Les « fonctionnaires nus » placés au centre de la lutte contre la corruption

Par : Li Zhijian |  Mots clés : fonctionnaires nus, centre, lutte, corruption
French.china.org.cn | Mis à jour le 10-06-2014

La campagne de lutte contre la corruption du gouvernement chinois jette à présent son dévolu sur les fonctionnaires qui ont envoyé leurs femmes et enfants à l'étranger, où ils peuvent mettre en place des canaux pour le transfert éventuel de revenus illicites et établir un pied-à-terre au cas où ils seraient contraints de fuir la Chine.

Près de 900 employés de la fonction publique, occupant généralement un rang de niveau intermédiaire, dans la province du Guangdong (sud) ont été rétrogradés à un poste inférieur, forcés de démissionner ou contraints de prendre un départ anticipé à la retraite après que les enquêteurs ont découvert que leur épouse, ou leur progéniture, avait obtenu le statut de résident permanent, voire de citoyen, à l'étranger, tandis qu'ils continuent de travailler en Chine.

Les cadres du Parti qui vivent sans leur famille sont communément appelés les « fonctionnaires nus », une expression très populaire an sein de la population dès lors qu'elle permet de se moquer de ces responsables sans scrupules.

C'est la première fois qu'un gouvernement provincial prend des mesures à l'encontre de tels fonctionnaires.

Cette action augure une nouvelle approche dans la campagne anti-corruption du président Xi Jinping, ciblant un phénomène de la politique chinoise qui entrave les efforts du Parti pour réfréner les fonctionnaires corrompus.

Les autorités du Guangdong ont annoncé qu'elles avaient mis la main sur plus de 1000 « fonctionnaires nus », près d'un cinquième desquels ont promis d'essayer de rapatrier leur famille en Chine.

Le problème n'est pourtant pas propre à la province du Guangdong.

En 2012, Wang Guoqiang, l'ancien chef du Parti pour la ville de Fengcheng (nord-est), avait fui la Chine pour rejoindre sa fille aux Etats-Unis, emmenant avec lui sa femme et une somme estimée à 200 millions de yuans (23,6 millions d'euros) provenant de fonds illicites, selon les organes de presse officiels.

Plusieurs mois plus tard, les autorités de la province du Liaoning avaient annoncé l'ouverture d'une enquête sur Wang, ce dernier étant accusé d'avoir accepté des pots-de-vin et d'avoir enfreint les règles du Parti en voyageant à l'étranger. L'organe disciplinaire chinois avait alors renvoyé Wang du Parti et de ses postes au sein du gouvernement, mais ce dernier avait déjà fui le pays.

Dans une autre affaire, une enquête menée sur les agissements de Zhang Shuguang, ancien ingénieur en chef adjoint du ministère chinois des Chemins de fer aujourd'hui démantelé, avait permis de découvrir que sa femme et sa fille avaient émigré aux Etats-Unis et qu'ils avaient fait l'acquisition d'une somptueuse demeure dans le comté de Los Angeles. Zhang est accusé d'avoir accepté l'équivalent de 47,6 millions de yuans de pots-de-vin et est en attente de procès.

Les autorités chinoises ont arrêté l'an dernier 762 personnes soupçonnées d'être impliquées dans des activités criminelles liées à leurs fonctions et qui avaient pris la fuite après avoir touché des profits illicites à hauteur de 10 milliards de yuans, selon la Cour populaire suprême.

De nombreux avis relayés par la presse locale jugent que les changements de postes et les départs à la retraite forcés constituent des sanctions trop indulgentes pour les « fonctionnaires nus » et réclament l'ouverture d'enquêtes complètes sur la corruption. D'autres soulignent quant à eux que certains proches de fonctionnaires pourraient vivre à l'étranger pour des raisons légitimes.

Les mesures de répression adoptées dans la province du Guangdong s'inscrivent en réalité dans le cadre d'un projet pilote qui sera probablement déployé dans d'autres régions de Chine, explique Mao Zhaohui, directeur du Centre de recherche contre la corruption de l'Université Renmin de Chine.

Au mois de janvier, le Parti avait émis un règlement selon lequel les « fonctionnaires nus » ne seraient plus susceptibles d'être promus. Or, certains critiquent que l'application de ce règlement nécessite que les fonctionnaires signalent eux-mêmes le statut de leur épouse et de leur enfant.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Les dernières réactions            Nombre total de réactions: 0
Sans commentaire.
Voir les commentaires
Votre commentaire
Pseudonyme   Anonyme
Retournez en haut de la page