La coopération sino-africaine en plein essor
French.china.org.cn | Mis à jour le 16-01-2017
L'ambassadeur de Sierra Leone en Chine, Abdul Karim Koroma, dans un hôpital spécialisé en ophtalmologie à Chengdu, le 26 août dernier, qui envoie des médecins pour faire des opérations de la cataracte au Sierra Leone.
HE WENPING*
Un an seulement après le Sommet de Johannesburg du Forum sur la coopération sino-africaine fin 2015, on peut déjà constater les progrès considérables de la mise en application de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie proposée par la Chine. Au cours de l'année écoulée, les relations sino-africaines ont connu des progrès sur tous les plans et atteignent leur plus haut niveau : contacts politiques de plus en plus étroits, avancement régulier de la coopération économique qui s'appuie sur l'interconnexion et la coopération des capacités de production, développement global des échanges humains...
Une confiance mutuelle renforcée
Après le Sommet de Johannesburg, le rythme des visites mutuelles de haut niveau entre la Chine et l'Afrique s'est encore accéléré. Au début de l'année 2016, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a visité quatre pays africains : Malawi, Maurice, Mozambique et Namibie, suivant ainsi la pratique diplomatique qui veut, depuis 1991, que le ministre chinois des Affaires étrangères consacre à l'Afrique sa première visite diplomatique de l'année. En mars, juste après les « deux sessions », Zhang Dejiang, président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale s'est rendu en visite en Zambie, au Rwanda et au Kenya. En avril, le président du Comité national de la CCPPC Yu Zhengsheng a visité le Gabon, la Côte d'Ivoire et le Ghana. En août, M. Wang Yi reprenait le chemin de l'Afrique pour se rendre au Kenya et en Ouganda. En novembre, le vice-président Li Yuanchao a enchaîné des visites en Afrique du Sud, en Éthiopie et à Djibouti. Des visites qui se croisaient puisque les dirigeants africains ne se sont pas fait défaut de venir en Chine pour des visites ou des réunions internationales et bilatérales. En avril, le président du Nigeria Muhammadu Buhari effectuait une visite en Chine, suivi en mai par le président togolais Faure Gnassingbé et en juillet par le président de la République du Congo Denis Sassou-Nguesso. En septembre, le président chinois Xi Jinping accueillait, dans le cadre du G20 qui se tenait à Hangzhou, toute une brochette de présidents africains, dont Jacob Zuma d'Afrique du Sud, le Sénégalais Macky Sall, Abdel Fattah al-Sissi l'Égyptien et Idriss Déby du Tchad. En octobre, le premier ministre chinois Li Keqiang rencontrait à Macao son homologue mozambicain Carlos Agostinho do Rosario venu assister au Forum pour la coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays lusophones. Fin novembre et début décembre, les visites des présidents guinéen Alpha Condé et gabonais Ali Bongo se sont succédées à brefs intervalles. Par ailleurs, des chefs d'État africains, dont le président d'Afrique du Sud Jacob Zuma et le président béninois Patrice Talon sont intervenus à la tribune lors de la deuxième édition du Forum de l'investissement en Afrique qui se tenait en septembre à Guangzhou.
La Chine, assumant la présidente du G20 de 2016, a pleinement joué l'esprit d'initiative de diplomatie à domicile dans la mise en service de la plate-forme et de l'ordre du jour. « Soutenir l'industrialisation des pays africains et des pays les moins développés » est devenu le sujet important du sommet, puisque cette formule a été pour la première fois inscrite dans le communiqué du G20, ce qui a fourni une plate-forme de communication et d'échange pour faciliter les interactions entre les pays africains et les pays du G20. Outre l'Afrique du Sud qui est membre du G20, la Chine a spécifiquement invité au sommet plusieurs représentants de pays et d'organismes africains, parmi lesquels la présidence de l'Union africaine qui est actuellement tenue par le Tchad, celle du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique qui échoit au Sénégal, ou encore l'Égypte, pays important de l'Afrique du Nord. Tout cela reflète non seulement l'attention accordée par la Chine au développement de l'Afrique, mais prouve également qu'il est possible de réformer urgemment la gouvernance mondiale destinée aux pays africains.
La coopération économique affiche une progression stable
La confiance politique mutuelle renforcée a posé une bonne base pour l'approfondissement de la coopération économique et commerciale entre les deux parties dans tous les domaines. En une année, la coopération économique et commerciale sino-africaine a connu une nouvelle transformation accompagnée d'une montée en gamme. Le 29 juillet, la réunion des coordinateurs de la mise en œuvre des actions de suivi du Sommet de Johannesburg du Forum sur la coopération sino-africaine s'est tenue à Beijing, conduisant à la signature de 63 accords de coopération pour un montant de 18,3 milliards de dollars, dont 16,2 milliards, soit 88,7 % du total, correspondant à des investissements directs par des entreprises chinoises en Afrique ou des prêts commerciaux. Les statistiques montrent que depuis le Sommet de Johannesburg, les deux parties ont signé au moins 245 accords pour un montant de 50,8 milliards de dollars. Dans la structure du montant total, l'aide financière à l'Afrique représente 1,07 %, les prêts préférentiels, 6,24 % et les investissements directs des entreprises et les prêts commerciaux, 91,73 %, soit 46,6 milliards de dollars. Il est clair que cette coopération est encore montée en gamme, par la transformation de l'aide gouvernementale en investissement des entreprises et financement coopératif ; par le passage d'un commerce de biens de consommation courante à une coopération en matière de capacités de production et à un commerce de sous-traitance ; enfin en remplaçant les travaux publics sous contrat par des investissements à financement partagé.
Au cours de l'année écoulée, la coopération économique sino-africaine basée sur l'interconnexion et la coopération en matière de capacités de production a connu un essor remarquable. Le 5 octobre, la ligne de chemin de fer d'une longueur totale de 752,7 km reliant Addis-Abeba à Djibouti, construite par des entreprises chinoises pour un investissement total de quatre milliards de dollars, a été inaugurée officiellement. Une ligne qui entre au Panthéon des chemins de fer chinois construits en Afrique, à la suite de la ligne Abuja-Kaduna et de celle dans la zone côtière du Nigeria, de même que de celle de Benguela en Angola. Ces constructions phares de la coopération sino-africaine en matière de capacités de production posent les bases du décollage industriel prochain de l'Afrique.
La ligne ferroviaire Addis-Abeba–Djibouti, un autre chemin de fer transfrontalier dans la tradition de celui qui relia autrefois la Tanzanie à la Zambie, a reçu le surnom de « chemin de fer Tanzanie-Zambie de la nouvelle période ». Cette ligne réduit à 10 heures le temps du trajet entre Djibouti et Addis-Abeba, contre 7 jours de transport routier dans le passé. Ceci permettra de réduire considérablement la durée et donc le coût logistique des opérations d'import-export de marchandises, ce qui revêt une grande importance historique pour la promotion du développement socio-économique de l'Éthiopie et de Djibouti et l'industrialisation de l'Afrique.
À la différence d'autres travaux entrepris par la Chine, comme le chemin de fer Tanzanie-Zambie qui avait été cédé aux pays concernés dès son achèvement, la situation actuelle des pays africains a donné lieu à un nouveau mode de financement et d'exploitation. Le chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti financé et construit par des entreprises chinoises sera également exploité par celles-ci. Pendant une période de transition de 6 ans suivant l'achèvement des travaux, c'est une société chinoise qui se chargera du fonctionnement du chemin de fer et de sa gestion, tout en formant le personnel local aux technologies ferroviaires et à la gestion. D'une part parce que cette approche assure mieux la sécurité de fonctionnement de la ligne qui produira de plus grands bénéfices économiques et sociaux, et d'autre part parce qu'elle permettra la transmission par la pratique des techniques et de réaliser un transfert de technologies qui posera de bonnes bases pour un fonctionnement indépendant à l'avenir des chemins de fer dans ces deux pays. La construction du chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti a déjà créé plus de 3 000 emplois locaux, et on en prévoit environ 16 000 dès sa mise en service officielle. Ce personnel fera fonctionner la première voie ferrée électrifiée d'Éthiopie et de Djibouti.
L'ouverture du chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti et ce nouveau modèle de fonctionnement présentent des perspectives attrayantes, qui suscitent des vocations en Afrique et dans le reste du monde. Plusieurs pays africains comme l'Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Togo et le Kenya ont envoyé sur place des délégations gouvernementales pour étudier le projet ferroviaire Addis-Abeba–Djibouti et rapporter leurs conclusions sur cette expérience. Cette ligne sert de modèle à l'amélioration de la planification ferroviaire dans les autres pays.
En 2016, la coopération économique et commerciale de la Chine avec la Tanzanie et l'Éthiopie, pays pilotes du transfert des capacités de production, s'est encore accélérée. Un accord-cadre de coopération a été signé, et des contacts ont été pris pour déterminer toute une série de grands projets prioritaires. Par exemple en Tanzanie, ces grands projets concernent la réparation et la modernisation de la ligne ferroviaire Tanzanie-Zambie, la construction d'une centrale K3 au gaz naturel, l'établissement d'une ligne de transmission électrique Dar es-Salaam–Arusha, qui tous ont enregistré des progrès. En Éthiopie, le parc industriel de l'Orient accueille 64 entreprises chinoises, dont 31 ont commencé à fonctionner, pour un montant total des investissements de 220 millions de dollars et créant des emplois locaux pour plus de 8 000 personnes.
Les échanges humains se développent
« Les relations entre États sont portées par les liens d'amitié entre les peuples. » Les échanges humains au niveau de la population sont des moyens importants pour consolider les bases de l'opinion publique et de la société, et garantir un développement durable à long terme des relations sino-africaines. Le renforcement de la communication entre les médias chinois et africains fait partie de ces échanges humains. Depuis 2014, dans le cadre du programme « Centre de presse Chine-Afrique », la Chine accueille chaque année 1 000 journalistes africains qui reçoivent une formation de dix mois. Cette formation leur permet non seulement d'améliorer leurs compétences journalistiques, mais aussi d'observer et de mieux comprendre la Chine. En mars 2016, 22 journalistes africains bénéficiaires de cette formation du programme ont participé à la couverture des « deux sessions ». Cette expérience unique leur a valu d'être nommés « journalistes les plus populaires du gouvernement chinois » par des médias français.
Une autre plate-forme importante pour les échanges au niveau des peuples est le Forum des think tanks Chine-Afrique qui a tenu sa première session en 2011, un support sur lequel des chercheurs chinois et africains peuvent s'exprimer et raconter des histoires vécues sur la coopération sino-africaine. Le 15 avril 2016, la cinquième réunion du Forum des think tanks Chine-Afrique s'est tenue à Yiwu au Zhejiang. Les chercheurs chinois et africains ont planché sur le sujet « la coopération sino-africaine en matière de capacités de production et l'industrialisation de l'Afrique ». En août, le Symposium sino-africain sur les médias et les think tanks a été organisé à Mombasa, au Kenya, rassemblant plus de 150 responsables de think tanks et représentants des médias d'une vingtaine de pays. Les participants ont visité le chantier de la voie ferrée Mombasa-Nairobi en construction.
Avec le renforcement de la coopération économique et politique sino-africaine et des échanges humains, l'opinion publique sur la coopération sino-africaine évolue dans un sens encourageant. Le 24 octobre 2016, l'Afrobaromètre, un institut de sondage africain indépendant, a publié un rapport intitulé La présence accrue de la Chine sur le continent attire des appréciations largement positives. Cette enquête menée sur un échantillon de 54 000 personnes dans 36 pays africains montre que la plupart des Africains considèrent les activités économiques et politiques de la Chine sur le continent comme une contribution bienvenue au développement national, et que les investissements de la Chine en infrastructures, ses activités commerciales ainsi que ses produits sont évalués de façon positive. Toujours selon ce rapport, l'influence de la Chine en Afrique est de plus en plus forte et près de 2/3 des personnes interrogées pensent que la Chine a une influence positive dans leur pays. Le taux d'opinions favorables dépasse 80 % au Niger, au Liberia, au Cameroun, et atteint 91 % au Mali. En outre, 56 % des personnes interrogées considèrent que l'aide chinoise au développement est « assez » ou « très » efficace pour répondre aux besoins de leur pays.
« La pluie printanière tombe imperceptiblement avec le vent dans la nuit mais elle humecte en silence toutes les choses », dit un poème célèbre de la dynastie des Tang (618-907). Les échanges entre les peuples, comme la pluie printanière douce, arrosent silencieusement mais efficacement les amitiés.
*HE WENPING est chercheuse de l'Institut de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique de l'Académie des sciences sociales de Chine.
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