Jean-Pierre Raffarin : le « rêve chinois » est un concept qui rassemble le peuple
French.china.org.cn | Mis à jour le 13-09-2017
Le « rêve chinois »
Comment percevez-vous la notion de « rêve chinois » formulée par les nouveaux dirigeants ?
C'est l'ambition portée par la nouvelle équipe au pouvoir en Chine. C'est pour nous à la fois la poursuite de « la réforme et l'ouverture » et la prise en compte de l'émergence en Chine de « la société civile ». J'y vois le projet de « croissance inclusive » que nous avons débattu au Forum de Bo'ao en présence du président Xi Jinping.
Comment cette notion a-t-elle été présentée en France ?
Le rêve est toujours une idée forte dans les pays romantiques. Nous avons bien compris que l'unité était une valeur forte de la politique chinoise, il faut donc proposer une vision, un concept qui rassemble le peuple. Le rêve chinois est bien perçu chez nous parce que c'est une ambition légitime et non agressive. Il y a une certaine continuité avec le concept d'« émergence pacifique », chère au peuple chinois.
Peut-on comparer le « rêve chinois » aux « Trente Glorieuses » en France ?
Il est difficile de comparer un avenir à un passé. Mais il y a des points communs en effet, tels que le partage de la croissance, la définition d'un modèle social, la rationalisation de l'action publique ou l'émergence de la société civile.
L'affectif en priorité
En 2009, vous avez ouvert un blog en chinois sur le site ifeng.com. Vous utilisez aussi Weibo pour communiquer directement avec les internautes chinois. Qu'est-ce qui vous a poussé à ouvrir un compte ? Avez-vous quelques anecdotes intéressantes à nous raconter ?
Je suis très à l'écoute de la société chinoise. Son influence dans le monde sera majeure dans le futur. J'essaie d'expliquer aux jeunes Français que leur avenir comportera une part d'Asie, comme il y a eu pour ma génération une part d'Amérique dans notre vie. Sur le web, on a une bonne vision de la réalité de la société chinoise. J'apprécie notamment la sensibilité, mais aussi l'humour des internautes.
Si vous n'aviez pas été un homme politique, quelle profession auriez-vous voulu exercer ?
J'aurais probablement créé une entreprise. J'ai reçu une formation en Business School. J'aurais sans doute ouvert un bureau en Chine et je voyagerais beaucoup entre "mes" deux pays. Peut-être achèterais-je du thé et vendrais-je du vin...
Pourriez-vous résumer en quelques mots clés votre carrière politique et votre expérience avec la Chine ?
J'ai travaillé en entreprise un tiers du temps de ma vie professionnelle, un autre tiers fut consacré aux responsabilités régionales et nationales (président de région et premier ministre..). Dans le dernier tiers, je me consacre beaucoup à la vie internationale (vice-président de Sénat chargé de la délégation internationale, Forum de Bo'ao, Comité France-Chine).
L'an passé je suis allé 6 fois en Chine. Je connais maintenant de nombreuses régions. Avec mon épouse, qui apprend le chinois, nous avons fait une croisière sur le Yang-Tsé-Kiang. Je ne peux plus compter le total de mes voyages en Chine. Je prépare toujours le prochain voyage.
Quelques mots en l'honneur des jumelages entre les villes chinoises et françaises.
Dès mon élection à la Présidence de Région du Poitou-Charentes (Pays du Cognac), j'ai bâti un jumelage avec Nanning et le Guangxi, ce fut très utile. Plusieurs jumelages franco-chinois marchent très bien aujourd'hui, c'est une bonne façon de coopérer. Cette année, la table ronde annuelle des maires chinois et français se tiendra au printemps à Lille. La coopération décentralisée est une forme moderne de partenariat.
Un dernier mot à nos lecteurs.
Un Chinois et un Français ont beaucoup de choses en commun : « Nous aimons ceux qui nous aiment ». Confucius et l'humanisme français ont des liens de parenté.
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