La zone de libre-échange de l'APEC promouvra l'intégration économique régionale

Par : Yann |  Mots clés : APEC, intégration économique,
French.china.org.cn | Mis à jour le 29-11-2014

Le 28 février dernier, lors de la cérémonie de clôture de la première réunion de hauts fonctionnaires de l'APEC, le représentant chinois Tan Jian déclare que la zone de libre-échange reste l'un des problèmes à résoudre.

Depuis longtemps, l'APEC souhaite créer une zone de libre-échange pour l'Asie-Pacifique. Mis en sourdine pendant plusieurs années, ce projet, vivement soutenu aujourd'hui par la Chine et d'autres accords de coopération, revient à l'ordre du jour.

Cette année marque le 25e anniversaire de la création de l'APEC (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique). Tout au long de son développement, l'APEC, en tant que plate-forme importante de la coopération régionale, a largement promu l'intégration de l'Asie-Pacifique et contribué à l'amélioration du bien-être des gens qui la peuplent. Parmi les membres de l'APEC, la Chine est le plus grand pays en voie de développement. Depuis une vingtaine d'années, son économie, en s'intégrant progressivement à celle de la région Asie-Pacifique et du monde, a enregistré des progrès remarquables. La Chine est désormais l'une des plus importantes économies de la planète et l'un des principaux acteurs du commerce international. L'essor constant de ses importations reflète l'augmentation de sa consommation intérieure, mais aussi la transformation du rôle que joue le pays : l'« atelier du monde » est en train de devenir le « marché du monde ».

En faveur de l'intégration économique

Actuellement, l'APEC envisage la construction d'une zone de libre-échange en Asie-Pacifique, dans le but de promouvoir toujours plus l'intégration économique dans cette région. Bien que ce projet de zone de libre-échange en Asie-Pacifique ait été mis à l'ordre du jour en 2006, il y a de cela huit ans donc, il n'a pas connu d'avancement substantiel. D'autres accords de libre-échange voient cependant le jour dans la région Asie-Pacifique, lesquels alimentent à la fois l'intégration et la fragmentation de la zone. Dans ce contexte, il est clair que l'établissement d'une zone de libre-échange en Asie-Pacifique est dans l'intérêt commun des économies de la région. Malgré de grandes difficultés, ce moyen permettra avec force de maximiser les bénéfices régionaux.

Au cours des dernières années, l'APEC a été ébranlée par l'esprit de compétition qui régnait parmi les membres. Cette situation a rendu floue l'orientation de développement choisie par l'organisation. En 1994, l'APEC a proposé les « Objectifs de Bogor » visant à libéraliser et à faciliter le commerce et l'investissement au sein de la région. Ceux-ci ont tout de suite été reconnus unanimement par les membres. Ils ont insufflé une grande vitalité à l'APEC puisqu'à ce moment-là, les membres en voie de développement tablant sur l'exportation appelaient à cette libéralisation. Mais depuis le début du XXIe siècle, la capacité et le rôle de l'APEC à pousser l'intégration en Asie-Pacifique ont été grandement affectés : d'abord par les répercussions du 11 septembre ; ensuite, par le renoncement aux « Objectifs de Bogor » de la part des membres développés.

Par ailleurs, l'Accord de Partenariat transpacifique (TTP en anglais) que soutiennent les États-Unis depuis 2008 contribue évidemment aux divergeances au sein de l'APEC. Les membres participant aux négociations du TPP ne se préoccupaient plus de la coopération au sein de l'APEC, tandis que les autres se retrouvaient face à une APEC affaiblie.

Dans ce contexte, la Chine a décidé d'encourager la construction de la zone de libre-échange en Asie-Pacifique, de sorte à refonder les objectifs de coopération auxquels les parties consentent. De plus, l'interconnexion entre les pays de la région fait l'objet d'une grande attention, parce qu'elle servira non seulement de soutien important à l'établissement de cette zone, mais aussi de vecteur pour matérialiser la mise en place d'un partenariat en Asie-Pacifique.

La Chine : grand pays contributeur

En 2014, désignée « année chinoise de l'APEC », la Chine privilégie, sous le thème « Construire ensemble en Asie-Pacifique un partenariat orienté vers l'avenir », trois sujets : promouvoir l'intégration économique régionale ; favoriser le développement innovant de l'économie ainsi que la croissance et la réforme ; renforcer l'interconnexion des membres.

Pour cette « année chinoise de l'APEC », la plus grande priorité est de faire avancer efficacement la zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique, en élaborant notamment sa feuille de route. Pour ce qui est de l'innovation économique, de la croissance et de la réforme, l'accent est mis cette année sur « cinq piliers » pour les porter : la réforme économique, la transformation du modèle économique, la croissance par l'innovation, le soutien inclusif et l'urbanisation. Ces « cinq piliers » visent tous à rechercher de nouvelles forces motrices pour la croissance et à maintenir l'élan de développement économique lancé en Asie-Pacifique.

Par rapport à l'intégration économique et à l'interconnexion, le programme concernant la promotion de l'essor innovant de l'économie, de la croissance et de la réforme se distingue par son grand nombre de projets et ses idées pragmatiques. En jetant un regard global sur l'histoire de l'APEC, on constate que dans presque toutes les réunions des dirigeants des entités économiques de l'APEC, les discussions abordaient le développement. Cependant, ce florilège de paroles n'a pas débouché sur des actes. Cette année, la réunion de l'APEC a pour la première fois œuvré à promouvoir la croissance d'une manière méthodique et concrète, grâce à de profondes délibérations sur des sujets tels que le développement innovant, l'évitement du « piège des revenus intermédiaires », l'économie verte, l'économie maritime, l'économie en ligne, l'urbanisation, etc. Il est ainsi possible de parvenir à des consensus quant à la coopération pour le développement.

L'interconnexion est une grande notion qui a été énoncée pour la première fois par l'APEC en 2013. Elle porte sur les infrastructures, les institutions, ainsi que les échanges humains. Une coopération dans ces domaines est favorable pour établir une structure d'interconnexion régionale unie de niveaux multiples et promouvoir l'émergence d'un grand réseau, d'un grand marché et d'un grand développement en Asie-Pacifique. En 2013, l'APEC a formulé le APEC Framework on connectivity, plaçant ainsi ce principe d'interconnexion au cœur de la coopération.

L'APEC a pour tâche cette année d'élaborer un programme infaillible en la matière, pour favoriser son développement tangible à long terme. Comme l'interconnexion couvre de nombreux secteurs inhérents aux besoins des pays en voie de développement, le Master Plan on ASEAN Connectivity a d'abord été lancé par l'ASEAN. Ce concept d'interconnexion avait donc déjà été reconnu à travers la coopération Chine-ASEAN et celle « 10+3 » (ASEAN + Chine, Japon et Corée du Sud), ce qui a facilité son greffage dans l'organisme qu'est l'APEC.

Faire ainsi prospérer l'intégration de l'APEC, l'interconnexion et la croissance régionale constituent un choix pragmatique qu'a opéré la Chine. D'abord, le marché chinois de l'importation croît rapidement. D'ici cinq ans, la Chine importera des marchandises pour une valeur de 10 000 milliards de dollars. En promouvant l'intégration régionale dans ce contexte de progression du marché, la Chine souligne bien sa volonté de partager les dividendes de sa croissance avec les membres de l'APEC. De plus, la réalisation du concept d'interconnexion, en particulier pour les infrastructures, nécessite d'énormes fonds. À ce sujet, la Chine sollicite les membres de l'ASEAN à inclure l'interconnexion à leur coopération au sein de l'APEC. Cette attitude démontre non seulement que la Chine accorde une attention particulière aux pays en développement, mais aussi qu'elle est prête à apporter sa contribution à la connectivité régionale. Actuellement, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), une de ses initiatives, est en cours de construction. Une fois mise sur pied, elle devrait fournir un soutien financier majeur au développement de l'interconnexion régionale en Asie-Pacifique.

Autres accords de libre-échange en Asie de l'Est

Parallèlement à l'APEC, on compte de nombreuses coopérations bilatérales et multilatérales en Asie de l'Est. Par exemple, la zone de libre-échange Chine-ASEAN, déjà achevée ; mais aussi les zones de libre-échange Chine-Corée du Sud et Chine-Japon-Corée du Sud, ainsi que le Partenariat économique intégral régional (RCEP), tous en cours de négociation. Ces coopérations, se joignant aux efforts pour resserrer l'union des économies d'Asie-Pacifique, approfondissent le degré d'intégration des parties prenantes.

Établie en 2010, la zone de libre-échange Chine-ASEAN soulève actuellement des discussions concernant sa mise à jour. Cette zone a non seulement affermi l'interdépendance économique entre la Chine et l'ASEAN, mais forme aussi l'une des bases du RCEP, aujourd'hui en phase de négociation.

Quant aux concertations vis-à-vis de la zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud, elles jouent aussi un rôle actif pour celles du RCEP. Ces trois pays, figurant parmi les seize membres du RCEP, comprennent bien l'importance des dispositions de leur zone de libre-échange pour bâtir le RCEP. Malgré les frictions qui persistent entre la Chine et le Japon, les pourparlers sur la zone de libre-échange Chine-Japon-Corée du Sud sont toujours effectués avec application. Un délai a été fixé afin d'accélérer les tractations.

En outre, sont en cours les négociations concernant la zone de libre-échange Chine-Corée du Sud, qui devraient favoriser celles sur la zone Chine-Japon-Corée du Sud. Bien que la Chine et la Corée du Sud affichent encore des divergences de vue dans certaines industries, elles affirment avec certitude qu'elles parviendront à un consensus d'ici la fin de l'année. Pourrait alors se déclencher la réaction en chaîne que tout le monde attend, c'est-à-dire que la zone de libre-échange Chine-Corée du Sud entraîne la création de celle Chine-Japon-Corée du Sud, qui, elle, accélèrera la signature du RCEP, de sorte à promouvoir l'intégration économique dans la région Asie-Pacifique.

Objectif du gagnant-gagnant

Plate-forme pour la construction du partenariat mutuellement bénéfique de l'Asie-Pacifique, l'organisation de l'APEC était parvenue initialement à un consensus sur l'établissement d'une zone de libre-échange pour la région. Mais on peut dire que la préconisation de l'accord de Partenariat transpacifique par les États-Unis a eu pour effet secondaire le délaissement de ce projet dans un premier temps. Toutefois, il s'agit en réalité de la plus grande préoccupation de l'APEC dans cette « année chinoise ». La Chine, avec sa croissance rapide et sa puissance grandissante, jouera un rôle constructif de plus en plus important dans la coopération au sein de l'APEC. Que ce soit à travers l'ouverture de son marché ou son investissement dans des domaines clés, la Chine cherchera à augmenter les bénéfices pouvant résulter de la coopération régionale via l'APEC. Grâce à la contribution de la Chine notamment, les objectifs de l'APEC seront ainsi dirigés vers le principe du gagnant-gagnant.

 

WANG YUZHU, directeur du centre de recherche sur la coopération entre l'APEC et l'Asie orientale relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page