Les Chinois n'attachent pas d'importance au titre de première économie

Par : Vivienne |  Mots clés : Chine ,première économie mondiale
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-01-2015

par TANG SHUBIAO, rédacteur en chef de La Chine au présent

Nous avons reçu une question d'Antoine Briany, étudiant à l'École de commerce de Lyon : « Récemment, les médias étrangers ont relayé l'information selon laquelle la Chine serait devenue la première économie mondiale. Pourtant, la Chine est dans la réalité loin d'être celle décrite par les médias étrangers. Comment cela s'explique-t-il ? »

Le point de vue de notre lecteur est extrêmement pertinent. La Chine a été déclarée première économie mondiale, une nouvelle qui a fait les grands titres dans les médias internationaux.

Le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir qu'en termes de parité de pouvoir d'achat, la taille de l'économie chinoise avait dépassé en 2014 celle de l'économie américaine. Les quotidiens français comme Le Point, Le Figaro ont largement rapporté et commenté l'événement, estimant qu'il s'agissait d'un moment « revêtant une valeur symbolique » pour l'économie mondiale. Certains médias occidentaux ne reconnaissent cependant absolument pas la formulation du FMI. Le Wall Street Journal cite ainsi l'agence Bloomberg en disant que les États-Unis restent la première entité économique mondiale, que la formulation selon laquelle le PIB américain a été dépassé par le PIB chinois n'est qu'une fausse alerte.

Pour revenir à la question de notre lecteur, à savoir que la Chine ne semble pas être aussi développée que les pays occidentaux, c'est parce que la Chine n'est en fait pas un pays riche, il y a encore beaucoup à accomplir et le chemin à parcourir est encore long. Je souhaite profiter de l'occasion pour partager quelques informations sur la réalité en Chine.

Premièrement, la forte population en Chine. Le PIB chinois atteint 10 000 milliards de dollars en 2014. Si ce chiffre semble faramineux, il devient insignifiant rapporté à 1,3 milliard d'habitants. Les médias occidentaux ont relevé ce point. Bloomberg estime que selon les chiffres fournis par le FMI et calculé en parité de pouvoir d'achat, le PIB moyen par habitant en Chine ne se situe qu'à la 86e place mondiale, 76 places derrière les États-Unis.

Deuxièmement, les pauvres sont nombreux en Chine. Selon le Rapport des Nations unies sur les Objectifs de développement du Millénaire pour 2014, le nombre des personnes touchées par la pauvreté dans le monde a diminué de moitié, un succès à mettre principalement sur le compte de la Chine. Le rapport précise qu'en Chine, la proportion des personnes vivant dans des conditions d'extrême pauvreté est passée de 60 % en 1990 à 12 % en 2010, un résultat exceptionnel. L'Office de réduction de la pauvreté du Conseil des affaires d'État de Chine estime à plus de 82 millions le nombre de personnes vivant dans la pauvreté en 2013, selon les critères chinois (revenu quotidien moyen d'environ un dollar). Si l'on s'en tient aux critères internationaux (1,25 dollar par jour), ce chiffre passe à plus de 200 millions. Ces personnes ont non seulement des revenus faibles, mais dans certaines régions elles sont confrontées aussi à des difficultés d'accès à l'eau, aux voies de communication, à l'électricité, à l'éducation, aux soins médicaux ou aux crédits.

Troisièmement, le développement en Chine n'est pas équilibré. Tout d'abord entre les régions. En 2013, le PIB de Shanghai, le centre économique de la bordure orientale de la Chine, atteignait 353 milliards de dollars alors que celui du Yunnan, à la frontière sud-est du pays, atteignait 191,5 milliards de dollars (cours du 13 décembre 2014 de la Banque de Chine). Si pour la même année, on rapporte ces chiffres à la population de la municipalité de Shanghai (24,15 millions habitants) et à celle de la province du Yunnan (46,866 millions), l'écart est substantiel, que ce soit pour le PIB total ou le PIB par habitant. Par ailleurs, il existe un déséquilibre entre les villes et les campagnes. À titre de comparaison, le revenu disponible moyen des ménages à Shanghai, la ville la plus développée, représente plus du double de celui des ménages dans les campagnes. Enfin, il y a le problème de l'écart de richesse. Sur ce point, la Chine est comme les autres pays, c'est un fait indiscutable. Ma Jiantang, le directeur du Bureau national des statistiques de Chine, a indiqué qu'en 2013, le coefficient de Gini en Chine atteignait 0,473, un chiffre plus élevé que le niveau moyen mondial.

Quatrièmement, la Chine subit de graves problèmes écologiques. Le smog s'est par exemple déjà répandu dans tout le pays, avec des répercussions profondes sur la qualité de vie des habitants et sur l'indice de bonheur. Si vous communiquez avec des Chinois, vous verrez que très nombreux sont ceux qui vont volontiers sur Weibo (l'équivalent de facebook et twitter) pour y poster un ciel bleu ou la lune, et vous vous apercevrez qu'ils souhaitent et chérissent les jours de ciel bleu.

Il y a évidemment des transformations et des améliorations incessantes en Chine, tout comme en France.

Ces problèmes que nous venons d'évoquer, les Chinois en sont parfaitement conscients. Nous ne prêtons absolument pas d'importance au fait que la Chine est ou non numéro un. Nous souhaitons seulement que la politique sur l'approfondissement global des réformes en Chine puisse réussir. Nous pensons qu'un développement équilibré et respectueux de l'environnement est plus important. Nous considèrerons plus important de réduire la pauvreté et de mieux distribuer les revenus. Si la Chine atteint ses objectifs des « deux Centenaires », vous verrez que le pays prendra une apparence toute nouvelle.

 

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