Maurice Gourdault-Montagne : une attirance et un intérêt réciproques entre la Chine et la France

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Maurice Gourdault-Montagne, interview
French.china.org.cn | Mis à jour le 03-06-2015

Maurice Gourdault-Montagne : une attirance et un intérêt réciproques entre la Chine et la France
 

Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Chine depuis le mois d'août 2014, a récemment accordé une interview au portail d'information China.org. De nombreux sujets ont été abordés pendant l'entretien, tels que les relations sino-françaises, le tourisme, la Conférence de Paris ou encore les investissements chinois en France.

 

Q : Monsieur l'ambassadeur, bonjour ! Merci d'avoir accepté notre interview. Nous allons peut-être commencer par votre parcours : vous avez été en Inde, au Japon, en Allemagne, au Royaume-Uni, un petit peu partout dans le monde. Maintenant vous êtes en Chine, quelle est votre impression sur le pays ?

R : Il est toujours très difficile de comparer un pays à un autre, parce qu'un pays c'est un tout. Dans un pays, il faut regarder sa culture, les gens qui l'habitent, son histoire, ses activités. J'ai la chance d'avoir été en poste dans de grands pays européens et dans de grands pays d'Asie, mais même un pays plus petit peut dire parfois qu'il est un grand pays par sa culture. J'ai eu la chance d'aller dans des pays qui avaient et ont un rôle à jouer dans le monde, et ce qui m'intéresse après mon parcours dans de grands pays européens notamment, c'est de me trouver en Chine à un moment où le monde est en train de se réorganiser, où les anciens pays qui dominaient sont des pays qui ont un rôle différent, qui sont contraints de s'unir dans le cadre de l'Europe, c'est le cas de la France avec l'Allemagne, avec l'Angleterre aussi et avec quelques autres. D'autres pays sont en train de devenir plus importants, et deviennent même essentiels à la marche du monde. C'est le cas de la Chine, et ce qui me frappe dans l'expérience que j'ai de cette région du monde, c'est que j'ai, pendant cinq ans, mené le dialogue stratégique pour le président Chirac, et je venais au moins deux fois par an en Chine pour rencontrer le conseiller d'Etat Dai Bingguo pour le dialogue stratégique, et la Chine était alors en plein développement. La dernière fois que je suis venue en Chine, c'était en 2007, aujourd'hui en 2015, je vois une Chine qui est résolument dans la modernité, une Chine qui est un acteur qui non seulement compte de plus en plus, mais qui a un poids sur la scène internationale et qui est un véritable acteur de la globalisation. Je trouve absolument passionnant d'être en Chine au moment où la Chine redéfinit son modèle de croissance et où elle ouvre de nouvelles voies pour la coopération internationale. Il s'agit donc pour nous Français de nous adapter à ce monde qui est en train de changer et où nous avons quelques atouts, parce que la France parle à la Chine en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, que nous sommes tous les deux, et cette proximité nous permet de travailler ensemble et d'échanger sur l'ensemble des sujets et de l'évolution du monde.

 

Q : Vous êtes arrivé en Chine en 2014 ; c'est l'année du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, et c'est une année qui fut riche en évènements culturels organisés par les deux pays dans le cadre de ces célébrations. L'année 2015 sera une nouvelle page dans l'histoire des relations sino-françaises. Que pensez-vous de ces relations aujourd'hui ?

R : C'est très important de dire qu'on a 50 ans de relations diplomatiques, parce que lorsqu'on évoque un cinquantenaire, un anniversaire, il faut certes regarder en arrière mais aussi mesurer le chemin parcouru. Et à regarder les relations franco-chinoises, on se dit qu'en 50 ans nos deux pays ont parcouru un long chemin ensemble et ont survécu à bien des difficultés. Nos pays ont changé, le monde a changé, les rapports internationaux ont changé. Il y a eu des guerres qui se sont terminées, d'autres ont commencées, il y a eu des inventions et de la créativité … et c'est aujourd'hui une nouvelle manière de travailler ensemble qui est en train de se mettre en place. Donc, le bilan de ces 50 ans est très positif et maintenant on regarde vers l'avenir, et comme vous le dites, en 2015, on entre dans une nouvelle phase. C'est ce que je disais tout à l'heure, le monde se réorganise, nous devons pouvoir utiliser ces 50 années de relations constructives entre la France et la Chine et perpétuer l'esprit et le pari audacieux et visionnaire de deux hommes d'exception, le général de Gaulle et le président Mao. Je crois que dans la relation franco-chinoise, il faut être audacieux. Nous l'avons été en 1964, c'était la guerre froide, il y avait d'un côté l'Est et de l'autre l'Ouest, et deux hommes ont décidé qu'il fallait regarder le monde différemment et, ont semé les premières graines du monde multipolaire que nous construisons aujourd'hui. Il faut envisager l'avenir dans un monde multipolaire avec audace et courage et créer ce que sera le monde de demain : de nouvelles coopérations, de nouveaux territoires de croissance, de nouvelles organisations. Alors, s'agissant de la France, ce qui nous aide c'est la relation culturelle. La France et la Chine sont des pays qui ont une dimension culturelle très ancienne, qui ont une histoire ancienne. L'histoire de la Chine est plus ancienne que celle de la France,néanmoins, nous avons du recul, nous pouvons mesurer l'histoire, et c'est là-dessus que nous nous appuyons. C'est pour ça qu'en 2014, pendant l'année du cinquantenaire, il y a eu de nombreux évènements culturels qui ont permis de mieux nous connaitre, d'approfondir notre connaissance réciproque.

 

Q : La Conférence de Copenhague de 2009, qui était considérée comme le « sommet de la dernière chance pour le climat », s'est clôturée sur des résultats que l'on peut qualifier de décevants, et aujourd'hui certains pensent que la Conférence de Paris ne sera qu'un autre Copenhague. Qu'en pensez-vous ?

R : Je crois que c'est une vision très pessimiste, qui n'est pas exacte, parce que nous avons pu tirer les leçons de Copenhague. Sur le climat, nous travaillons ensemble à un accord lors de la COP21 sous la présidence du Ministre Laurent Fabius. C'est une priorité de la diplomatie française qui préside la conférence en décembre 2015, et qui cherche à mettre en place une Alliance de Paris pour le climat au mois de décembre. Assurer la présidence, c'est jouer le rôle de facilitateur de la conférence,la France se doit d'être impartiale, ambitieuse, et avoir un esprit de compromis. Nous essayons de construire un dispositif à plusieurs dimensions. D'abord, il y aura un accord universel, ambitieux, durable et juste entre les Etats : cet accord entre les Etats devra reconnaître la diversité des circonstances nationales, en proportionnant l'effort aux responsabilités et capacités de chacun. C'est un sujet dont nous parlons très étroitement avec nos partenaires, et en particulier avec nos partenaires chinois.Il n'y aura pas de succès à Paris sans l'engagement fort de la Chine qui est un partenaire essentiel.Nous considérons qu'il faut avoir des responsabilités communes, mais différenciées, parce que nous ne sommes pas au même point de départ. Il faut mettre en place des outils pour permettre aux économies des pays qui n'ont pas eu le temps de s'adapter, c'est ce qu'on appelle l'adaptation. Il faut donner des moyens financiers à ces pays pour permettre à leurs économies qu'ils s'adaptent et deviennent des économies bas carbone : elles doivent s'engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour arriver en dessous des 2℃ d'augmentation de la température dans les décennies qui viennent. En Chine, il y a des bons exemples, en France, également comme dans d'autres pays. Et il faudra, à l'occasion de la conférence, mettre en avant les villes et les régions pilotes. Il y a par ailleurs toute la dimension qui concerne le financement, c'est-à-dire le « fonds vert », les 100 milliards qui doivent être mis en place d'ici 2020 pour aider les pays, et il faudra sans doute des étapes pour que, au fur et à mesure que nous avancerons sur une trajectoire de baisse des émissions de carbone, on puisse vérifier et faire le point entre nous pour savoir où nous en sommes et mettre au point un mécanisme pour cela. Mais nous parlons avec nos partenaires chinois et avec le reste du monde dans le cadre de l'ONU, et je suis très confiant dans un bon résultat qui redonne confiance aux gens, et qui soit une opportunité économique, car si on transforme notre économie en économie bas carbone, c'est une opportunité pour créer de nouveaux moyens économiques, de nouveaux moyens de production, et par là même de la recherche et de l'emploi, et c'est ce qui peut rendre service au monde.

 

Q : La France est un des premiers pays européens à avoir manifesté le souhait de rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures ; quelle est son opinion sur la répartition des droits de vote ?

R : Ce qui est important, c'est le projet lui-même. Dès qu'elle a appris que la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures allait être créée par la Chine, elle a pensé que c'était une bonne idée. Et nous avons suscité un dialogue avec nos partenaires européens, pour pouvoir nous mettre d'accord sur ce que nous pouvions faire ensemble vis-à-vis de cette Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. Pourquoi nous avons trouvé que c'était un bon projet ? C'est parce qu'il y a un grand besoin d'infrastructures en Asie et dans le reste du monde, et donc nous nous sommes dit que c'était un outil nécessaire, que la Chine en avait pris l'initiative, que c'était une bonne initiative et que nous allions soutenir cette initiative. Alors, évidemment, il faut essayer d'avoir la meilleure gouvernance possible, la meilleure soutenabilité possible pour les projets ; nous y travaillons avec les partenaires chinois qui ont pris l'initiative. Là, je suis très confiant. Notre idée, c'est que cette banque répond à un besoin de notre époque. Le monde change, nous ne sommes plus en 1945, nous sommes dans un monde qui a changé, et dans ce monde il faut saisir les bonnes idées. Sur les parts de chacun, c'est une affaire technique qui sera discutée entre les techniciens de la banque. Ce qui est important pour nous, c'est que cette banque fonctionne, qu'elle mette en œuvre des projets, que ces projets servent au développement, qu'ils permettent aux pays de connaitre la prospérité économique, qu'elle permette des coopérations entre les pays, dégage des nouvelles zones de croissance, en particulier le long des routes de la soie par exemple, mais dans d'autres régions aussi. Bref, c'est un projet d'avenir et je suis sûr qu'il y en aura d'autres aussi, mais il faut saisir les projets quand ils passent.

 

Q : Aujourd'hui, les Chinois sont attirés par la gastronomie et le patrimoine français, et ils sont de plus en plus nombreux à décider de passer leurs vacances en France, mais en même temps certains s'inquiètent de leur sécurité pendant leur séjour en raison des vols et des agressions dont ont été victimes de nombreux Chinois pendant leur séjour en France ces dernières années. Pensez-vous que la situation va s'améliorer ?

R : D'abord, la France est un grand pays de tourisme. Nous avons chaque année 80 millions de touristes en France, c'est donc plus que la population française. Ces touristes, ils viennent tous les ans, donc ils s'y trouvent bien. Nous leur souhaitons la bienvenue. Nous avons un pays avec beaucoup de diversité de paysages, beaucoup de diversité gastronomique, beaucoup de diversité culturelle, et les touristes chinois, qui ne sont pas encore 2 millions pour le moment, sont les bienvenus. Nous avons même mis au point, pour faciliter la venue des touristes, un visa qui est délivré en 48 h. Nous sommes le seul pays à donner un visa en 48h avec un très faible taux de rejet, puisqu'en fait 95% des demandeurs de visa obtiennent leur visa, 5% seulement sont refusés. Nous sommes donc un pays ouvert, nous souhaitons qu'il y ait de plus en plus de touristes, nous visons pour 2020 cinq millions de touristes chinois, qui viendront avec les autres touristes. Alors, comme dans tous les pays, il y a parfois des problèmes de sécurité. Il y a eu en 2013 des problèmes qui ont choqué, et nous avons pris le problème à bras-le-corps, des mesures ont été adoptées, des patrouilles ont été mises en place près des grands magasins, près des hôtels qui sont fréquentés par les Chinois. Il y a également des zones où les tour-operators font descendre les touristes qui sont des zones plus à risque. Dans toutes les villes il y a des quartiers qui sont plus risqués que d'autres, et là nous recommandons d'éviter ces quartiers. Mais dans l'ensemble la situation s'est considérablement améliorée, d'ailleurs les statistiques le montrent, et donc nous espérons que les touristes chinois viendront chez nous avec le plus de tranquillité possible, c'est déjà le cas. De la même manière, je souhaite aussi que pour les touristes français en Chine, qui eux aussi font l'objet d'agressions – nous avons un registre dans lequel nous le marquons –, qu'il y ait le moins possible de vols ou d'agressions, mais c'est très peu de chose. Nous souhaitons que la situation soit la meilleure possible pour nos amis chinois qui viennent visiter la France. Et j'ajouterai que la France n'est pas seulement un pays pour les touristes, c'est aussi un pays où les étudiants sont bien accueillis – j'espère que vous avez eu un bon séjour comme étudiant quand vous étiez en France. C'est le cas des étudiants, des chercheurs et des investisseurs. Nous pensons qu'il faut que les investisseurs chinois viennent regarder le marché français. Il y en a, mais il devrait y en avoir encore plus. La part des investissements étrangers chinois en France est encore trop faible et il y a d'énormes possibilités entre nous dans beaucoup de secteurs.

 

Q : Vous avez parlé des investissements, nous avons beaucoup parlé des investissements chinois en Europe ces deux dernières années, mais les investissements chinois ne représentent qu'1% des investissements directs étrangers en France. Quels sont les atouts de la France pour attirer les capitaux chinois par rapport aux Etats-Unis et aux autres pays européens ?

R : Vous avez raison, les investissements chinois en France représentent à peine plus d'1% des investissements directs étrangers en France. Nous avons en France 400 milliards d'investissements étrangers, et un peu plus de 4 milliards d'investissements chinois. Il y a donc de la place pour la Chine. Les premiers investisseurs en France sont les Américains, ensuite ce sont les Allemands. Je crois que les atouts de la France sont de plusieurs ordres. D'abord, il y a en France une main-d'œuvre très productive, et très qualifiée, dans beaucoup de domaines de la haute technologie. Ensuite, la France est un pays de recherche, et de recherche de pointe, donc il y a beaucoup de secteurs où la France est en avance. La France est une terre d'inventeurs et d'ingénieurs, et d'ailleurs nos partenaires chinois le savent bien, cela fait longtemps que nous échangeons dans ce domaine. Ensuite, la France a une position géographique particulière : nous sommes un pays d'Europe, mais nous sommes au bout du continent européen, nous sommes entre le nord et le sud de l'Europe, mais nous sommes aussi, de par notre histoire, tournés vers l'Afrique. Donc la France est un point de passage vers l'Afrique du Nord et l'Afrique francophone au sud du Sahara. Et quand on investit en France, on va vers la francophonie. Une grande compagnie par exemple, Hainan Airlines, a investi dans Aigle Azur, qui est une compagnie aérienne avec des opérations vers l'Afrique,parce que la France est le point de passage vers l'Afrique. Nous avons également des infrastructures de transport, des infrastructures routières, des infrastructures de la vie courante qui facilitent la vie, nous avons des mécanismes pour les investissements dans la recherche qui permettent de reporter le paiement des impôts – ça s'appelle le crédit d'impôt recherche. Nous avons, contrairement à la réputation qu'on nous fait, un niveau de taxation qui dans certains secteurs est le plus intéressant d'Europe – je pense en particulier au secteur du digital, où la France est le pays qui taxe le moins les investissements dans ce domaine ; nous sommes dans une réforme de notre marché du travail, nous sommes dans une réforme des charges sociales qui pèsent sur les entreprises. Donc la France est un pays qui a des atouts, et c'est un pays qui bouge, et donc, je pense que de ce point de vue, la France est un pays qui offre beaucoup d'atouts aux investisseurs. Et enfin, dernier point, quand vous investissez en France, vous n'investissez pas seulement en France, vous investissez en Europe. Parce qu'il ne faut jamais oublier que l'économie française est intégrée à l'économie européenne, et en particulier à l'économie allemande. Quand vous avez une voiture allemande, qu'elle soit fabriquée en Europe ou en Chine, il y a de 60 à 70% de savoir-faire allemand, et de pièces allemandes mais il y a de 30 à 40% de pièces françaises. Les équipementiers en Europe sont d'abord des équipementiers français. C'est Faurecia, Valeo et beaucoup d'autres. Ce sont des choses qui ne sont pas assez connues. Donc, un investissement en France, c'est un investissement dans le reste de l'Europe aussi. Et enfin la France est la 2e économie du marché unique, des 28 de l'Union européenne, et elle est la 2e économie de la zone euro. La France et l'Allemagne ensemble représentent 47% du PNB de la zone euro, presque la majorité.

 

Q : Cette année en Chine, c'est l'année où le gouvernement met en œuvre sa politique de réforme approfondie et de lutte contre la corruption. Comment pensez-vous que ces politiques vont changer le pays ?

R : Je n'ai pas à juger les décisions prises par le gouvernement chinois. Le gouvernement chinois a décidé d'approfondir les réformes, dans la ligne de ce que Deng Xiaoping avait initié en 1978. Le Président chinois a décidé la « nouvelle normalité », et a réorienté le modèle de croissance de la Chine en prenant mieux en compte les aspirations de la population. Ce qui m'importe, c'est que la Chine continue d'être un acteur impliqué et responsable dans la vie internationale. Et c'est ce que je constate, c'est important pour le partenaire français d'être aux côtés de la Chine dans son développement. La Chine est un pays en total développement, qui a encore des zones à développer, c'est un pays qui fait partie de plusieurs organisations internationales, je pense à l'OMC par exemple. Il est important que la Chine puisse jouer tout son rôle sur la scène internationale, que la Chine soit un partenaire en qui on a confiance. Et s'agissant de la France, je dois dire que nous avons confiance dans la Chine.

 

Q : En tant que première destination mondiale du tourisme, la France attire chaque année de nombreux touristes chinois. Certains souhaitent découvrir le pays en dehors de sa capitale, mais ils ne savent pas trop où aller. En tant qu'ambassadeur de France en Chine, quelles villes ou régions leur recommanderiez-vous ?

R : Je pense qu'il faut d'abord savoir s'il s'agit de tourisme de groupe ou de tourisme familial. Quand on fait du tourisme en famille, on ne va pas dans les mêmes lieux que ceux fréquentés par le tourisme de groupe qui privilégie les grosses infrastructures. Actuellement, nous développons de plus en plus le tourisme familial avec les Chinois.Si une famille, parents, enfants, grands-parents, choisit la France comme destination, elle peut aller dans de très nombreuses régions où la majorité des touristes ne vont jamais. La France est connue pour sa très grande diversité, donc il m'est très difficile de vous dire d'aller à tel endroit plutôt qu'à tel autre. Vous pouvez aller en Bretagne, en Provence, vous pouvez aller dans le Sud-Ouest, vous pouvez aller en Alsace, vous pouvez aller dans le Nord ou dans le Massif central. Il y a tellement de régions différentes et dépaysantes, où vous trouverez des gastronomies différentes, une expression culturelle particulière dans l'architecture et dans le choix des matériaux, dans les paysages, qui sera différente. Tous ceux qui ont visité la France trouvent du plaisir à être dans une région ou une autre ; ce qu'il faut c'est venir en France plusieurs fois. Grâce au visa de circulation de 5 ans que nous donnons, dès qu'un Chinois est déjà venu en France une ou deux fois, les allers-retours sont faciles.

 

Q : Après l'attentat contre Charlie Hebdo, rien n'a changé en matière de politiques de la France relatives aux minorités et à l'immigration. Comment la Chine et la France peuvent-elles travailler ensemble dans la lutte contre le terrorisme ?

R : D'une part, il y a la lutte contre le terrorisme international: c'est une lutte que tous les pays du monde doivent mener ensemble. Je pense en particulier à la lutte contre le terrorisme dans la région de la Syrie et de l'Irak, contre le prétendu Etat islamique, qui ne représente pas l'islam. Là, il y a une véritable lutte à mener avec tous les moyens d'information à notre disposition. Il y a le phénomène des combattants étrangers qui partent de nos pays pour combattre. Et sur cette délicate question, il y a sûrement des choses à faire ensemble. Ensuite, il y a eu l'attentat contre Charlie Hebdo, attentat commis par des fouscontre des journalistes pour les tuer parce qu'ils condamnaient non seulement ce que ces journalistes écrivaient, mais aussi ce qu'ils dessinaient, puisque le dessin politique, la caricature, est une tradition de la presse dans tous les pays, et en Europe particulièrement, c'est une tradition qui remonte avant la Révolution française . En réaction à cet attentat, les citoyens français sont descendus dans la rue par millions et ont exprimé leur attachement à la tolérance et à la liberté d'expression : on ne tue pas quelqu'un parce qu'il a dessiné quelque chose avec son crayon. Un crayon, ce n'est pas dangereux. La question de savoir si on doit protéger les minorités ou pas ne se pose pas en France. Nous n'avons pas en France de minorités nous avons la République française une et indivisible, avec des citoyens libres et égaux en droits. Un citoyen français, quelle que soit son origine, est un citoyen français. Il peut avoir une origine culturelle différente, mais ce qui importe dans le droit et pour le citoyen, c'est qu'il soit Français. Il peut être français depuis des siècles, parce que sa famille est en France depuis toujours, il peut être français depuis hier, ça n'a aucune importance. Il est citoyen français. En revanche, ce qui est vrai, c'est que dans certaines régions, dans certaines villes ou quartiers, il y a certaines catégories de la population, des citoyens, qui doivent bénéficier d'une meilleure éducation, de meilleurs moyens économiques, qui doivent trouver un travail, qui doivent recevoir des formations. C'est à cela que nous travaillons. Je le répète les citoyens français sont libres et égaux en droits quel que soient leur origine et leur religion.

 

Q : Une dernière question : en tant que nouvel ambassadeur, quel est votre plus grand souhait pendant la durée de votre mandat ?

R : Mon plus grand souhait, c'est de pouvoir contribuer à une meilleure connaissance des Français et des Chinois entre eux, tout simplement parce qu'il y a une attirance et un intérêt réciproque depuis toujours. Je pense qu'on ne se comprend pas toujours, et qu'il faut améliorer notre niveau d'échanges et de coopération. La coopération économique doit nous permettre d'aboutir à un rééquilibrage de nos échanges, à faire venir des investissements dans nos pays respectifs, à développer ensemble des projets, mais aussi à les réussir ensemble. Mon souhait le plus cher, c'est, dans le cadre de ce qui a été décidé par les présidents Xi Jinping et François Hollande en 2014, de favoriser le dialogue sur les échanges humains, à savoir la mobilité des jeunes générations : faire en sorte que davantage d'étudiants puissent se déplacer, que des jeunes scolaires, des jeunes lycéens, puissent voyager, connaitre la langue de l'autre, connaitre la culture de l'autre. Si la relation entre deux pays, c'est la relation entre deux Etats, deux gouvernements qui ont la volonté de travailler ensemble, c'est d'abord et surtout une relation entre les hommes et les femmes de deux pays. Et s'ils s'estiment, alors tout est possible.

 

Q : Merci d'avoir répondu à nos questions ; je vous souhaite un très bon séjour en Chine et un agréable mandat !

R : Je vous remercie, à bientôt !


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