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Les hérauts de l'éradication

Par : Lisa |  Mots clés : Afrique,OMS
French.china.org.cn | Mis à jour le 21-05-2024
Chinafrique | 21. 05. 2024

Le paludisme, une maladie mortelle transmise par les piqûres de certaines espèces de moustiques, est responsable de plus de 600 000 décès annuellement, affectant principalement l’Afrique, d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans l’objectif de renverser cette tendance alarmante, une conférence ministérielle a été organisée à Yaoundé, au Cameroun, rassemblant les représentants de 11 nations africaines les plus sévèrement impactées par cette affliction. Les ministres de ces pays se sont engagés à diminuer la mortalité liée au paludisme d’au moins 90 % par rapport aux niveaux de 2015. 

Cette initiative, sous la bannière « Lutter contre le paludisme dans les pays les plus durement touchés », a été dirigée par le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute. La conférence, précédée d’une réunion du groupe consultatif sur la stratégie antipaludique, a permis aux participants de débattre des stratégies d’éradication du paludisme en Afrique. En sa qualité d’hôte, le Premier ministre Ngute a souligné l’engagement indéfectible du Cameroun à éliminer le paludisme, en partageant des statistiques significatives : avec un taux de prévalence de 26,1 % en 2022, le Cameroun a enregistré plus de 2 millions de cas et 1 756 décès dus au paludisme en 2023, ce qui justifie le choix de l’OMS et de ses partenaires de tenir cet événement majeur au Cameroun. 

Ambition sanitaire 

Selon l’OMS, les pays les plus touchés par le paludisme en Afrique incluent le Burkina Faso, le Cameroun, le Ghana, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC), le Soudan et la Tanzanie. En 2022, ces nations ont compté environ 166 millions de cas de paludisme et 423 000 décès attribuables à cette maladie. La propagation du paludisme est particulièrement favorisée dans ces régions en raison des conditions climatiques propices, mais les efforts pour combattre cette maladie sont entravés par la fragilité des systèmes de santé, le manque de ressources et des infrastructures insuffisantes. 

La Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030, mise en place par l’OMS, a pour objectif de réduire significativement l’incidence du paludisme et de progresser vers son élimination dans le cadre des Objectifs de développement durable, notamment l’objectif 3.3 qui vise à éradiquer le paludisme et d’autres maladies transmissibles d’ici 2030. Les cibles spécifiques incluent l’élimination de la maladie dans au moins 35 pays précédemment endémiques et la prévention de sa réapparition dans les pays ayant été déclarés exempts de paludisme. 

Certains pays se sont distingués par leurs engagements politiques et leurs actions concrètes visant à alléger le fardeau du paludisme. Le Cameroun, par exemple, a rejoint l’Initiative mondiale « Faire reculer le paludisme » en 1998, signé la Déclaration d’Abuja en 2000 qui incite les États membres de l’Union africaine à consacrer au moins 15 % de leurs budgets nationaux à la santé, et adopté l’Agenda 2063 qui promeut la couverture sanitaire universelle. Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, a souligné l’importance de renforcer ces efforts : « Avec un nouvel élan et une détermination accrue, nous pouvons accélérer les progrès vers un futur exempt de paludisme. » 

La Chine au secours des Africains 

Après 70 ans de lutte, la Chine a été déclarée exempte de paludisme par l’OMS, une avancée notable depuis les trente millions de cas enregistrés dans les années 1940. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a félicité la Chine pour avoir éradiqué le paludisme, soulignant que cela montre qu’un avenir sans paludisme est possible. Forte de cette réussite, la Chine se propose désormais d’assister l’Afrique dans sa lutte contre cette maladie. 

Dans le but de soutenir l’Afrique dans sa bataille contre le paludisme, la Chine offre non seulement des solutions de traitement mais également des stratégies préventives. Concernant le traitement, il repose sur l’utilisation de l’artémisinine ou Qinghaosu, une plante médicinale employée dans la médecine traditionnelle chinoise depuis deux millénaires. Le Groupe Holley-Cotec, créé en 1985, a développé une vaste industrie pharmaceutique incluant des plantations, des usines et des réseaux commerciaux étendus à travers la Chine. Cela lui a permis de fournir sur le marché, depuis plus de dix ans, des médicaments antipaludiques tels que l’Artemedine et le Cotecxin. Ces produits, commercialisés dans plus de 30 pays, dont 20 africains, sont reconnus pour leur efficacité rapide et leur innocuité selon des sources fiables. 

Face à l’efficacité prouvée des antipaludéens chinois, utilisés à maintes reprises, les populations africaines ont exprimé le souhait d’une distribution plus large de ces médicaments, en particulier dans les zones rurales, et d’une réduction des coûts afin de les rendre accessibles aux plus vulnérables. Les dirigeants de Holley-Cotec se sont engagés à répondre de manière satisfaisante à ces demandes. 

Une mobilisation cruciale 

Pour combattre efficacement le paludisme en Afrique, l’OMS souligne la nécessité de mobiliser 7,8 milliards de dollars. Jusqu’à présent, seulement 4,1 milliards de cette somme ont été collectés en 2022.  

Entre 2000 et 2015, une réduction significative de 50 % de la mortalité due au paludisme a été enregistrée. Cependant, depuis 2015, une recrudescence des cas a été observée, attribuable à un financement insuffisant, mettant en péril l’objectif de réduire le taux de mortalité de 75 % d’ici 2025 en Afrique. 

Pour améliorer le financement de la lutte contre le paludisme, le ministre camerounais de la Santé, Dr Manaouda Malachie, recommande une planification rigoureuse et la communication des résultats économiques des interventions. De même, les ministres de la Santé du Soudan, du Burkina Faso, de la RDC et du Mali ont insisté sur l’importance de sensibiliser les décideurs, de promouvoir la recherche adaptée à l’épidémiologie locale, et de privilégier la prévention et la promotion de la santé plutôt que de se concentrer uniquement sur le traitement de la maladie.

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Source: Chinafrique
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