La visite de Xi Jinping aux Etats-Unis en préparation dans les deux pays

Des visites de hauts fonctionnaires de Chine et des Etats-Unis auront lieu en préparation de la prochaine visite d'Etat en septembre du président chinois Xi Jinping, qui marquera la première visite d'Etat dans le pays d'un président chinois depuis 2011.

Selon les analystes, les hauts fonctionnaires évalueront l'impact de la récente escalade des tensions sur les questions liées à la cybersécurité et à la mer de Chine méridionale, avant la visite de M. Xi.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Lu Kang a déclaré lundi que plusieurs hauts responsables américains se rendront en Chine en août et en septembre, et que des fonctionnaires chinois iront aux États-Unis.

Niu Jun, professeur de relations internationales à l'Université de Pékin, a déclaré qu'outre finaliser le calendrier et les détails protocolaires de la visite de M. Xi, les fonctionnaires sont susceptibles d'échanger des vues sur la cybersécurité et la mer de Chine méridionale, des questions qui ont soulevé des tensions au fil des mois qui ont suivi l'annonce officielle de la visite en février.

« Les reportages dans les médias américains qui accusaient la Chine d'être le plus grand suspect de piratage en ligne ont fait de la cybersécurité une question prioritaire dans les relations bilatérales, et le ton ne semble pas s'être apaisé en dépit de la prochaine visite d'Etat », a déclaré M. Niu.

« Quant à la question de la mer de Chine méridionale, les deux parties cherchent à trouver une solution acceptable pour gérer la situation régionale », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que les fonctionnaires qui préparent la visite évalueront l'impact de ces questions sur les relations bilatérales et sur l'atmosphère sociale, et décideront si ces sujets méritent d'être placés au sommet de l'ordre du jour.

Il a rappelé qu'il est habituel d'envoyer des fonctionnaires en repérage avant les voyages importants des dirigeants politiques, et que ceux-ci font en sorte que les préparatifs aient lieu sans problème.

Les relations sino-américaines se sont réchauffées après la visite du président américain Barack Obama à Beijing en novembre. Les dirigeants des deux plus grandes économies du monde ont eu un entretien en tête-à-tête qui a duré près de cinq heures au centre de la vie politique de la Chine, Zhongnanhai. Des accords ouvrant la voie à des visas prolongés pour les hommes affaires, les touristes et les étudiants, et sur la réduction des émissions de carbone, font partie des grandes réalisations permises par ces discussions.

En mars 2014, la première dame des Etats-Unis Michelle Obama et ses deux filles ont effectué une visite de sept jours en Chine.

Plus récemment, une controverse a été soulevée par des reportages du New York Times qui accusent la Chine d'avoir volé les données personnelles de plusieurs millions d'Américains en piratant les bases de données de l'Office of Personnel Management.

En outre, les tensions sont fortes au sujet de la mer de Chine méridionale. La Chine a exprimé ses préoccupations après des survols américains de surveillance militaire, et des responsables politiques américains ont critiqué les activités de construction entreprises par la Chine sur les îles Nansha.

Jeffrey Bader, membre senior de la Brookings Institution et ancien assistant spécial du président Obama pour les affaires de sécurité nationale au Conseil national de sécurité, a dit au China Daily dans une interview que les questions relatives à la mer de Chine méridionale et à la cybersécurité ne pourraient être résolues.

« Ces questions doivent être gérées prudemment », a-t-il déclaré. « J'espère que le président Xi Jinping trouvera un moyen de réduire les tensions sur ces deux sujets, en faisant des déclarations ou en prenant des décisions qui indiquent une direction claire. »

« Je pense que Xi Jinping peut contribuer efficacement » à la résolution de ces questions, a estimé M. Bader, qui a décrit le président chinois comme un leader doté d'une « très bonne touche personnelle ».

Wang Fan, professeur de relations internationales à l'Université des affaires étrangères de Chine, a dit que la Chine envisage, lors de la visite de M. Xi aux Etats-Unis, de formuler des orientations politiques pour la prochaine décennie.

Les deux nations parviendront à conclure des accords stratégiques pour créer les bases de leurs relations bilatérales futures, a prédit M. Wang.

Un consensus déjà acquis entre les deux pays est la réalisation que ni la Chine, ni les Etats-Unis, ne bénéficieraient d'une confrontation, a-t-il noté, et que la coopération est la meilleure approche pour développer des relations interdépendantes.

« Les Etats-Unis doivent comprendre la puissance croissante de la Chine et ne pas interpréter de manière erronée sa poursuite pacifique d'un plus grand statut et d'une influence internationale plus élevée », a-t-il ajouté.

M. Wang a dit que les relations bilatérales ont évolué en raison du moindre écart entre les deux puissances, et que les tensions ont augmenté parallèlement à l'approfondissement de la coopération. Les accords conclus durant la prochaine visite stabiliseront les relations bilatérales pour le futur, a-t-il estimé.

Alors que la lutte contre les militants extrémistes de l'Etat islamique au Moyen-Orient, l'accord sur le nucléaire iranien et les tensions avec la Russie sur la question ukrainienne sont actuellement considérés comme les priorités de la politique étrangère des Etats-Unis, certains responsables politiques et médias américains critiquent souvent la Chine, en dépit de leurs relations bilatérales globalement positives. Le commerce bilatéral représentait près de 600 milliards de dollars l'année dernière, et 270 000 étudiants chinois, qui représentent environ un tiers des étudiants étrangers actuellement aux Etats-Unis, font leurs études dans des universités et collèges américains.

Les deux pays ont aussi récemment échangé des listes négatives dans le cadre des négociations pour un traité bilatéral d'investissement (BIT) et une liste plus courte devrait être échangée dans les deux prochains mois. L'accord BIT devrait ouvrir de nouvelles opportunités dans les liens bilatéraux d'investissement.