Danger d'hybridation pour la sterne la plus menacée au monde
La sterne d'orient, l'espèce de sterne la plus menacée au monde, est en danger d'hybridation avec une espèce soeur en raison de sa faible population, selon des ornithologues chinois.
L'hybridation de deux espèces étroitement liées pourrait éroder leur patrimoine génétique et accélérer l'extinction de cet oiseau rare, a indiqué Chen Shuihua, directeur adjoint du Musée d'histoire naturelle du Zhejiang.
Le musée et deux autres instituts chinois ont collecté de manière non invasive des échantillons d'ADN de cinq sternes d'orient pour mener des études de conservation génétique, car ils ont observé qu'une hybridation était probable entre cet oiseau rare et son cousin à plus forte population, la sterne huppée.
Cet oiseau migrateur blanc à bec noir a été aperçu pour la première fois en 1861, et sa population est restée faible. Il a été inscrit dans le Livre rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme espèce "gravement menacée".
Selon M. Chen, sur tous les sites de reproduction dans la partie continentale et à Taiwan, des nids de sternes d'orient ont été découverts au sein de colonies de sternes huppées.
Bien que les deux espèces appartiennent à la famille des Sterninae, elles ont divergé il y a environ un million d'années.
Les individus hybrides sont difficiles à identifier, a précisé M. Chen. Seules des analyses de génétique moléculaire peuvent offrir une identification fiable et permettre de déterminer le niveau d'hybridation entre les espèces. Cependant, si l'hybridation se poursuit, cet oiseau rare perdra au final son apparence naturelle, alors que ses plumes blanches évoluent pour devenir grises, à l'instar de celles des sternes huppées.
Depuis 2013, l'équipe de M. Chen utilise des moyens artificiels pour attirer des oiseaux sauvages afin qu'ils se reproduisent sur des îles de conservation à Ningbo, ville portuaire du Zhejiang, en vue d'accroître la population de la sterne d'orient. Selon le bilan établi fin 2017, 51 sternes d'orient sont nées dans les sites de conservation.
Le rapport de recherche de l'équipe a été publié dans le dernier numéro de la revue ornithologique internationale Ibis.
