La vision de Xi Jinping d'un grand pays responsable
Le plus grand marché du carbone du monde entier s'est ouvert cette semaine en Chine, constituant la dernière d'une série de mesures concrètes que le plus grand pays en développement du monde a lancées dans la lutte contre le changement climatique.
Ce nouveau programme incarne le sens aigu de la responsabilité de la Chine en tant que pays majeur dans le monde, et incarne la philosophie que le président chinois Xi Jinping a développée au début de l'année dans la ville alpine enneigée de Davos, en Suisse.
Dans son discours-programme historique au Forum économique mondial, Xi Jinping a partagé sa vision sur la manière de sortir l'économie mondiale de la situation difficile où elle se trouve par un effort concerté et a exhorté les membres de la communauté internationale à assumer leurs responsabilités de l'époque.
Comme l'a dit le président du Forum économique mondial, Klaus Schwab, les paroles pleines d'inspiration de Xi Jinping ont apporté un « rayon de soleil » à un moment d'incertitude et de volatilité.
Une crise de responsabilité
L'histoire ne manque pas de moments cruciaux qui exigent une action responsable de la part des grands pays du monde.
Au sens politique, le monde moderne a été façonné par les puissances occidentales à travers des siècles de guerres brutales et destructrices ainsi que de luttes pour l'hégémonie. Souvent, elles poursuivaient leurs intérêts égoïstes sous l'apparence du « bien général ».
Edward Hallett Carr, politologue et historien britannique, a écrit dans son livre classique sur les relations internationales, La crise des vingt ans, que « ce genre d'hypocrisie est une caractéristique particulière et typique de l'esprit anglo-saxon ».
Un exemple parlant dans l'histoire récente est la guerre en Irak. Pour garantir leur présence stratégique dans la région, les États-Unis sont partis en guerre en Irak sur la base d'un seul renseignement fabriqué et d'une fausse promesse de libérer le pays de la tyrannie.
Aujourd'hui, 14 ans après le début de la guerre, l'Irak souffre toujours de crises sur plusieurs fronts, et les perspectives de paix au Moyen-Orient ne pourraient pas être plus sombres.
L'année écoulée a également vu comment une superpuissance qui fait cavalier seul pouvait hanter le reste de la communauté internationale. En moins d'un an, Donald Trump, le président des États-Unis, a coupé Washington d'un traité international clé après l'autre.
En scandant le slogan « America First », il a accusé beaucoup de partenaires commerciaux de son pays -si ce n'est tous, même- de profiter des États-Unis et menacé de renégocier pour obtenir ce qu'il appelle des accords « plus justes ».
Ce genre de doctrine marquée par l'unilatéralisme a suscité des inquiétudes généralisées à un moment où le multilatéralisme est nécessaire pour répondre aux intérêts profondément interconnectés de toutes les nations.
Une vision partagée
Le discours de Xi Jinping à Davos, dans lequel il s'est engagé de tout son poids en faveur du libre-échange, d'une économie ouverte et de la mondialisation, a tracé les contours de son approche multilatérale pour stimuler la croissance mondiale et découle de sa vision de la construction d'une communauté d'avenir partagé pour l'humanité.
Même après avoir exposé pour la première fois son idée fondamentale au monde en 2013 dans un discours à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, il l'a progressivement étoffée au fil des ans.
« Notre monde est plein d'espoir et de défis ... Aucun pays ne peut relever seul les nombreux défis auxquels l'humanité est confrontée, aucun pays ne peut se permettre de se replier sur lui-même », a rappelé Xi Jinping dans son remarquable rapport au 19e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) en octobre.
En cette ère de défis et de risques qui se multiplient, comme le changement climatique, le terrorisme ravageur et le protectionnisme commercial croissant, la proposition de Xi Jinping trace un chemin clair et viable vers l'avant.
« Nous avons un destin commun ... Nous devons développer notre propre politique basée sur des intérêts communs, ce qui sera un bon point de départ », a de son côté déclaré Gerhard Stahl, professeur invité au Collège d'Europe à Bruges, en Belgique.
Selon Xi Jinping, une communauté d'avenir partagé pour l'humanité devrait faire preuve de respect mutuel, de diversité et de dialogue fondé sur l'égalité et la coexistence pacifique entre les différentes civilisations, et l'ordre mondial devrait être décidé non pas par un pays ou par quelques-uns, mais par un vaste consensus international.
Selon William Jones, chef du bureau de Washington de la revue américaine Executive Intelligence Review, la proposition de Xi Jinping est une « tentative du président chinois pour dépasser et remplacer la notion traditionnelle de "géopolitique", dans laquelle il y a toujours des "gagnants" et et des "perdants" et dans laquelle le principe de "la force fait le droit" tend à prédominer ».
« Dans ce nouveau concept, tout le monde joue un rôle et les avantages obtenus par une nation peuvent être partagés par tous », a-t-il ajouté.
De la philosophie à la réalité
L'idée de politique étrangère du président chinois n'est pas une chimère, mais un phare pour l'action. Au cours des cinq dernières années, il a d'ailleurs pris un certain nombre de mesures pratiques pour en faire une réalité.
Parmi eux figure l'initiative phare « La ceinture et la route », qu'il a proposée en 2013 dans le but d'établir une connectivité en matière de politique, d'infrastructures, de commerce, de finances et de relations entre peuples au-delà des anciennes routes commerciales de la Route de la soie, bâtissant ainsi une nouvelle plate-forme internationale de coopération pour créer de nouveaux moteurs de croissance.
Lors du Forum « La ceinture et la route » pour la coopération internationale organisé en mai dernier, Xi Jinping a réitéré que la Chine voulait rejoindre le monde en faisant de cette initiative une route vers la paix, la prospérité, l'ouverture et l'innovation.
Xi Jinping a également joué un rôle constructif dans l'amélioration de la gouvernance mondiale. Beijing a ainsi fortement insisté pour que les pays en développement aient une plus grande influence dans les principaux organes mondiaux et s'est engagée à construire un nouveau type de relations internationales empreint de respect mutuel, d'équité, de justice et de coopération gagnant-gagnant -et cela pour tous les pays.
Dans le domaine du maintien de la paix dans le monde, la Chine a été l'un des principaux contributeurs aux missions de maintien de la paix de l'ONU et a défendu avec constance le règlement pacifique des questions les plus sensibles dans le monde entier.
David Shambaugh, chercheur senior à la Brookings Institution, estime pour sa part que « Le rôle de plus en plus important de la Chine dans la gouvernance mondiale est très positif et l'un des aspects les plus remarquables de la politique étrangère de Xi Jinping ».
Lorsque Xi Jinping s'est adressé au Forum de Davos, le monde a salué la Chine comme un « rocher de stabilité » au milieu des incertitudes. Alors qu'aujourd'hui la Chine va de l'avant conformément au plan ambitieux établi lors du Congrès national du PCC, grandes sont les attentes pour qu'elle puisse contribuer davantage au développement mondial.
L'histoire récente a démontré de la manière la plus claire qui soit que la Chine n'hésitera jamais à assumer ses responsabilités internationales, sans parler du fait qu'elle s'est fixée comme objectif de construire un monde ouvert, inclusif, propre et beau et qui jouit d'une paix durable, d'une sécurité universelle et d'une prospérité commune.
Pour autant, aux yeux de Xi Jinping, être un pays majeur durant cette ère nouvelle ne veut cependant pas dire dominer les autres ; cela signifie « assumer de plus grandes responsabilités pour la paix et le développement régionaux et mondiaux », comme il l'a rappelé lors de son discours inaugural prononcé à l'occasion de la conférence annuelle 2015 du Forum de Boao pour l'Asie.