"Quartier chinois" et "ville africaine", reflets de la coopération sino-africaine

Par : Norbert |  Mots clés : Chine, Afrique, Commerce
French.china.org.cn | Mis à jour le 09-05-2017

Le soir, la rue Baohanzhi est, à de nombreux aspects, une rue africaine animée. Les commerçants originaires de divers pays africains s'y réunissent et arpentent ses boutiques. Certains, la valise à la main, ont l'air innocent et curieux d'un novice fraîchement descendu de l'avion. D'autres, plus expérimentés, saluent et embrassent chaleureusement chaque connaissance rencontrée dans la rue.

La rue se trouve cependant à Guangzhou, capitale de la province industrielle chinoise du Guangdong. Dans cette ville connue pour sa communauté africaine, la rue Baohanzhi et ses zones adjacentes sont surnommées "la ville africaine" par les habitants locaux.

Parallèlement, à plus de 10.000 kilomètres de Guangzhou, le boulevard du Centenaire de Dakar, capitale du Sénégal, est bordé de nombreuses boutiques dans lesquelles les commerçants chinois font des affaires avec leurs clients en utilisant un mélange de wolof (la langue la plus parlée au Sénégal), de français, d'anglais et même de chinois. A Dakar, le Centenaire est connu comme le "quartier chinois" de la ville. En Afrique, des quartiers de ce genre existent dans presque tous les pays.

Le "quartier chinois" et la "ville africaine", sont les reflets de la prospérité du commerce sino-africain.

ELDORADO ET TERRE PROMISE

Pour les premiers commerçants chinois sur le continent noir, l'Afrique est un vrai eldorado. Les pays africains, à quelques exceptions près, sont sous-industrialisés et donc tributaires de l'étranger pour presque tous les produits quotidiens. Or, les produits importés d'Europe ou des Etats-Unis sont souvent inabordables pour les habitants les plus modestes, ce qui constitue une opportunité pour les produits chinois.

"Les premières années après mon arrivée, tout manquait, même les vêtements et les chaussures étaient importés de l'étranger. Il y avait une forte demande de produits chinois, et je ne m'inquiétais jamais pour mes affaires", se souvient Zhao Qingyuan, commerçant originaire de la province chinoise du Henan arrivé à Dakar en 2001.

A partir des années 1990, lorsque le gouvernement chinois a commencé à encourager activement ses sociétés à s'internationaliser, de nombreuses entreprises chinoises sont parties pour l'Afrique, et des petits commerçants leur ont emboîté le pas. Comme Zhao Qingyuan, ces derniers y ont rapidement trouvé des débouchés pour les produits chinois. Et de bouche à oreille, de plus en plus de commerçants chinois sont arrivés pour tenter leur chance sur ce marché gigantesque et friand de marchandises abordables. Ils se sont installés dans toutes les villes majeures et ont envoyé des produits chinois aux quatre coins du continent. Nombre d'entre eux ont fait fortune.

La prospérité des quartiers chinois a aussi inspiré les commerçants africains. Au lieu d'acheter en gros dans les quartiers chinois, pourquoi ne pas se rendre directement en Chine ? Ainsi, à la fin du siècle dernier, les commerçants africains ont commencé à se ruer vers Guangzhou, ville industrielle accueillant à bras ouvert tous les hommes d'affaires du monde. On y trouve toutes sortes de produits, et de toutes les gammes. Par rapport aux quartiers chinois en Afrique, le choix est plus vaste, et les prix sont plus intéressants. Une communauté africaine s'y est rapidement formée.

"A l'époque, tous les vols de Kenya Airways et d'Ethiopian Airlines à destination de Guangzhou étaient remplis d'Africains", se souvient Kingsley Azieh Che, homme d'affaires camerounais arrivé à Guangzhou en 2006.

"Beaucoup d'Africains ont saisi l'opportunité de s'enrichir et considèrent Guangzhou comme une terre promise pour les affaires", indique Xiao Peng, un agent du bureau de service et de gestion des étrangers près de la "ville africaine".

CONCURRENCE ET COOPERATION

La formation d'une "ville africaine" à Guangzhou signifie une concurrence accrue pour les "quartiers chinois" en Afrique. "Par le passé, nous n'étions en concurrence qu'avec les Chinois. Aujourd'hui, nous devons aussi affronter les Africains", déplore Zhao Qingyuan.

En outre, tous les Africains ne voient pas d'un bon oeil les "quartiers chinois". Certains se plaignent de la concurrence, d'autres de la qualité des produits. Cependant, force est de constater que l'introduction de produits de consommation chinois sur le marché africain augmente largement le pouvoir d'achat de la population locale.

Les commerçants chinois et africains ont vite réalisé qu'ils avaient plus à gagner en coopérant, car les deux parties ont chacune leurs avantages. Les Chinois connaissent mieux les chaînes d'approvisionnement chinoises et achètent par conséquent à un prix plus bas, tandis que les Africains ont une meilleure compréhension du marché africain et gagnent plus facilement la confiance des consommateurs locaux.

Pour Xu Ping, patronne d'une usine de traitement des produits de la pêche située en banlieue de Dakar, pas question de se lancer dans un projet sans avoir consulté un partenaire local. "Si l'on veut gagner davantage de manière durable, il faut savoir, à un certain moment, sortir du quartier chinois et trouver des partenaires locaux fiables", indique-t-elle.

A Guangzhou, Ousmane, un homme d'affaires sénégalais, a opté pour une approche similaire. Selon lui, l'époque où gagner de l'argent était facile est révolue, il faut aujourd'hui nouer des partenariats pour investir et gagner sur le long terme. Dans ce but, il a créé sa propre marque de meubles aux Etats-Unis et fondé une usine avec des partenaires chinois à Guangzhou afin d'exporter vers l'étranger. "Ici, vous êtes populaire si vous êtes un investisseur, et ce n'est qu'en investissant et en coopérant avec les Chinois que vous avez le plus de chances de réussir", estime-t-il.

Grâce à ces commerçants chinois et africains, le commerce sino-africain progresse d'année en année. De 2000 à 2014, le volume du commerce sino-africain est passé de 10 milliards à 220 milliards de dollars, et la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique.

"Ces hommes d'affaires marchent concrètement le long de 'la Ceinture et la Route'", fait observer Li Zhigang, expert chinois de l'immigration.

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Source: Agence de presse Xinhua
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