La Chine et le Sommet sur la Sécurité nucléaire ?

Par : Lisa |  Mots clés : Sommet sur la sécurité nucléaire ,Washington
French.china.org.cn | Mis à jour le 01-04-2016

La Chine et le Sommet sur la Sécurité nucléaire ?

20 mars 2016 : des travailleurs prennent des photos du réservoir sous pression d'un réacteur à haute température refroidi au gaz (RHTG), lors de son installation dans la centrale nucléaire de Shidao Bay, opérée par Huaneng dans la province du Shandong.

 

Plus de cinquante dirigeants internationaux devraient assister au 4e et dernier Sommet sur la sécurité nucléaire (SSN) se déroulant à Washington. Celui-ci revêt une grande importance pour la communauté internationale : initié en 2010 par le président américain, Barack Obama, le SSN constitue un effort unique pour sécuriser les matériaux nucléaires et empêcher qu'ils ne se retrouvent dans les mains d'Etats voyous ou d'acteurs non-gouvernementaux.

Bien entendu, la sécurité nucléaire n'est pas quelque chose de nouveau pour la communauté internationale. Depuis le Traité de non-prolifération adopté dans les années 1960, le monde a pris de nombreuses initiatives pour faire face aux dangers de la prolifération nucléaire. Un certain nombre de traités ont été signés par les grands pays dans les années 70, afin de créer un régime de contrôle sur les exportations nucléaires qui empêche la prolifération, notamment parmi les Etats voyous.

Il est difficile pour ces groupes de développer des sites de construction d'armes nucléaires, mais la possibilité que ceux-ci puissent saboter des centrales déjà existantes est de plus en plus importante. Par ailleurs, il ne leur serait pas difficile de produire des « bombes sales » ou des dispositifs de dispersion radiologique pouvant dévaster des villes entières. En effet, les appareils et équipements médicaux contenant des matériaux radioactifs sont facilement accessibles. La menace est relativement claire et le monde ne peut se permettre d'attendre naïvement.

Les questions avant le Sommet

Même sans obligations strictes et juridiquement contraignantes de la part des Etats membres, les derniers sommets ont permis de réaliser des progrès notables sur plusieurs objectifs fondamentaux. Par exemple, ces efforts ont permis la dilution de 15 tonnes d'uranium fortement enrichi en uranium faiblement enrichi. Et douze pays ont arrêté la production d'uranium fortement enrichi et fermé leurs centrales nucléaires.

Les initiatives du SSN ont également entraîné le renforcement des lois et des règles nationales, ainsi que des capacités internes des pays individuels à protéger et à sauvegarder leurs matériaux nucléaires. Mieux encore, le SSN a entraîné la création de plusieurs institutions d'excellence, notamment le Fonds pour la sécurité nucléaire et des centres de formation à la sécurité nucléaire.

Même si ces mesures n'arrivent pas à la hauteur des challenges qui se présentent aujourd'hui (80 % des matériaux nucléaires se trouvant toujours sous juridiction militaire et, par conséquent, en dehors du cadre du SSN), de tels efforts volontaires ont acquis une immense portée politique. Bien entendu, le mérite revient aux grandes puissances, comme les Etats-Unis, la Chine et la Russie, qui ont montré un engagement exemplaire dans l'établissement d'un consensus et d'une vision commune sur des paramètres-clés de la sécurité des matériaux nucléaires.

Mais qu'adviendra-t-il après ce 4e et dernier Sommet ? Force est de reconnaître, que Barack Obama s'est considérablement investi personnellement pour faire de cette initiative un succès. Avec la fin de son mandat d'ici dix mois, la question cruciale reste de savoir si cette initiative pleine de promesses continuera à recevoir le même soutien - ou un soutien plus important - de la part du prochain président des Etats-Unis.

Le SSN et la coopération florissante sino-américaine

Au-delà des questions pertinentes sur l'avenir du SSN, cette initiative rassemblant à une même table les dirigeants du monde entier s'est révélée être un excellent forum pour la coopération entre pays. Celle, florissante, entre la Chine et les Etats-Unis sur des questions touchant au nucléaire en constitue le parfait exemple. L'interface au niveau du SSN a permis de combler un certain manque réciproque de confiance et a entraîné une coopération croissante entre ces deux pays. L'un des résultats remarquables de ce processus est la mise en place d'un Centre de sécurité nucléaire d'excellence à Beijing - le plus grand de son genre dans la région Asie-Pacifique - avec une contribution active de la part des Etats-Unis. Cofondé par le Département de l'énergie des Etats-Unis et l'Autorité de l'énergie atomique de Chine, ce centre est capable de former 2000 personnes chargées de la sécurité nucléaire. De plus, il fournit un espace permettant des expériences analytiques, des exercices de simulation d'interventions d'urgence et la bonne préservation des matériaux nucléaires.

Ainsi, le SSN constitue une plateforme commune, qui a fait beaucoup pour dissiper la méfiance traditionnelle et encourager des pays comme la Chine à adopter un rôle plus proactif dans la mise en œuvre et le respect des mesures adoptées. Pour la première fois, la Chine a rendu un livre blanc sur les interventions en cas d'urgence nucléaire. Bien entendu, elle nécessite encore davantage de coopération de la part des superpuissances nucléaires comme les Etats-Unis, afin d'approfondir son programme énergétique de nucléaire civil. Si la Chine souhaite respecter son engagement pour le climat, qui constitue à apporter 20 % d'énergies non-fossiles supplémentaires à son panier énergétique d'ici 2030, elle doit promouvoir l'énergie nucléaire plus rapidement et avec plus de vigueur. Avec plus du quart des centrales nucléaires du monde entier, les Etats-Unis représentent le leader incontestable de cette technologie. C'est pourquoi, il est dans l'intérêt de la Chine de faire passer la coopération au niveau du SSN à une étape supérieure. L'étendue est immense pour la coopération dans la prévention des cyber-menaces sur les infrastructures nucléaires.

C'est dans ce contexte, que la participation de Xi Jinping au SSN prend tout son sens. En plus d'aider à consolider les résultats de six années de durs efforts de la part de Barack Obama dans le domaine de la sécurité nucléaire, Xi Jinping peut inspirer les autres dirigeants à prendre au sérieux les menaces sur la sécurité nucléaire. Le livre blanc récemment publié par la Chine et les engagements de son 13e Plan quinquennal en font un bon candidat pour superviser les prochaines étapes, nécessaires à la consolidation des réalisations des SSN. La Corée du Nord pourrait être un bon début.

 

Niranjan Sahoo est un chercheur confirmé de l'Observer Research Foundation à New Delhi.

Les articles d'opinion reflètent uniquement les points de vue de leurs auteurs et pas nécessairement ceux de China.org.cn.

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