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La révolution verte

Par : Laura |  Mots clés :
French.china.org.cn | Mis à jour le 22-03-2024
La Chine au Présent | 22. 03. 2024

Au cours de la dernière décennie, le paysage mondial en matière de climat et d’environnement a connu une transformation significative. M’appuyant sur une longue carrière consacrée à la protection de l’environnement, j’examine l’émergence d’un nouvel acteur majeur dans la géopolitique environnementale : la Chine.

De l’ascension à la durabilité

Il est difficile pour les jeunes Chinois d’imaginer la Chine telle qu’elle était en 1984. À l’époque, il n’y avait pas de gratte-ciel, peu de voitures privées et une seule ligne de métro dans la partie continentale de la Chine.

La Chine était encore au premier stade de la réforme et de l’ouverture, cherchant activement sa voie vers la modernisation. L’accent était mis sur le développement économique et la création d’une classe moyenne florissante. Dans ces domaines, la Chine a réussi de manière spectaculaire, sortant miraculeusement plus de personnes de la pauvreté que toute autre nation de l’histoire, à une échelle et à une vitesse sans précédent.

Cependant, cette réussite a eu un coût élevé : la pollution. Au début de la réforme économique, la nature était peu prise en compte. Lors des Jeux olympiques d’été de Beijing en 2008, je discutais avec des Chinois qui m’expliquaient leur désir de voir le soleil et leur refus d’inhaler la fumée.

Cependant, au cours de la dernière décennie, la situation s’est complètement inversée. La Chine a mis de côté la croissance à tout-va, les chiffres et la construction effrénée de gratte-ciel pour se tourner vers la croissance de haute qualité, la protection de l’environnement et le bien-être des personnes.

Le changement a principalement été alimenté par la prise de conscience environnementale grandissante des citoyens, l’approche visionnaire et les politiques audacieuses en matière de développement durable du gouvernement chinois, et enfin par l’opportunité commerciale que la durabilité a offerte aux entreprises. Tout a commencé par une guerre nationale contre la pollution, la Chine ne se contente plus d’assainir l’air et l’eau. Elle s’attaque désormais au changement climatique, investit massivement dans les énergies renouvelables et s’efforce de protéger la biodiversité.

De retardataire à leader écologique

Un pays ne peut recopier à l’identique les stratégies environnementales d’un autre, mais il peut apprendre. Il y a dix ans, l’Europe était en tête dans la lutte pour le climat, si quelqu’un me demandait où trouver les meilleures pratiques écologiques, je répondais toujours Bruxelles, Berlin et Paris. Cependant, aujourd’hui, les villes chinoises ont surpassé l’Europe dans ce domaine.

Possédant environ 60 % des technologies vertes mondiales, la Chine est bien plus avancée que l’Europe en la matière. Presque 90 % de l’énergie solaire mondiale est produite en Chine.

La Chine est également à la tête d’une révolution mondiale en matière de conservation écologique. Je recommande aux pays qui recherchent des solutions durables de se tourner vers le sud de la Chine, où les villes les plus développées et peuplées se concentrent autour du delta du fleuve Changjiang et du delta de la rivière des Perles.

Ces pôles industriels étaient autrefois des défis majeurs pour la mise en place de stratégies vertes. Pourtant, la Chine a réussi à transformer ces villes en écosystèmes complexes où paysages urbains, nature et communautés humaines s’unissent pour constituer des espaces urbains durables. Le monde entier peut s’en inspirer.

En avril 2023, j’ai eu le privilège de visiter Xiamen (Fujian), une ville côtière du sud-est de la Chine. Bien moins connue que Shanghai et Beijing, Xiamen m’a ébloui par sa beauté, sa modernité et son atmosphère agréable.

J’ai été invité à travailler avec un groupe de chercheurs de l’Université de Xiamen sur la pollution des océans. Ce lieu m’a laissé sans voix, imaginez un immense jardin botanique entouré d’une architecture harmonieuse, mêlant ancien et moderne. De là, la vue sur l’océan est époustouflante, et les vastes étendues de verdures sont un régal pour les yeux.

À 18 minutes en voiture de l’université se trouve le lac Yundang. Autrefois un port maritime, ce lac a subi une transformation extraordinaire. Dans les années 1970, alors que la ville gagnait des terres sur la mer, l’estuaire est devenu un lac intérieur dans lequel se déversaient des tonnes d’eaux usées non traitées et de déchets industriels.

À partir du milieu des années 1980, des efforts ont été déployés pour rendre au lac son état d’origine. La ville s’est engagée dans une lutte acharnée contre la pollution, préservant les îles parsemées de mangroves au cœur du lac. Aujourd’hui, le lac Yundang est un joyau qui accueille des milliers d’aigrettes. Il constitue un exemple vivant de la capacité à restaurer des eaux autrefois polluées.

Outre la restauration des écosystèmes urbains, la Chine s’est également engagée dans la création d’un vaste réseau de parcs nationaux pour préserver sa faune et ses paysages naturels. Le concept de parcs nationaux est né aux États-Unis. L’ancien président américain Theodore Roosevelt a dit un jour qu’il n’y avait rien d’aussi américain qu’un parc national. Cependant, aujourd’hui, c’est la Chine qui prend la tête en créant l’un des plus grands systèmes de parcs nationaux au monde, qui s’étend à l’ensemble du pays, bien au-delà de son grand ouest moins peuplé.

De concurrence à coopération

La concurrence a longtemps été considérée comme un obstacle à la réalisation des objectifs environnementaux, mais la vérité est que nous en avons autant besoin que de la coopération.

Prenons l’exemple des véhicules électriques (VE). Les entreprises chinoises spécialisées dans les VE ont émergé comme de redoutables concurrents mondiaux, avec BYD en tête. Leur succès a incité des géants de l’automobile tels que Volkswagen, General Motors et Toyota à accélérer leur propre développement. La concurrence stimule l’innovation et pousse l’industrie vers des solutions plus durables grâce aux énergies propres.

Cependant, la concurrence ne peut être efficace sans règles communes et une coopération internationale. Chaque pays veut protéger ses intérêts économiques, tels que l’emploi local et les industries nationales. Tout en s’étendant à l’étranger, les entreprises chinoises devraient intensifier leurs investissements dans la création de centres de production locaux. Par exemple, BYD a commencé à construire une usine de VE au Brésil, créant ainsi des emplois et favorisant les industries locales.

Dans notre quête pour une consommation énergétique nette zéro, la coopération est essentielle. Les États-Unis souhaitent accélérer le développement de l’énergie solaire, mais cela ne peut se faire sans la Chine, premier producteur mondial de panneaux solaires. Par conséquent, le dialogue entre gouvernement et entreprise, à l’échelle mondiale, est la clé pour un avenir pour propre et plus durable.

Des partenariats bruns aux investissements verts

Les investissements chinois à l’étranger ont connu un véritable bouleversement, reflétant un repositionnement plus large de la Chine dans le domaine des projets énergétiques mondiaux.

Dans les premiers temps de l’initiative « la Ceinture et la Route », proposée en 2013, la Chine s’est engagée dans des projets d’infrastructures liés au pétrole, au gaz et au charbon. Ces projets étaient souvent qualifiés de « bruns ». En septembre 2021, le président chinois Xi Jinping a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies que la Chine ne construirait plus de nouvelle centrale électrique au charbon à l’étranger. Ainsi, deux ans plus tard, l’initiative est devenue l’un des principaux moteurs de l’investissement vert mondial.

Cela signifie que la Chine a commencé à investir dans des projets d’énergie solaire et éolienne en Éthiopie, au Kenya, au Viet Nam et en Indonésie. Un accord récent entre la Chine et l’Indonésie, par exemple, d’une valeur de 54 milliards de dollars, oriente les investissements chinois vers la production d’énergie solaire en Indonésie, le quatrième pays le plus peuplé du monde. Cet accord qui doit répondre à une demande d’énergie colossale revêt donc une importance capitale pour l’avenir énergétique indonésien.

La Chine s’est également engagée à construire des transports publics verts dans le cadre de « la Ceinture et la Route ». Parmi les exemples notables, citons le chemin de fer Chine-Laos, le chemin de fer à écartement standard Mombasa-Nairobi au Kenya, le chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti dans la Corne de l’Afrique et, plus récemment, la ligne ferroviaire à grande vitesse Jakarta-Bandung en Indonésie.

L’exploitation écologique est le fil conducteur de ces projets ferroviaires, qui ont tous été soigneusement conçus pour minimiser leur impact sur l’environnement. De plus, ils favorisent le développement économique, la création d’emplois et les échanges commerciaux le long de leurs itinéraires.

D’économie linéaire à économie circulaire

L’économie circulaire est un impératif mondial et la Chine peut jouer un rôle essentiel dans cette transition.

Aujourd’hui, 99 % des vêtements fabriqués sur notre planète sont simplement jetés, mais nous pouvons commencer à recycler le coton de ces vêtements. Au Bangladesh, l’utilisation circulaire des textiles est mise en pratique, mais cela ne suffit pas. Tous les pays devraient s’engager dans cette action.

Les appareils numériques évoluent à un rythme effréné. Dans la quête des dernières technologies, nous achetons fréquemment de nouveaux téléphones, laissant les anciens prendre la poussière sur nos étagères. Cependant, dans une économie circulaire, tout dans ces produits électroniques peut être recyclé.

En investissant dans les petits gestes du quotidien, nous réduisons notre dépendance aux ressources naturelles. Le passage à une économie circulaire, où tous les déchets électroniques, plastiques et textiles sont recyclés, offre d’énormes opportunités. Et je pense que les entreprises chinoises, avec leur profil d’innovation, peuvent guider le monde vers un avenir plus durable.

*ERIK SOLHEIM est ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et président de l’Institut la Ceinture et la Route Vertes. 


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Source: La Chine au Présent
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