habitants de mon village sont désormais intéressés par cette culture. »

Alexis, résident du village 2, un autre site de démonstration, est résolu à continuer la culture du riz hybride, dont il tire d’importants bénéfices. « Après avoir cultivé le riz hybride, je suis convaincu de son potentiel. Grâce aux profits réalisés, j’ai pu construire une maison solide et lancer d’autres projets », confie-t-il. Membre actif d’une coopérative de production de riz hybride, Alexis souligne cependant le coût élevé des semences, qui s’élève à 26 000 francs burundais (9,1 dollars) par kg, contre seulement 7 700 francs burundais (2,7 dollars) pour les semences locales. Lui et son collègue appellent à une réduction des prix tout en encourageant le centre à augmenter la production de semences pour les rendre plus accessibles.

« Dans le domaine de la recherche, notre compréhension de certaines technologies reste limitée car nous ne pouvons pas reproduire localement ces technologies », explique le Dr Privat Ndayihanzamaso, chercheur depuis 15 ans à l’Institut des sciences agronomiques du Burundi. Depuis 2008, il se concentre sur les maladies et ravageurs des plantes, et s’est penché sur la riziculture de 2020 à 2023. Le Docteur Ndayihanzamaso souhaite que les chercheurs locaux puissent maîtriser la production de semences de riz hybride. « La production de semences représente le cœur de la vraie technologie. Maîtriser cette technologie permet de développer vos propres variétés, ce qui n’est pas encore le cas ici. Nous avons cette crainte de dépendance dans la recherche, et restons prudents à cet égard.»

Il mentionne également une tendance actuelle : « Nos partenaires suggèrent d’importer une partie des semences que nous utilisons pour la production. Ils proposent des importations privées depuis la Chine. » Pour conclure, il ajoute : « Notre pays tente de réduire les dépenses en devises étrangères, et nous sommes encore hésitants sur ce point. Cependant, maîtriser la technologie serait idéalement préférable. » 


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Source: Chinafrique
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