Lutte contre la corruption en Chine

Par : Vivienne |  Mots clés : Chine,corruption
French.china.org.cn | Mis à jour le 29-09-2014

Lutte contre la corruption en Chine

TANG SHUBIAO, rédacteur en chef de La Chine au présent

Maryse Letronc, professeure en droit international à Bordeaux, nous a interrogés sur la lutte contre la corruption qui s'intensifie actuellement en Chine. Elle souhaite savoir si ce mouvement anti-corruption a obtenu des résultats substantiels, quelles difficultés sont rencontrées au travers de sa mise en place, et quelles mesures le gouvernement chinois a adoptées pour le rendre plus efficace ?

Ce sont des questions qui préoccupent une foule de gens. Je voudrais parler de la fête de la Lune pour introduire ma réponse. Cette fête traditionnelle chinoise vient tout juste d'être célébrée (le 8 septembre dernier). Mais cette année, les gâteaux de lune qui la caractérisent ne se sont pas très bien vendus, bien que leur prix ait déjà été baissé pour les rendre accessibles aux revenus modestes. Certains y voient là une conséquence de la série de mesures engagées par le gouvernement central pour lutter contre la corruption.

Avant cette fête de la Lune, Wang Qishan, secrétaire général de la Commission centrale de contrôle de la discipline relevant du PCC, a soulevé la question des gâteaux de lune. « Bien que petits, les gâteaux de lune nous posent de grands problèmes depuis bien longtemps, a indiqué Wang Qishan. Alors que j'exerçais la fonction de maire de Beijing (de 2004 à 2007), j'ai visité un atelier de fabrication de gâteaux de lune à Tianjin. Leur production est scandaleuse, autant que leurs tarifs. Il arrive que certains gâteaux soient décorés d'or, et les boîtes renferment parfois des objets précieux non comestibles, tels que des téléphones portables, des bijoux ou de l'argent. Ces pots-de-vin sont acheminés d'un endroit à un autre, en complicité avec les services de logistique, faisant ainsi le tour de la ville sans que personne ne le remarque. Si ce problème n'est pas réglé efficacement, il deviendra un mur de plus en plus épais entre le parti au pouvoir et la population. »

Depuis l'arrivée de Xi Jinping au poste suprême du Parti en 2012, la lutte contre la corruption en périodes de fête constitue la mission primaire du travail du PCC. Le Parti souhaite, par la résolution de problèmes concrets, lancer une transformation globale de l'atmosphère au sein du Parti et de la société. Outre les gâteaux de lune, tout aliment coûteux susceptible d'être proposé lors de banquets payés par les fonds publics et tout cadeau luxueux pouvant être utilisé comme dessous-de-table figurent parmi les articles interdits à la consommation publique.

Ces deux dernières années, la lutte anti-corruption s'est raffermie dans les différentes régions et les divers secteurs, comme par exemple, au sein du Parti et de l'armée, ainsi que dans les cercles politiques et les entreprises d'État. Une quarantaine de fonctionnaires corrompus dans les plus hautes sphères du Parti et de l'armée ont été punis, tels que Zhou Yongkang (ancien membre permanent du Bureau politique du Comité central du PCC) et Xu Caihou (ancien vice-président de la Commission militaire centrale de Chine). Quant aux fonctionnaires aux postes inférieurs, ils sont d'autant plus nombreux à manifester un comportement dissolu. Le PCC adoptera une attitude de « tolérance zéro » face à la corruption. Toute personne qui désobéira à la discipline du Parti et à la législation nationale sera sévèrement sanctionnée.

Bien sûr, il est impossible de déterminer la réussite de cette lutte anti-corruption sur l'unique base des premiers chiffres obtenus. Cette lutte prendra du temps. Il faut élaborer une stratégie à long terme, traitant à la fois les problèmes de surface et de fond.

Aux yeux de Wang Qishan, la lutte anti-corruption en Chine doit être divisée en trois phases : premièrement, agir pour que les fonctionnaires n'osent pas être corrompus ; deuxièmement, faire tout pour qu'ils n'aient pas l'occasion d'être corrompus ; troisièmement, les conduire à ne pas vouloir être corrompus. Évoquant la situation actuelle, il a déclaré : « Je peux dire de façon responsable que le travail de la première étape a déjà commencé à faire son effet. »

Il y a encore un long chemin à parcourir. La progression vers les deuxième et troisième phases se fera à travers une réforme institutionnelle. Depuis 2012, certaines avancées ont été réalisées en ce sens, telles que l'envoi d'équipes d'inspection et la possibilité de soumettre des affaires de corruption à la commission de discipline supérieure. Par ailleurs, la coopération entre les organismes de contrôle disciplinaire, les bureaux d'audit, la police et les parquets a joué un rôle important, auquel s'est ajoutée la surveillance de l'opinion publique. Les réseaux sociaux tels que Weibo et WeChat ainsi que les médias publics ont mobilisé l'enthousiasme de la population à dénoncer les phénomènes de corruption.

Certains commentateurs affirment que cette lutte anti-corruption en Chine a eu un impact dissuasif sans précédent ; d'autres rappellent que quantité de défis restent à relever, notamment la réforme des mécanismes politiques et des structures du pouvoir, la modernisation du système de gouvernance ou encore le développement de la politique démographique. La Chine doit s'attacher non seulement à condamner les fonctionnaires coupables de corruption, mais également à introduire des mesures pour prévenir celle-ci. Ainsi, la Chine doit s'engager à la fois à réviser lois et règlements, ainsi qu'à faire grandir une culture d'intégrité. Le processus sera long et quelques revers seront inévitables. Armons-nous donc de patience...

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