Une « Fleur » s'est ouverte à Yiwu...

Par : LIANG Chen |  Mots clés : Yiwu, sino-arabes
French.china.org.cn | Mis à jour le 19-09-2014

Le 5 juin 2014, lors de la cérémonie d'ouverture de la 6e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-arabe, Xi Jinping a évoqué l'histoire d'un commerçant jordanien qui s'est installé en Chine, plus précisément à Yiwu : « Les relations sino-arabes connaissent aujourd'hui un rapide essor, qui a déjà lié le destin de personnes ordinaires issues de contrées différentes. Dans la province du Zhejiang, où je travaillais autrefois, Yiwu regroupe une multitude de commerçants arabes, dont un jeune homme jordanien qui se prénomme Muhannad. Il a ouvert un restaurant dans cette ville florissante, y introduisant la gastronomie arabe, et entamant une carrière couronnée de succès. Il a définitivement pris racine dans notre pays lorsqu'il a épousé une jeune femme chinoise. Ainsi, à travers ses efforts, un jeune homme arabe ordinaire a trouvé son bonheur en Chine, en affiliant son rêve personnel au rêve chinois. Une histoire mettant en lumière la possible combinaison parfaite des rêves chinois et arabe. »

Depuis que ce restaurant a été mentionné par le président chinois, ses affaires sont de plus en plus prospères. Le patron, Muhannad, mène une vie très heureuse à Yiwu, entouré de sa femme et de leurs deux fils, sans compter leurs nombreux amis chinois et arabes.

Le Restaurant Fleur à Yiwu

Un mois après la publicité gratuite faite par le président Xi, nous nous sommes rendus au Restaurant Fleur géré par Muhannad et sa femme, situé dans la rue nord de Chouzhou. Le ramadan venait de prendre fin. À 19h, le restaurant a ouvert ses portes et toutes les tables étaient bientôt prises d'assaut par les clients. À ce moment-là, Muhannad était encore en train de répondre aux questions d'un journaliste d'une chaîne TV. « Grâce au président Xi Jinping, notre restaurant est désormais connu de tous », a-t-il commenté.

L'histoire des relations entre la Chine et le monde arabe remonte à bien longtemps. Comme l'a noté Xi Jinping, les échanges sino-arabes constituent les premiers échanges amicaux menés entre les anciens peuples du monde. Dès le VIIe siècle, sous les dynasties des Tang et des Song, des Arabes du Moyen-Orient et des marchands de Perse ont commencé à arriver en Chine, en descendant vers l'est par la Route maritime de la Soie. En même temps qu'ils commerçaient avec la Chine, ils y introduisaient leur civilisation. Certains d'entre eux se sont établis dans ce pays, y fondant un foyer. Au fil des générations, une vraie communauté d'immigrés arabes s'est progressivement formée.

Dans le sud de la Chine, à Guangzhou, Hangzhou et Ningbo par exemple, s'observait ainsi cette diaspora musulmane. Après plus d'un millénaire de développement, appuyé de nos jours par la réforme et la politique d'ouverture de la Chine, la ville de Yiwu, située dans la province côtière du Zhejiang, a attiré des milliers de commerçants musulmans. Yiwu jouit d'ailleurs d'une grande renommée parmi les Arabes. Ils sont de plus en plus nombreux à y élire domicile. Certains prétendent même, pour plaisanter, que cette ville est en passe de devenir un « village arabe ».

Muhannad, 36 ans, parle bien chinois. En 2002, Muhannad s'est marié avec Liu Fang, une fille chinoise originaire de l'Anhui, devenant un « gendre de la Chine ». « J'ai quitté la Jordanie pour la Chine il y a une dizaine d'années. Au début, je donnais un coup de main à mon oncle, qui gère un restaurant à Guangzhou. C'est là que j'ai rencontré Liu Fang. Elle y était interprète. À force de travailler ensemble, nous nous sommes rapprochés petit à petit, puis nous sommes tombés amoureux. Plus tard, je suis parti dans sa ville natale pour y faire la connaissance de ses parents, et peu après, nous nous sommes mariés. »

En 2002, voyant que les Arabes commençaient à devenir de plus en plus nombreux à Yiwu, l'oncle de Muhannad a décidé de fonder dans cette ville une succursale, qui fut parmi les premiers restaurants arabes à s'ouvrir à Yiwu. En 2004, Muhannad et Liu Fang ont officiellement pris les rênes de cet établissement. Après la crise financière de 2008, le couple a refait toute la décoration, changé de chef cuisinier, modifié le menu et rebaptisé le restaurant « Hua Canting » (soit « Restaurant Fleur »).

Une authentique « Fleur » arabe

La majorité des gens qui viennent dîner au Restaurant Fleur sont arabes. Ce sont des habitués pour la plupart, qui connaissent bien le patron. Muhannad accueille chaque client à la porte et prend même le temps de bavarder un peu avec les clients réguliers. Quelques serveuses sont Chinoises et ne parlent pas arabe. Elles semblent donc un peu moins à l'aise que leurs collègues arabes, qui eux possèdent des notions de chinois.

En face de nous est assis un homme d'affaires venant du Yémen : Assad. Il mange souvent dans ce restaurant. C'est en anglais et dans un arabe approximatif que nous avons discuté quelque peu avec cet importateur de tissus de Yiwu vers le Moyen-Orient. « Ce restaurant propose des plats arabes authentiques. Il y a beaucoup de choix : pains plats, soupes traditionnelles et j'en passe ! » a-t-il décrit.

Les versets du Coran sont diffusés à travers la salle du restaurant, magnifiquement décorée selon un style arabe : plafond suspendu avec lustre orné de fleurs dorées. Pointant du doigt ces décorations, Liu Fang nous explique : « Les Arabes adorent la couleur or, c'est pourquoi c'est la teinte dominante ici. Les fleurs de toute variété qui embellissent le restaurant font naturellement référence au nom de ce dernier. D'ailleurs, notre logo est une fleur blanche, dessinée personnellement par mon mari. »

À son arrivée en Chine, Muhannad ne gagnait que 300 dollars par mois. Aujourd'hui, le couple exploite son propre restaurant ainsi qu'une entreprise d'import-export. Bien qu'occupé, Muhannad affirme mener une vie heureuse en Chine. Avec sa femme Liu Fang, ils ont deux fils : un de 11 ans, l'autre de 9 ans. Tous deux nés et élevés en Chine, ils parlent parfaitement chinois, qu'ils considèrent comme leur langue maternelle. Néanmoins, Muhannad souhaite que ses garçons suivent également des cours en arabe et découvrent la culture du monde arabe plus en profondeur.

Saveur arabe à Yiwu

Comme Muhannad, beaucoup d'Arabes ont ouvert leur restaurant à Yiwu. Chen Lin, employée d'une entreprise d'import-export à Beijing envoyée en mission à Yiwu, atteste : « Mes quelques jours passés à Yiwu m'ont laissée coi. Près de l'endroit où je loge, s'étire une rue bordée de restaurants, avec des enseignes en écriture arabe. Je me suis alors dit que c'était l'occasion rêvée de goûter la cuisine et je me suis aventurée au hasard dans un de ces restaurants. Une fois assise, j'ai remarqué que j'étais entourée de gens du Moyen-Orient. Incroyable ! J'avais le sentiment d'être dans un pays arabe. Curieusement, c'était maintenant moi l'étrangère. Vraiment une expérience à tenter si vous venez à Yiwu ! »

Ces restaurants sont toujours tenus par des Arabes, comme Muhannad. Afin de conserver le goût unique des plats, beaucoup d'épices sont acheminées vers la Chine depuis la Jordanie. Selon Muhannad, les Arabes étant de plus en plus nombreux en Chine, ces restaurants se livrent une concurrence accrue. D'après la petite enquête que nous avons menée, dans un rayon de 100 mètres autour du Restaurant Fleur, se trouvent pas moins de 20 restaurants de ce style. Et à entendre notre chauffeur de taxi, il ne s'agit pas de l'unique quartier arabe de Yiwu...

Cependant, ces restaurants sont bien plus chers que leurs concurrents chinois. Le midi, nous avons déjeuné dans un restaurant chinois, dans lequel nous avons déboursé 30 yuans pour un buffet ; le soir, nous avons dîné au Restaurant Fleur, où le buffet coûtait 100 yuans. Mais Muhannad rétorque : « C'est le prix de la qualité. »

« Ce que ma décennie de vie à Yiwu m'a apporté, c'est avant tout un bon nombre d'amis chinois et arabes. Avec ma femme et mes deux garçons, nous vivons tous très heureux en Chine, dans notre second foyer. À vrai dire, le rêve chinois dont parle le président Xi Jinping, c'est aussi le mien. À l'avenir, je compte parfaire la gestion de mon restaurant pour pouvoir ouvrir par la suite des succursales à Guangzhou, Shanghai et Beijing. En même temps, je tiens à faire grandir mon entreprise de commerce extérieur et à exporter davantage de produits chinois vers les pays arabes. Je tâche ainsi de devenir un messager de l'amitié sino-arabe », conclut Muhannad.

 

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