Pourquoi l'Inde s'oppose-t-elle à la construction routière chinoise ?

Par : Norbert |  Mots clés : Inde,routière chinoise
French.china.org.cn | Mis à jour le 26-07-2017

Le face-à-face tendu entre les troupes chinoises et indiennes dans l'Himalaya est le plus long jusqu'à présent. Habituellement, les incursions frontalières sont réglées en quelques jours, mais celle-ci dure depuis plus d'un mois et ne montre pas de signe de conclusion.

Dans leur grande majorité, les frictions autour de la ligne de contrôle ont lieu dans les secteurs occidentaux et orientaux contestés de la frontière, mais l'impasse actuelle a commencé lorsque les troupes indiennes ont traversé la ligne de démarcation mutuellement reconnue à Sikkim pour passer en territoire chinois.

L'incursion des troupes indiennes à Doklam a eu pour effet d'entraver la construction d'une route par la Chine. Ces dernières années, de nombreuses critiques se sont élevées en Inde contre la construction chinoise de routes et de chemins de fer dans la région autonome du Tibet. Pourquoi l'Inde s'oppose-t-elle à la construction d'infrastructures en Chine ? La réponse à cette question reflète la résistance de l'Inde à l'ouverture, ainsi que son arrogance et son sens d'exclusivité.

Le gouvernement indien décrit la construction de la dernière route en Chine comme un « changement important du statu quo qui a de graves conséquences de sécurité pour l'Inde », en soulignant la proximité géographique de cette route et de son vulnérable tronçon étroit qui relie la plus grande partie du territoire indien aux régions plus éloignées du nord-est. Cependant, la route est construite en territoire chinois. Même si l'Inde en est préoccupée, elle n'a pas le droit d'interférer, et encore moins de décider d'une incursion en Chine.

De toute évidence, l'intrusion des troupes indiennes enfreint la souveraineté de la Chine. De plus, l'Inde applique un double standard sur cette question. Il y a peu, elle tentait à tout prix de compléter son projet de routes frontalières vers la Chine, avec la construction de 73 routes stratégiques le long de la ligne de contrôle, dont 27 routes aujourd'hui opérationnelles. En mai, le premier ministre indien Narendra Modi a choisi de commémorer le troisième anniversaire de son administration en ouvrant un pont, le plus long du pays, sur la rivière Lohit, qui permet de réduire considérablement le temps de trajet vers le territoire disputé en zone orientale.

En termes de déploiement militaire le long de la ligne de contrôle, l'Inde dispose d'un avantage évident sur la Chine. Elle a neuf divisions montagneuses sous le commandement de ses IIIe, IVe et XXXIIIe corps de l'est, toutes orientées vers le nord. Pour soutenir ces divisions, l'armée indienne a également construit de nombreux centres logistiques, lieux d'habitation pour les troupes et installations de stockage souterrains.

L'armée indienne a aussi créé le XVIIe corps de frappe dans les montagnes sous son commandement oriental, afin de pouvoir organiser des offensives ou des contre-offensives rapides. Les forces aériennes bénéficient également d'un avantage, avec leurs 22 aérodromes dans le secteur oriental, situés au plus près de la ligne de contrôle. Ses chasseurs et bombardiers, de leurs bases dans les plaines, peuvent décoller sans charge additionnelle et ont besoin de beaucoup moins de carburant pour atteindre leurs objectifs.

Au vu de ce déploiement militaire, il est risible que l'Inde se considère comme la partie vulnérable et qu'elle voie la construction d'une route par la Chine à Doklam comme une menace. Ses actions ne peuvent s'expliquer que par la poursuite d'une hégémonie régionale ou par la manifestation d'un complexe d'infériorité, dans lequel elle essaierait de cacher sa faiblesse en déployant ses muscles.

Les routes peuvent être une voie de prospérité ou de guerre. Un dicton chinois parle ainsi de « construire des routes avant de bâtir des richesses », et la construction de routes a joué un rôle important dans le développement rapide du pays, non seulement pour la prospérité de la Chine, mais aussi pour l'ouverture d'une plus grande coopération avec ses voisins.

Malheureusement, l'Inde considère les infrastructures dans les zones frontalières comme étant uniquement bâties à des fins militaires, sans prendre en considération leur rôle précieux dans le développement économique.

L'incursion à Doklam a obligé la Chine à fermer le passage frontalier de Nathu La, ce qui a bloqué l'accès des pèlerins indiens en route vers le lac Manasarovar au Tibet, un lieu sacré pour les hindous et les bouddhistes. Cela nuit à l'industrie touristique de l'Etat de Sikkim, qui représente 65 % de son PIB.

L'Inde a suivi une stratégie de négligence délibérée envers ses zones frontalières dans les décennies qui ont suivi la guerre frontalière sino-indienne de 1962, convaincue qu'un manque d'infrastructures entraverait toute invasion venant du nord. Ce n'est que ces dernières années que New Delhi a reconnu la futilité de cette stratégie et a décidé d'améliorer ses infrastructures aux frontières.

Depuis quelques années, les infrastructures de l'Eurasie sont mieux connectées, en particulier avec le déploiement par la Chine de l'initiative des Nouvelles Routes de la soie, qui, en insistant sur les avantages mutuels et le développement commun, a été chaleureusement accueillie par une écrasante majorité des pays du monde.

L'Inde est l'une des rares exceptions. Contrairement aux autres pays d'Asie du Sud, elle s'oppose à l'initiative, car elle considère qu'il s'agit d'une tentative chinoise de la mettre à l'écart.

Dans l'optique de l'Inde, le développement de nouvelles infrastructures reliant la Chine aux pays d'Asie du Sud donnera lieu à un essor du commerce, de l'investissement, de zones industrielles et de toutes sortes de services grâce aux chemins de fer, routes et ports nouvellement construits. Par conséquent, elle craint que la région ne soit entraînée dans l'orbite de la puissante économie chinoise, et qu'une forte influence politique ne suive.

Bien que l'initiative des Nouvelles Routes de la soie ait été proposée par la Chine, elle est aussi dans l'intérêt des autres pays, car elle incarne un esprit de paix et de coopération, d'ouverture et d'intégration, d'apprentissage et d'avantages mutuels.

La sagesse et la vision des responsables politiques détermineront si l'Inde la considère comme une opportunité ou pas.

La Chine et l'Inde ont de nombreux points communs, tout en étant engagées dans une concurrence. L'attitude de l'Inde à l'égard de la construction routière par la Chine à l'ère de la mondialisation est le miroir de son manque de vision, de son esprit fermé et de son intolérance. Cela reflète non seulement l'écart qui existe entre les deux géants asiatiques en termes de PIB, mais aussi les grandes lacunes dans les domaines de la confiance, l'ouverture et l'inclusivité.

La Chine se développe au XXIe siècle, alors que l'Inde reste enfermée au XIXe siècle. Sa stratégie de regard en arrière constitue une erreur historique.

 

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