Plus de 95 % des villes chinoises ne répondent pas aux normes environnementales

La quasi totalité des villes chinoises dont la pollution a été mesurée l'année dernière n'ont pas atteint les normes fixées par l'Etat chinois, a révélé hier le ministre de la Protection de l'environnement alors qu'il présentait le plan du gouvernement chinois visant à remédier aux conséquences écologiques de la rapide industrialisation du pays.

Sur les 74 villes contrôlées par Beijing, 71 n'était pas conformes aux normes de pollution, a déclaré Wu Xiaoqing lors d'une conférence de presse donnée en marge de la session parlementaire annuelle qui se tient actuellement à Beijing.

Seuls Haikou, dans la province du Hainan, la capitale du Tibet Lhassa et la station balnéaire Zhoushan répondaient à ces normes.

L'inquiétude des citoyens à l'égard du smog urbain, la pollution de l'eau et la contamination industrielles des terres agricoles ont poussé le gouvernement chinois à placer l'environnement parmi ses priorités.

La politique environnementale du pays vise également à diversifier et à « mettre à niveau » une économie chinoise très exigeante en ressources.

Selon Wu, ce n'est qu'en changeant la façon de développer son économie que la Chine pourra résoudre ses problèmes de pollution.

« En recherchant la croissance, nous payons le prix de la pollution, et ce prix est lourd », a-t-il dit aux journalistes.

Dans son rapport fait hier au parlement, le Premier ministre Li Keqiang a déclaré que la Chine allait « déclarer la guerre à la pollution » de la même façon qu'elle l'avait fait contre la pauvreté. Mais d'aucuns font remarquer que les beaux discours doivent s'accompagner d'une réforme judiciaire et institutionnelle approfondie.

Selon Wu, améliorer l'application des lois est un point crucial, et l'amendement prochain de la loi de 1989 sur la protection de l'environnement contribuera à élever le coût de la violation des normes environnementales.

Déplacer le problème de la pollution

Le plan chinois d'action contre la pollution vise principalement les centres industriels du pays, soit Beijing, le Hebei, Tianjin, mais aussi les centres commerciaux et manufacturiers autour de Shanghai et du Guangdong, où il prévoit de réduire les capacités des industries lourdes et la consommation globale de charbon.

Cependant, des militants s'inquiètent que le problème de la pollution soit déplacé vers d'autres provinces, notamment la Mongolie intérieure, le Ningxia ou le Xinjiang. Dans ces vastes régions aux réserves de charbon importantes, des secteurs à fortes émissions comme l'énergie solaire sont en effet encore en plein essor.

« Le rapport du Premier ministre est encourageant pour ceux qui vivent sous la menace du smog, mais il le serait encore plus si le gouvernement central réalisait que de nombreuses régions sont encore exclues du plan d'action actuel contre la pollution », estime Huang Wei, militant de Greenpeace à Beijing.

Lors de la conférence de presse, Wu a précisé que les trois régions concernées par le plan d'action ne représentent que 8 % de la surface totale du pays, mais qu'elles concentraient 55 % de la production sidérurgique, 40 % de la production de ciment et 52 % des productions d'essence et de gasoil en Chine.

De ce fait, elles sont à l'origine de 30 % de la pollution du pays et leurs émissions sont en moyenne cinq fois supérieures à celles des autres régions.

« Les régions du centre et de l'ouest de la Chine sont riches en charbon, et leur potentiel environnemental est meilleur que celui de la région Beijing-Hebei-Tianjin, c'est pourquoi nous les poussons à passer du charbon au gaz. »

« Nous espérons aussi que ces régions adopteront des réglementations plus strictes en matière de protection de l'environnement », a-t-il ajouté.