Xi Jinping rencontre des responsables américains du commerce après la dernière série de négociations commerciales
Le président chinois Xi Jinping (au centre) rencontre le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer (3e à gauche) et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin (2e à gauche), pour une nouvelle série de consultations économiques et commerciales de haut niveau entre la Chine et les États-Unis, au Grand Hall du Peuple, le 15 février à Beijing. (Photo: Xinhua)
Le président chinois Xi Jinping a rencontré le 15 février à Beijing les plus hauts responsables américains du commerce à l'issue de la dernièresérie de négociations commerciales sino-américaines, et a offert son soutien aux plus hautes autorités chinoises pour les négociations en cours visant à résoudre la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies mondiales.
Bien que les discussions n'aient pas abouti à un accord final, les deux parties ont progressé et sont convenues de les poursuivre, ce qui témoigne des divisions persistantes sur certaines questions mais aussi de la volonté des deux pays de mettre fin à une crise économique de plus en plus coûteuse.
Selon l'agence de presse Xinhua, Xi Jinping a rencontré le 15 février après-midi le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, et le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, qui dirigeait la délégation commerciale américaine en Chine, au Grand Hall du Peuple à Beijing.
Lors de la réunion, le président chinois a déclaré que les deux équipes avaient réalisé d'importants progrès au stade actuel et qu'elles poursuivraient les discussions la semaine prochaine à Washington, a noté l’agence de presse Xinhua.
Xi Jinping a également annoncé aux principaux négociateurs américains que la Chine était disposée à résoudre les différends et les frictions par le biais de la coopération, rappelant toutefoisqu’il doit aussi y avoir des principes de coopération.
C'est la première fois que le président chinois rencontre la délégation commerciale américaine depuis le début des négociations commerciales l'année dernière, ce qui donne un nouvel élan aux négociations difficiles et incite à l'optimisme pour une résolution.
D’après He Weiwen, un ancien responsable du commerce chinois, si la rencontre avec Xi Jinping était une forme de réciprocité diplomatique envers la réunion entre Donald Trump et le vice-Premier ministre chinois Liu He à la Maison Blanche en janvier, il existe également un « objectif plus substantiel ». « Il s’agit de montrer que notre haute direction espère faire avancer les consultations et s'efforcer d'obtenir un résultat positif », a-t-il dit au Global Times.
La Maison Blanche a également publié le 15 février un communiqué précisant que « ces discussions intensives et approfondies ont permis aux deux parties de progresser », et que « les responsables américains et chinois se sont mis d’accord pour que tout engagement soit consigné dans un protocole d'accord entre les deux pays ».
La semaine prochaine, les discussions se poursuivront à Washington aux niveaux ministériel et vice-ministériel. Les États-Unis attendent avec impatience ces négociations et espèrent voir de nouveaux progrès, a indiqué le communiqué de la Maison Blanche.
Selon un communiqué du ministère chinois du Commerce (MOFCOM), lors des négociations commerciales à Beijing, les deux parties ont discuté des transferts de technologies, de la protection des droits de propriété intellectuelle, des barrières non tarifaires, de la balance commerciale, du mécanisme de mise en œuvre et d'autres sujets d'intérêt mutuel.
« Les deux parties sont parvenues à un consensus sur les principes des grandes questions et ont mené une consultation spécifique sur un mémorandum d'accord concernant les questions commerciales bilatérales », a indiqué le communiqué du MOFCOM.
De son côté, Bai Ming, directeur adjoint de l'Institut de recherche sur les marchés internationaux, a souligné que la mention d'un mémorandum d'accord était une première et pourrait constituer la base d'un accord final. « C'est un très bon signe. Cela signifie que les deux parties se concentrent maintenant sur la rédaction des détails de l'accord final », a-t-il déclaré au Global Times.
Cependant, il reste à déterminer si les deux parties ont discuté de l'échéance du 2 mars, lorsque les droits de douane américains sur des produits chinois d'une valeur de 200 milliards de dollars devraient passer de 10% à 25% actuellement.
On ne sait pas non plus s'il y aura ou non une réunion entre les dirigeants des deux pays, ce qui, estiment les analystes, est devenu un scénario nécessaire pour éviter le blocage des échanges.
« Quand certaines choses ne peuvent vraiment pas être abordées (aux échelons inférieurs), nous espérons que les plus hauts dirigeants interviendront », a pour sa part déclaré au Global Times Huo Jianguo, vice-président de la Société chinoise pour les études de l'Organisation mondiale du commerce, indiquant que les deux dirigeants avaient joué un rôle décisif dans le lancement des négociations après la conclusion d'une trêve en décembre et qu'ils auraient probablement le dernier mot sur un éventuel accord.
Un pragmatisme croissant
Malgré le manque de précision sur les progrès des dernières négociations commerciales, la troisième série depuis la trêve, les analystes soulignent toutefois qu'en prolongeant les discussions, les deux parties avaient déjà progressé et, plus important encore, faisaient preuve d’un certain pragmatisme.
« Il est envisageable que toute négociation puisse être retardée », a déclaréHe Weiwen. « Des négociations aussi compliquées et impliquant des intérêts majeurs comme celles-ci sont souvent retardées ».
« Le fait qu'ils aient prolongé les négociations est en soi un progrès. Cela montre que tout le monde attache une grande importance au résultat », a souligné Huo Jianguo, qui a ajouté que cela prouvait que les deux parties tentaient réellement de résoudre les problèmes, probablement pas uniquement sur le plan commercial, mais sur d'autres domaines aussi. « Tant que nous continuons à parler, c’est positif», a-t-il dit.
Parmi ces problèmes, disent les analystes, le point de blocage central pourrait être la demande faite par les États-Unis à la Chine d'apporter des changements structurels à sa politique industrielle et à ses entreprises publiques, ce qui, affirme de son côté la Chine, relève de son droit légitime au développement économique.
La Chine a rejeté les accusations américaines de transferts de technologies forcés et de manque de protection suffisante des droits de propriété intellectuelle, ce que les responsables chinois ont nié.
« La Chine a ses propres exigences. Nous n'accepterons que des conditions applicables du côté américain et également favorables à notre croissance économique de haute qualité et à notre développement économique mondial », a déclaré au Global Times Chen Fengying, chercheur à l’Institut chinois de relations internationales contemporaines.
Les analystes estiment aussi que l’accord sur les négociations à venir a également montré qu'il existait un pragmatisme, en particulier du côté américain, après que la guerre commerciale ait commencé à peser sur la croissance économique et les marchés boursiers américains. « Les États-Unis étaient trop confiants au début, pensant que la Chine céderait si elle était forcée, mais la Chine n’a pas cédé. Au lieu de cela, les États-Unis voient que cela leur coûte de plus en plus cher », a ainsi souligné M. Bai.