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L'encre de l'entente

Par : Vivienne |  Mots clés : Rwanda 
French.china.org.cn | Mis à jour le 25-03-2024
Chinafrique | 25. 03. 2024

Au sein de la salle de classe animée de l’Institut Confucius de l’Université du Rwanda, située sur le campus Remera, les sons de salutations telles que « ni hao », « xie xie » et les questions courtoises comme « ni jiao shenme mingzi ? » se mêlent aux inscriptions de caractères chinois sur les tableaux noirs. Cette scène illustre parfaitement l’intérêt grandissant pour l’apprentissage du chinois au Rwanda, une tendance portée par les nombreuses opportunités économiques et les riches échanges culturels entre le Rwanda et la Chine. Le pays, connu pour sa diversité linguistique, assiste à l’émergence du chinois comme une langue de plus en plus prisée. Sous l’impulsion des Instituts Confucius, véritables catalyseurs d’échange linguistique et culturel, on note une hausse significative du nombre d’inscriptions, témoignant de la reconnaissance, par les Rwandais, des avantages économiques liés à la maîtrise de cette langue. 

Avec 14 sites d’enseignement de l’Institut Confucius disséminés à travers le territoire, les Rwandais de tous âges embrassent l’opportunité d’apprendre le chinois. De l’université à l’école primaire, l’attrait pour le chinois, vu comme un pont vers de meilleures opportunités d’emploi et d’affaires, est manifeste. 

Marie Claire, qui a vu sa vie transformée par l’Institut Confucius, témoigne de l’importance cruciale de ces établissements. « L’Institut Confucius a joué un rôle déterminant dans ma carrière ; sans lui, je n’aurais jamais pu devenir professeure de chinois au Rwanda », confie-t-elle. De bénéficiaire d’une bourse à professeure de chinois aguerrie, son histoire souligne l’influence profonde de l’Institut sur les parcours de vie. 

Béatrice Yanzigiye, directrice de l’Institut Confucius de l’Université du Rwanda, confirme cette tendance en évoquant une croissance soutenue des inscriptions. « Actuellement, nous comptons plus de 7 000 étudiants inscrits à des cours de chinois à travers le pays, ce qui reflète bien l’engouement croissant pour cette langue », remarque-t-elle. 

L’aspect économique 

L’intensification de l’apprentissage du chinois au Rwanda est le reflet d’un renforcement des relations économiques entre le Rwanda et la Chine, englobant divers domaines tels que la construction, l’agriculture, la santé et les infrastructures. Cette dynamique est favorisée par la croissance des entreprises chinoises au Rwanda, où la maîtrise du chinois devient un atout compétitif pour ceux qui évoluent dans ce paysage économique en expansion. Les cours de l’Institut Confucius attirent un éventail d’apprenants, y compris des fonctionnaires et des chefs d’entreprise, qui voient dans la langue chinoise un levier pour la croissance économique et le renforcement des liens bilatéraux. 

Pour Perfect Nduwayezu, un jeune professionnel évoluant dans le secteur des affaires rwandais, apprendre le chinois est une sratégie judicieuse. Il considère le chinois comme le « langage des affaires par excellence », mettant en lumière son importance dans le contexte économique global actuel. 

L’importance économique de l’apprentissage du chinois dépasse les ambitions personnelles pour s’inscrire dans les stratégies de développement national. Alors que les collaborations entre le Rwanda et la Chine se multiplient dans divers secteurs, la maîtrise du chinois émerge comme un atout inestimable pour encourager les échanges bilatéraux et faciliter les initiatives commerciales. 

Gilbert Cyubahiro, une étudiante universitaire, partage cet enthousiasme et envisage d’utiliser sa connaissance du chinois pour décrocher des opportunités d’emploi futures. « Apprendre le chinois m’ouvrira des portes pour travailler avec des entreprises chinoises établies localement », partage-t-elle, incarnant l’esprit d’initiative qui caractérise l’intérêt pour l’apprentissage du chinois au Rwanda. « Actuellement, des entreprises chinoises opèrent dans presque tous les secteurs ici, notamment dans les infrastructures, les mines et l’agriculture. Savoir parler chinois équivaut presque à une garantie d’emploi dans ces entreprises », ajoute-t-elle. 

L’expérience de Nyandwi Oreste, mieux connu sous son nom chinois Kong Ze, illustre les avantages concrets de la maîtrise du chinois. Après avoir décroché un poste mieux rémunéré dans une entreprise de construction chinoise, M. Oreste attribue à sa compétence linguistique l’amélioration de ses revenus et de ses perspectives de carrière. 

Cependant, malgré l’engouement pour l’apprentissage du chinois, des défis demeurent, tels que la pénurie d’enseignants natifs chinois qualifiés. Isac Tuyambaze, alias Tian Wei, met en évidence l’importance de disposer d’instructeurs compétents pour satisfaire la demande croissante d’une éducation linguistique de qualité. 

Spécialisé dans les énergies renouvelables, M. Tuyambaze partage son expérience d’apprentissage du chinois, initiée pour surmonter les barrières de communication dans son travail chez une entreprise de construction chinoise à la capitale Kigali. Sa détermination, renforcée par le soutien de son employeur, l’a conduit à s’inscrire à l’Institut Confucius, où il a commencé son voyage linguistique en 2019, atteignant le niveau trois grâce à un travail acharné. 

La pandémie de COVID-19, malgré les défis, lui a offert l’opportunité de travailler comme traducteur en Ouganda, renforçant son engagement envers la maîtrise du chinois. De retour au Rwanda, il a continué son auto-apprentissage, motivé par sa passion pour la langue. 

M. Tuyambaze souligne un obstacle majeur : le manque d’enseignants natifs chinois qualifiés pour les niveaux avancés. « Trouver des mentors adéquats pour progresser au-delà du niveau trois est un défi pour de nombreux Rwandais, moi y compris », regrette-t-il, mettant en lumière une lacune dans l’enseignement de la langue chinoise au Rwanda, notamment pour les étudiants aspirant à atteindre des niveaux supérieurs de compétence linguistique. 

Retour des professeurs 

M. Tuyambaze milite ardemment pour le retour au Rwanda d’enseignants chinois permanents et qualifiés, comme cela était le cas avant la pandémie de COVID-19, mettant en exergue leur contribution essentielle à un enseignement linguistique de qualité. « L’apport d’enseignants natifs chinois est fondamental pour assurer une formation linguistique authentique et pour franchir le cap entre les compétences élémentaires et avancées en langue », insiste-t-il. 

En dépit de ces obstacles, les cours dispensés par l’Institut Confucius sont gratuits pour les étudiants de l’Université du Rwanda. Les individus externes à l’université, quant à eux, sont tenus de s’acquitter de frais d’inscription uniques de 30 000 francs rwandais (24 dollars) pour participer aux programmes sur une période de deux ans. 

Bien que la pandémie ait entraîné une diminution du nombre d’inscriptions entre 2020 et 2022, une reprise notable a été constatée suite à la réintroduction des cours en présentiel en mai de l’année dernière. En octobre 2023, le nombre d’étudiants inscrits aux cours de chinois s’élevait à 780 à l’Université du Rwanda. 

Dans le contexte de la quête du Rwanda pour le développement économique, les Instituts Confucius émergent comme des piliers d’opportunités, offrant aux citoyens les moyens de manœuvrer à travers les défis d’un monde globalisé par l’acquisition de nouvelles langues. L’intégration du chinois, servant de vecteur à l’innovation et à la collaboration, signale une ère prometteuse de croissance économique et d’échange culturel enrichissant entre le Rwanda et la Chine. 

Reportage du Rwanda 


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Source: Chinafrique
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