(Chine-France/50 ans) La coopération nucléaire sino-française : un partenariat industriel de long terme
Le 27 janvier 1964, les dirigeants de la Chine et de la France ont officiellement établi les relations diplomatiques au niveau d'ambassadeur entre les deux pays, rapprochant ainsi les deux puissances orientale et occidentale.
Au cours des 50 dernières années, la coopération pragmatique sino-française n'a cessé de porter ses fruits, notamment dans le domaine de l'énergie nucléaire, qui a ouvert la voie aux échanges industriels entre les deux pays.
LA NAISSANCE D'UNE COOPERATION
La coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire entre la Chine et la France a débuté en 1982 avec la signature d'un accord de coopération entre le Commissariat à l'Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) de France et le ministère chinois de l'Industrie nucléaire. Dès lors, le projet de construction de la première centrale nucléaire d'origine française en Chine s'est trouvé à l'ordre du jour. Suite à l'adoption du projet par Deng Xiaoping, l'ancien dirigeant chinois, la première centrale nucléaire a été construite dans la Baie de Daya.
Les techniciens français ont supervisé l'ensemble de la construction, en assurant la responsabilité technique de la conception, en surveillant l'édification, et en garantissant la maîtrise d'ouvrage de la construction, jusqu'à la mise en service de la centrale.
La centrale de la Baie de Daya, équipée de deux réacteurs nucléaires français ayant chacun une capacité de 1.000 MW, a été mise en service en 1994.
Grâce au renforcement de la coopération entre les deux pays, de nombreux projets ont été menés, notamment les constructions et mises en fonction des centrales de Daya Bay (Baie de Daya), Ling Ao (phases 1 et 2), Qinshan 2 et Tianwan.
"Après le succès de Daya Bay, la construction de la centrale de Ling Ao a permis d'ancrer la place d'un réacteur de conception française au coeur du développement de l'énergie nucléaire dans votre pays. Les trois quarts des réacteurs en service ou en construction en Chine sont issus de cette aventure commune", a déclaré à Beijing le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault lors d'un séminaire à l'occasion du 30e anniversaire du partenariat franco-chinois dans le domaine nucléaire.
"A présent, c'est à Taishan que notre coopération en matière de réacteurs franchit avec brio un nouveau cap", a estimé M. Ayrault. La centrale de Taishan, qui pourrait être inaugurée en 2014 ou 2015, serait la première dans le monde à mettre en service le nouveau EPR (réacteur français de troisième génération), bien avant celle d'Olkiluoto (Finlande) et de Flamanville (France). Pourtant, en Normandie, les travaux ont commencé bien plus tôt.
FORMATION DES TECHNICIENS CHINOIS
La mise en fonction de la centrale de la Baie de Daya n'a constitué qu'une solution temporaire face à l'urgence des besoins en ressources énergiques. Afin de mieux répondre à la croissance de la demande en énergie, la formation des techniciens chinois était nécessaire.
A cet égard, le gouvernement chinois a signé en 1989 avec son homologue français un projet de formation pour les techniciens chinois de l'industrie nucléaire.
Le coût de cette formation étant élevé, les techniciens chinois envoyés en France par la Chine étaient surnommés les "apprentis d'or".
Après leur formation et leur retour en Chine, ces techniciens d'élite ont commencé à travailler de façon autonome. "A l'époque, ils faisaient l'objet de soupçons : avaient-ils les mêmes compétences que leurs "enseignants français"? Etaient-ils capables d'opérer la première centrale nucléaire commerciale en Chine? Pouvaient-ils y arriver? Y avait-il des risques? (...) Même après le démarrage du réacteur, nous nous demandions s'il fallait faire appel à l'aide de la France. Nous avons alors organisé une réunion pour en discuter", a rappelé Zhou Zhanlin, l'ancien dirigeant du China Guangdong Nuclear Power Holding Group (CGNPC).
Alors que la construction de la centrale nucléaire de la Baie de Daya a été réalisée avec l'aide française, les techniciens chinois ont pu mener à bien la première phase du projet de la centrale nucléaire de Ling Ao -- une centrale nationalisée à 30%.
Après un apprentissage d'une vingtaine d'années, on constate aujourd'hui une évolution dans les centrales nucléaires en Chine, où les techniciens chinois ne considèrent plus leurs collègues français comme des maîtres en la matière, mais comme des partenaires.
UN AVENIR PROMETTEUR
Les partenaires des deux pays entretiennent maintenant une coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire depuis plus de trente ans. L'objectif principal de cette coopération est de développer des marchés dans d'autres pays.
"Nous avons convenu d'une exploitation conjointe des marchés de l'énergie nucléaire dans des pays tiers", a déclaré à la presse le Premier ministre chinois Li Keqiang, à l'issue de l'entretien avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault, qui a effectué une visite en Chine en décembre dernier.
En février 2011, l'Elysée a annoncé que le développement d'un réacteur envisagé par EDF avec le CGNPC se ferait dans le cadre d'un partenariat global sino-français, auquel tous les acteurs de l'industrie nucléaire française seraient associés.
La Chine a néanmoins réaffirmé son engagement au développement de l'énergie nucléaire. Le pays asiatique est de plus en plus un acteur majeur du nucléaire mondial.
Avec un développement rapide et constant au cours des 30 dernières années, la coopération nucléaire sino-française a toujours un avenir prometteur devant elle. "Cette coopération a conservé, tout au long de ces années, sa pleine pertinence", a déclaré M. Ayrault. Cela est vrai aujourd'hui et le sera toujours dans les années à venir.
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