Ambassadeur de France en Chine : tout va pour le mieux pour les investissements chinois en France
Depuis sa prise de fonction en Chine il y a tout juste six mois, l'ambassadeur de France en Chine Maurice Gourdault-Montagne a assisté pour la première fois aux sessions annuelles de l'APN et de la CCPPC. Il s'est rendu à deux reprises au Grand Palais du peuple, pour les cérémonies d'ouverture de la CCPPC et de l'APN. Très intéressé par les deux sessions parlementaires, M. Gourdault-Montagne a observé la manière dont la Chine analyse ses questions et planifie son avenir : « Cela nous permet de connaître et de faire avancer des projets de coopération, de sorte à faire écho à la prise de décisions de la Chine et à réaliser le développement commun de nos deux pays », a-t-il déclaré.
« Nous savons que la Chine travaille actuellement à élaborer son 13e plan quinquennal et lancera à cette occasion des politiques détaillées. La France y répondra activement en procédant à ses propres réajustements pour se faire le meilleur partenaire de la Chine, à condition de respecter la réciprocité et les avantages réciproques. »
Paris accueille les investissements immobiliers chinois
Lors de sa rencontre avec la presse le 15 mars, le Premier ministre Li Keqiang a exprimé son souhait de voir les entreprises et les citoyens chinois se développer internationalement. L'ambassadeur de France en Chine a noté que « le Premier ministre Li Keqiang confirme ainsi la position adoptée par le président Xi Jinping lors de sa rencontre avec Manuel Valls en Chine en janvier 2015, soit le soutien des entreprises chinoises dans leurs investissements en France. »
A présent, la coopération sino-française est passée du commerce aux investissements chinois en France. Selon M. Gourdault-Montagne, « l'investissement signifie la création en commun de l'avenir. A l'occasion de sa visite en Chine, le Premier ministre français a émis le message suivant au gouvernement et investisseurs chinois : la France ouvre la porte aux investissements chinois et crée des conditions favorables à cet égard. »
Dans sa réponse à une question sur le lien entre l'arrivée d'investisseurs chinois dans l'immobilier en France et l'augmentation des prix des logements français, l'ambassadeur a rappelé que « les investissements chinois en France portent principalement sur l'immobilier et la production. Et l'atout de Paris se traduit par la régularité et la stabilité des investissements, car il n'y a pas de bulle sur son marché immobilier, et des rendements assurés sur 5, 10, voire 15 ans, car la possibilité d'un effondrement n'existe pas. Ce sont des avantages dont ne disposent pas les marchés immobiliers d'autres villes. »
Une opportunité extrêmement rare avec l'euro sous le seuil symbolique des sept yuans
Selon l'ambassadeur de France en Chine, « les investissements de type productif des entreprises chinoises se multiplient progressivement en France, avec la réussite de projets de coopération comme ceux de l'usine de production de lait en poudre Synutra en Bretagne et le rachat de l'aéroport de Toulouse en coopération avec le Canada ». Il est d'avis que « tout va pour le mieux pour les investissements chinois en France, après une période d'adaptation dans un premier temps ».
M. Zhai Jun, membre du Comité national de la CCPPC et ambassadeur de Chine en France, a déclaré durant les discussions de son groupe à la CCPPC que les entreprises chinoises qui investissent en France doivent opter pour une vision stratégique plutôt que s'intéresser uniquement à leurs intérêts immédiats. Ce point de vue est « entièrement partagé » par l'ambassadeur de France en Chine.
Selon lui, « les entreprises chinoises ne doivent pas être spéculatives dans leurs investissements. Les véritables investissements signifient la création en commun de l'avenir. Ce qu'il faut faire sur le marché français connu pour sa stabilité, ses bases solides et son avenir assuré, c'est investir sur le long terme. Il est très important d'en prendre conscience. »
Début mars, le taux de change de l'euro par rapport au yuan est tombé sous le seuil des sept yuans. L'ambassadeur de France en Chine n'a pas oublié d'appeler les investisseurs chinois à « saisir l'occasion présentée par la baisse de l'euro, car cela représente une occasion extrêmement rare pour investir en France ; l'Europe espérait depuis longtemps une baisse de l'euro pour stimuler la reprise économique. »
M. Gourdault-Montagne a présenté plus particulièrement les services à « guichet unique » offerts aux investisseurs chinois par l'Agence française pour les investissements. Des représentants de l'agence proposent des services à l'ambassade et dans les consulats de France en Chine pour aider les investisseurs chinois à trouver de bons projets en France et leur offrent une assistance suivie en communiquant des informations au siège de l'agence à Paris. « Je souhaite faire passer un message à cette occasion : Soyez les bienvenus pour investir en France ! La confiance politique entre nos deux pays se traduira dans les domaines de l'économie et des investissements. »
En parallèle, la France souhaite un approfondissement continu du processus d'internationalisation du yuan. Le taux de règlement en yuans des échanges commerciaux sino-français a atteint 44 %, un record en Europe. « Fin avril, a révélé l'ambassadeur, la France émettra des obligations offshore de 3 milliards de yuans, l'équivalent de 400 millions d'euros, en vue de faire de Paris, en cherchant à réaliser l'internationalisation continue du yuan, un centre de règlement offshore en yuans. »
Toujours selon l'ambassadeur, la France se félicite des investissements d'entreprises chinoises en France et entend travailler avec ces dernières pour investir à l'étranger. « La France, qui est située au cœur de l'Europe et capable de rayonner dans les pays méditerranéens, d'Afrique du Nord et de l'Ouest, possède des avantages géographiques uniques. Grâce à sa tradition de coopération avec ces pays, la France entend œuvrer, de concert avec ses partenaires chinois, pour investir dans ces régions », a déclaré l'ambassadeur.
Il a également reconnu, à l'image du discours du Premier ministre chinois Li Keqiang sur la réforme, que la France traverse une période de réforme « douloureuse », mais que « nous sommes dans l'obligation d'engager cette réforme pour renforcer la compétitivité de l'Etat. »
L'ambassadeur a rappelé que les grands projets de coopération en cours entre la France et la Chine ont pour objectif de créer un modèle de partenariat sur les investissements dans un pays tiers, et que les deux pays s'efforcent de réaliser cet objectif sur le mode de coopération avancé par le gouvernement chinois. « Dans le monde d'aujourd'hui, caractérisé par la mondialisation économique, nous devons conjuguer nos efforts pour conquérir le marché », a-t-il affirmé.
L'initiative « Une ceinture, une route » permettra de stabiliser le monde entier
Politique économique touchant plus de 70 pays, la stratégie de la Ceinture économique de la Route de la soie et de la Route de la soie maritime du 21e siècle lancée par le président Xi Jinping en 2014 intéresse de près l'ambassadeur de France en Chine, Maurice Gourdault-Montagne.
Pour lui, « il s'agit d'une politique stratégique avec une vision de l'avenir, alors que les Français ne se rendent pas pleinement compte de son importance et des opportunités qu'elle peut apporter.
D'une grande flexibilité, cette théorie s'applique à différents partenaires géopolitiques. Je pense que la France doit comprendre cette vision, s'adapter et en saisir les opportunités. Nous pourrons, par exemple, construire un chemin de fer à grande vitesse entre la Chine et Lyon, le terminus de la Route de la soie. »
L'ambassadeur français estime en outre que la stratégie de la Ceinture économique de la Route de la soie et de la Route de la soie maritime du 21e siècle est non seulement d'une grande importance pour l'Europe et pour la France, mais qu'elle contribuera également à un monde plus stable.
(Extraits d'une interview en chinois de Maurice Gourdault-Montagne)