Les amis sincères sont les plus chers
Il est de notoriété commune que la Chine soutient le Congo-Brazzaville dans la construction d'infrastructures, mais saviez-vous que ce petit pays africain avait bâti une école primaire complète pour la Chine ? Reportage sur une belle amitié qui dure depuis 50 ans déjà...
Le 13 juin 2014, Denis Sassou Nguesso, le président de la République du Congo, a effectué une visite en Chine à l'invitation du président Xi Jinping. Il y a rencontré, à l'Hôtel des hôtes d'État de Diaoyutai, des élèves scolarisés dans l'école primaire de l'Amitié sino-congolaise, située au district de Chengduo dans la préfecture autonome tibétaine Yushu du Qinghai. Il les a interrogés sur leurs cours et leur vie à l'école.
Le 29 mars 2013, lorsque le président Xi Jinping a effectué une visite au Congo-Brazzaville, il a souligné que « les amis sincères sont les plus chers », citant en exemple cette école primaire chinoise construite par le Congo-Brazzaville. Il a indiqué : « En avril 2010, alors qu'un fort séisme venait de frapper la préfecture de Yushu au Qinghai, le gouvernement de la République du Congo nous a fait don d'une école primaire. Le président Denis Sassou Nguesso l'a dénommée l'école primaire de l'Amitié sino-congolaise. »
Un nouveau nom pour une nouvelle école
Depuis la ville de Yushu, il faut passer le col de Bayan Har à 4 824 m pour enfin arriver au district de Chengduo, à 200 km du chef-lieu de la préfecture. C'est là, au pied du mont Bayan Har, que se dresse l'école primaire de l'Amitié sino-congolaise. Kunga Jamyong, 50 ans, y enseigne depuis déjà dix ans.
L'école primaire de l'Amitié sino-congolaise était autrefois connue sous le nom de l'école primaire Wenle du district de Chengduo, un établissement destiné aux orphelins qui avait été financé et construit par le gouvernement de la préfecture de Yushu au Qinghai. Toutefois, en 2010, cette école n'avait pas échappé à la rage du séisme. Heureusement, personne n'avait été blessé, mais tous les bâtiments avaient été détruits, obligeant les enseignants et les élèves à poursuivre les cours dans des tentes de fortune.
Immédiatement après ce séisme, le président Sassou Nguesso avait envoyé un message de soutien à son homologue chinois d'alors Hu Jintao. Fin avril 2010, à l'occasion de sa venue en Chine pour assister à la cérémonie d'ouverture de l'Exposition universelle de Shanghai, il avait exprimé son vœu de faire don d'une école primaire à la zone sinistrée de Yushu.
Compte tenu des conditions géographiques de cette préfecture, les coûts de construction s'annonçaient assez élevés. Construire une école primaire avec un pensionnat constituait une trop lourde charge pour un petit pays africain tel que le Congo-Brazzaville, qui n'héberge qu'un peu plus de trois millions d'âmes seulement. Alors, après étude, la Chine avait proposé au Congo-Brazzaville de l'aider un peu, en construisant ne serait-ce qu'un bâtiment ou la bibliothèque. Mais le président Sassou Nguesso avait refusé : « Non, la République du Congo s'est engagée à construire une école primaire, une école primaire complète. Peu importe le prix, nous le paierons en totalité. »
Après accord, en février 2011, le Congo-Brazzaville a alloué 16 millions de yuans pour la reconstruction de l'école primaire Wenle du district de Chengduo. Finalement, cet établissement arborant un style architectural tibétain et pourvu d'équipements de pointe a été rebaptisé l'école primaire de l'amitié sino-congolaise.
Aujourd'hui, celle-ci s'étend sur 42 625 m² (soit quatre fois plus que l'ancienne), avec une surface bâtie de 10 483 m² (sept fois plus qu'auparavant). Elle compte actuellement 324 élèves, contre une centaine auparavant.
Les enfants : premiers bénéficiaires
De même que la superficie de l'école ne cesse de s'étendre, les conditions d'enseignement se sont grandement améliorées. Le nombre de salles de classe est passé de 3 à 13, un chiffre auquel il faut ajouter une salle de musique, un laboratoire, une bibliothèque, une salle informatique et une salle audio pour l'enseignement de l'anglais. Par ailleurs, ces conditions d'enseignement favorables permettent d'attirer et de retenir les professeurs.
Néanmoins, ce sont les enfants qui se réjouissent le plus de la sortie de terre de cette nouvelle école. Dorje Tsering, écolier en cinquième année (équivalent du CM2), se rappelle très bien ce qu'il avait ressenti lors de sa première rentrée dans l'établissement refait à neuf : « Mes camarades et moi, on courait partout pour jeter un œil aux salles de classe, à la fois grandes et confortables. On était tout fous ! »
Pour Kunga Jamyong, ces orphelins sont à la fois ses élèves et ses enfants. La nouvelle école de l'Amitié sino-congolaise dispose d'une laverie, de sorte que les enfants n'ont plus besoin de sortir dans le froid l'hiver pour faire leur lessive. Le bâtiment dans lequel ont lieu les cours est chauffé. Autant de progrès dont Kunga Jamyong est satisfait.
Dans le couloir de cet édifice, sont suspendues deux peintures à l'huile de style africain. Kunga Jamyong explique qu'il s'agit de cadeaux offerts par le gouvernement de la République du Congo lorsque le bâtiment principal de l'école a été achevé. Il garde encore un vif souvenir de la cérémonie de fin de travaux qui avait eu lieu deux ans plus tôt, sous la bruine.
« Ce jour-là, le ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville, Basile Ikouébé, était venu assister à la cérémonie en personne. "Dans mon pays, la pluie présage bonheur et réussite", avait-il déclaré. Nous, enseignants et élèves tibétains, avions effectué des danses folkloriques en costume traditionnel, pour présenter à nos hôtes venus de loin toute la splendeur de notre culture tibétaine, se remémore Kunga Jamyong. Bien que des milliers de kilomètres séparent notre pays du Congo-Brazzaville, ce dernier n'hésite pas à nous tendre la main lorsque nous subissons une catastrophe. Il nous faut chérir cette amitié profonde et faire preuve de reconnaissance. Nous comptons bien faire germer dans le cœur de chaque enfant cette sympathie envers la population africaine. »
50 ans d'amitié sincère
Le Congo-Brazzaville est l'un des premiers pays africains à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine nouvelle. 2014 marque d'ailleurs le 50e anniversaire de ces relations. Et l'amitié entre les deux pays, à défaut de s'essouffler au fil du temps, se renforce. Lors du séisme de 2008 à Wenchuan, le gouvernement du Congo-Brazzaville avait prodigué à la Chine un million de dollars pour soutenir la reconstruction de la zone sinistrée ; le gouvernement chinois, lui, contribue depuis longtemps au développement économique de la République du Congo, au point d'en avoir changé l'aspect. À l'heure actuelle, des entreprises chinoises aident ce pays à construire une route nationale qui s'étirera sur 500 km environ. Une fois achevée, elle reliera Brazzaville à Pointe-Noire, les deux villes majeures du pays.
« Voilà une vraie amitié qui n'a pas été ébranlée par les épreuves qu'elle a traversées. Au moment où nos pays ont établi des relations, aucun ne jouissait de la prospérité que les deux connaissent aujourd'hui. C'est pourquoi depuis son origine, l'amitié entre nos deux populations s'avère tout à fait sincère », résume Daniel Owassa, ambassadeur du Congo-Brazzaville en Chine.
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