Huang Daopo, mère du métier à tisser

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Huang Daopo
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-06-2016

 

Chaque mois La Chine au présent vous raconte l'histoire d'une invention chinoise, ancienne ou récente, absolument véridique ou un peu romancée, et de son auteur. Ces personnages qui ont fait la Chine et le monde tels que nous les connaissons aujourd'hui...

Cela se passait comme ça à l'époque : en 1255, la petite Huang Daopo qui venait de fêter ses dix printemps s'est retrouvée mariée par ses parents à un jeune homme de la ville de Songjiang qui est aujourd'hui un quartier de Shanghai. Suivant la tradition, elle est allée s'installer chez son mari et s'est retrouvée sous l'autorité de ses beaux-parents. Astiquer les cuivres, nourrir les poules, puiser l'eau, faire la lessive et la cuisine, la malheureuse était traitée comme une Cendrillon par sa belle-mère.

Un soir où, harassée par les corvées de la journée, elle s'apprêtait à tomber, fourbue, dans quelque coin pour y prendre un sommeil bien mérité, elle entendit une fois de plus la voix acariâtre de la marâtre l'appeler : « Mon bain de pieds ! » C'est cette nuit-là qu'elle décida de s'évader loin de sa prison familiale. Prise en pitié par une famille de mariniers, elle s'est embarquée avec eux pour aller dans le Sud. Quelque temps plus tard, elle décida de s'installer à Yazhou, sur l'île de Hainan, se mit à travailler dans un atelier de confection.

L'éducation rude qu'elle avait reçu avait fait d'elle une travailleuse modèle, appliquée, insensible à la fatigue, souriante avec ses chefs et solidaire avec ses collègues. Ses doigts agiles faisaient merveille, elle se découvrit un don exceptionnel pour apprendre instantanément les trucs du métier et les automatismes que d'autres n'acquéraient qu'avec difficulté. Surtout elle n'avait pas son pareil pour étudier et comprendre le mécanisme des métiers à tisser, ni pour les réparer et même les améliorer.

Le métier à tisser que l'on employait ici n'avait rien de commun avec les moyens rudimentaires qu'elles avait connus à Songjiang, simples cadres de bois sur lesquels on fixait une série de fils (la chaîne) tendue entre deux bâtons de bois fichés dans le sol. À l'aide d'une perche, on tirait un fil de chaîne sur deux afin de créer un espace vide (la foule) où un autre fil (la trame) était glissé perpendiculairement, avant d'inverser les nappes de la chaîne pour créer une autre foule où repasser le fil de trame.

Ici, sur l'île de Hainan, le métier comportait des pédales qui permettaient de soulever tour à tour un certain nombre de lisses différentes, afin d'obtenir des motifs plus complexes. Des fils de différentes couleurs rendaient possibles toutes sortes de motifs géométriques qui flattaient l'œil. Huang Daopo devint rapidement une experte de ces équipements et savait, mieux que les vieux techniciens spécialisés dans leur réparation, en remplacer ou en améliorer le mécanisme. Toute cette expertise lui permit de monter un atelier grâce auquel elle amassa rapidement un confortable petit pécule. Sa vie s'écoulait désormais, active mais sereine, dans l'île tropicale où elle oubliait petit à petit les malheurs de son enfance. Malgré sa nouvelle félicité, elle se prenait parfois à éprouver la nostalgie de sa région natale. Les canaux parcourus de jonques multicolores, ces journées grises où le ciel semblait se vider... sans compter les délicieux tianluo (escargots de rizière) de Songjiang, qu'elle n'avait pas goûtés depuis tant d'années !

Devenue vieille, elle décida finalement de rentrer au pays, où elle se mit à diffuser et à enseigner les techniques qu'elle avait acquises dans le Sud. Elle continua de les perfectionner, s'attaquant aussi à mécaniser le traitement et le filage du coton. Par ailleurs, elle inventa des motifs floraux ou animaux qui connurent un grand succès auprès des clientes avides de fantaisie. Petit à petit, des ateliers de plus en plus nombreux se sont créés à Songjiang qui allait devenir, ainsi que plus tard Shanghai et la région, le cœur de l'industrie textile chinoise.

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