Le système d'assurance vieillesse en Chine

TANG SHUBIAO, rédacteur en chef de La Chine au présent

Pour ce numéro, mes collègues français m'ont remis quatre questions posées par des lecteurs, portant respectivement sur l'éducation, l'assurance vieillesse, le coût de la vie à Dalian (une ville dans le nord de la Chine), ainsi que l'utilisation de Facebook en Chine. Limité à l'espace de cette rubrique, je vais être contraint de formuler une réponse concise à la question sur le système des retraites. Je répondrai ultérieurement aux autres interrogations laissées en suspens.

Voici la question que Delphine François, 25 ans, étudiante française en Groupe Sup de Co La Rochelle, nous a envoyée : « Comment la Chine compte-t-elle gérer dans l'avenir le système des retraites, au vu du vieillissement de la population ? »

Cette question m'a particulièrement touché, parce que ces derniers jours, ma fille a elle-même été tourmentée par cette affaire d'assurance vieillesse. Du même âge que Delphine, celle-là a rejoint un organisme américain installé à Beijing. Mais sa société ne veut cotiser à l'assurance vieillesse et à l'assurance maladie pour elle qu'en deçà du seuil fixé par les lois chinoises. Ma fille s'inquiète des pertes immédiates et futures que causera la pratique non réglementaire de cette société.

Après des décennies d'efforts, la Chine a progressivement mis en place un système pour garantir l'aide envers les personnes âgées, qui comprend l'assurance vieillesse de base, la pension complémentaire financée par l'entreprise et l'épargne retraite individuelle.

L'assurance vieillesse de base, dont l'application est imposée par la politique nationale, permet d'assurer les besoins élémentaires des retraités. Fin 2013, cette assurance couvrait 500 millions de résidents urbains et ruraux, ainsi que 320 millions de travailleurs urbains.

La pension versée par l'entreprise est un régime de retraite complémentaire mis en place par l'entreprise, en fonction de ses capacités économiques, en faveur des employés. Le Groupe international de publication de Chine, où je travaille, comprend des revues et des maisons d'édition. Dans certaines de ces dernières, ce régime de pension octroyée par l'entreprise a déjà été établi. Mais à l'échelle du pays, cette situation reste tout de même rare. Actuellement, seules 20 millions de personnes perçoivent cette pension de leur entreprise.

L'épargne retraite individuelle est une forme d'assurance complémentaire à laquelle chaque travailleur est libre de souscrire auprès d'un organisme de son choix. Il semblerait que nombreux sont ceux possédant ce type d'épargne en Chine, mais il est difficile de trouver des statistiques fiables sur le nombre d'affiliés.

Pendant longtemps, des systèmes différents d'assurance vieillesse ont été appliqués pour les habitants urbains et ruraux. Bien que le taux de couverture, que ce soit du système d'assurance vieillesse pour les citadins ou du nouveau système d'assurance vieillesse pour les ruraux, tende à augmenter ces dernières années, la pension de retraite moyenne des travailleurs urbains reste de loin supérieure à celle des ruraux sous le nouveau système d'assurance vieillesse en vigueur dans les campagnes. Cette différence est due aux déséquilibres dans le développement régional et à l'écart entre revenus urbains et revenus ruraux. Pour que chacun jouisse également du droit à une retraite de base, le gouvernement chinois a décidé en février dernier de fusionner ce système d'assurance vieillesse pour les citadins et ce nouveau système d'assurance vieillesse pour les ruraux, de sorte à mettre en place un système d'assurance vieillesse de base unique s'adressant à la fois aux résidents urbains et ruraux.

Le capital individuel de l'assurance vieillesse de base est alimenté par trois sources : la cotisation personnelle, l'aide collective et la subvention gouvernementale. Cette dernière est accordée par le gouvernement central en fonction de la retraite élémentaire, à taux plein pour les habitants des régions du Centre et de l'Ouest de la Chine, et à hauteur de 50 % pour ceux des régions de l'Est. Les administrations locales paient partiellement ou en totalité une prime d'assurance vieillesse élémentaire pour les groupes défavorisés dont les personnes handicapées. Les organisations caritatives sont par ailleurs encouragées à fournir une aide financière aux retraités.

En réalité, un système d'assurance vieillesse de base unique en faveur des résidents urbains et ruraux était déjà établi dans quinze provinces chinoises à la fin 2013. La province du Hubei, dont je suis originaire, faisait déjà partie des régions pilotes choisies pour expérimenter le nouveau système rural d'assurance vieillesse le 1er juillet 2011, et dès lors, elle s'était engagée à mettre en œuvre le système d'assurance vieillesse unique pour les résidents urbains et ruraux, qui prenait en compte presque tous les habitants de la province en 2012. Mon père, qui vit dans la campagne au Hubei, a commencé il y a quelques années à recevoir chaque mois un certain montant pour sa retraite, une somme qui suffit à ses besoins essentiels quotidiens et qui allège un peu le fardeau financier que sa prise en charge représente pour moi, son enfant.

La Chine a identifié un certain nombre de points à améliorer en matière de protection sociale, pour fournir un meilleur cadre institutionnel et des services toujours plus avantageux au peuple. Au vu du progrès constant de la Chine, il est certain que le peuple chinois jouira encore davantage des fruits qu'apportent le développement économique durable et l'accumulation continue de la richesse sociale.