La Chine a toutes les raisons de célébrer la victoire
La présidente de République de Corée Park Geun-hye effectuera une visite de trois jours en Chine à partir du 2 septembre pour assister aux célébrations qui marqueront à Beijing le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 4 septembre, elle a prévu de se rendre à Shanghai pour rouvrir le bureau du gouvernement provisoire de la République de Corée, établi par des combattants indépendantistes coréens en 1919, neuf ans après l'occupation par le Japon de la péninsule coréenne.
Les activités commémoratives en Chine, ainsi que le défilé de la victoire organisé à Moscou il y a trois mois, ont été utilisés pour prétendre que la Chine et la Russie sont en train de forger une « alliance anti-occidentale ». Les sceptiques citent même les exercices navals sino-russes en cours dans le golfe de Pierre-le-Grand et d'autres zones de la côte russe comme « preuves solides » de la construction d'une alliance.
Pire, un éditorial du magazine londonien The Economist en date du 3 septembre affirmait que le défilé organisé par la Chine « n'est pas seulement une question de mémoire » ; il viserait à « déstabiliser » ses voisins, car le pays « joue des thèmes de la victimisation historique et de la nécessité d'une correction ».
La vérité est que la contribution de la Chine à la victoire de la Seconde Guerre mondiale a été sous-estimée à la fois dans le pays et à l'étranger. La Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise (1937-1945) a commencé avec L'Incident du 18 septembre en 1931 et a duré près de 14 ans. La Chine a été le premier pays, et celui qui a été engagé le plus longtemps, dans la lutte contre les forces fascistes.
Les sacrifices du peuple chinois, estimés à 35 millions de victimes au cours de cette période sanglante, méritent aussi une pleine reconnaissance. La Chine a perdu plus de personnes, militaires et civils, que tout autre pays, à l'exception peut-être de l'Union soviétique, où au moins 27 millions de personnes sont mortes, durant la guerre contre le fascisme. Les Chinois se sont battus contre un grand nombre de troupes japonaises, et 70 % des troupes japonaises tuées ou blessées l'ont été durant les batailles en Chine.
Avant l'attaque surprise du Japon sur Pearl Harbor en 1941, qui a entraîné les Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, les Chinois luttaient seuls contre 94 % des forces japonaises déployées à l'étranger en 1938, et 78 % en 1940. Plus de 45 millions de Chinois ont participé aux longs efforts de résistance, qui ont mobilisé un total d'environ 1,7 milliard de personnes dans 61 pays.
Grâce au peuple chinois, les troupes japonaises n'ont pas été en mesure d'aller plus loin et d'attaquer la partie orientale de l'Union soviétique, ou de faire des incursions en Inde, en Australie ou même au Moyen-Orient, comme le président américain d'alors Franklin D. Roosevelt le craignait dans son scénario du pire. D'autre part, l'échec du Japon à coloniser la Chine a renforcé le moral des combattants antifascistes à travers le monde, et les a unis en une force colossale.
C'est pourquoi la Chine a toutes les raisons de célébrer la victoire durement acquise contre le fascisme. Les dirigeants occidentaux ont utilisé la participation de la Russie dans la crise ukrainienne comme excuse pour boycotter le défilé de la victoire à Moscou en mai dernier. Aujourd'hui, ils refusent d'assister aux événements commémoratifs de Beijing, ce qui est inacceptable. En tenant un défilé militaire un autre jour que sa fête nationale, la Chine, en tant que puissance montante, envoie le message qu'elle est prête à renoncer à son statut de « victime ». Outre le fait de rappeler aux générations d'après-guerre en Chine et au Japon la paix durement acquise et l'importance de son maintien, les événements commémoratifs de Beijing montreront la détermination de la Chine à préserver l'ordre mondial et la stabilité régionale de l'après-guerre, plutôt que de les diminuer.
Dans son livre récent, Forgotten Ally: China's World War II 1937-1945, Rana Mitter, professeur d'histoire à l'Université d'Oxford, explique que le rôle de la Chine a été négligé dans les récits occidentaux et appelle à une évaluation plus juste pour aider les gens à tirer les leçons de l'histoire et « éviter de répéter les mêmes erreurs ».
Ceci est exactement pourquoi Beijing et Séoul veulent obtenir des excuses sincères des dirigeants japonais. La tendance conservatrice dangereuse du premier ministre japonais Shinzo Abe, illustrée par l'adoption de deux nouveaux projets de loi en matière de sécurité, déclenche une bombe à retardement en Asie orientale. Il n'y a pas de raison de politiser les événements commémoratifs à Beijing, parce que cela signifierait à tort que l'Occident n'accueille pas la montée de la Chine, et que le Japon ne veut pas exprimer ses remords au sujet du passé et apprendre les leçons de l'Histoire.
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