Premier séminaire européen de formation des professeurs de chinois
French.china.org.cn | Mis à jour le 04-03-2014
L'enseignement de la langue chinoise a connu une progression extraordinaire en Europe. Pour preuve, en janvier dernier s'est tenu à Paris le premier séminaire européen pour la formation des professeurs de chinois. Retour sur les enjeux de cet évènement.
Une grande première, deux anniversaires
Le 23 janvier dernier, peu avant les célébrations du cinquantenaire des relations bilatérales franco-chinoises à Paris s'est tenu la cérémonie d'ouverture du premier séminaire européen pour la formation des professeurs de chinois. Cet évènement majeur dans l'enseignement de cette langue en Europe a été créé à l'initiative de l'inspecteur général du chinois français Joël Bellassen. Le séminaire organisé par le rectorat de Paris a eu lieu au lycée Claude Monet. L'AFPC (Association française des professeurs de chinois), co-organisatrice de cette manifestation, fêtait également le 30e anniversaire de sa création.
Ce séminaire fut organisé avec le soutien du Bureau chinois pour l'enseignement du chinois (Hanban) qui soutient également les Instituts Confucius, équivalents des Alliances Françaises. Monsieur Ma Jianfei, ministre-conseiller de l'éducation à l'ambassade de Chine en France et directeur général adjoint du Hanban était également présent.
La France, dont l'enseignement du chinois date déjà de plus de deux cent ans et dont l'institutionnalisation date, elle, de 1814, est un leader dans cette discipline avec plus de 40 000 élèves apprenant le chinois à la rentrée scolaire 2013 et des structures disciplinaires qui tendent à devenir de plus en plus achevées. C'est donc sans surprise que ce séminaire s'est tenu à Paris. Ce séminaire regroupait des répresentants de l'enseignement du chinois venant de toute l'Europe : Allemagne, Angleterre, Belgique, Ecosse, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suisse.
Lors de la cérémonie d'ouverture du séminaire, en Sorbonne, l'inspecteur général du chinois Joël Bellassen, le recteur de l'académie de Paris François Weil ainsi que Alain Peyraube, directeur de recherche honoraire au CNRS ont donné leurs discours. Dans le sien, monsieur Bellasen a souligné le fait que l'ouverture de ce séminaire est « une page nouvelle de l'histoire de notre discipline qui va s'écrire durant ces deux journées, avec le premier séminaire européen de formation des professeurs de chinois et cet après-midi ma proposition de créer une entité de coordination européenne de l'enseignement du chinois. »
Deux journées studieuses
Cette matinée introductive s'est poursuivie au lycée Claude Monet durant une journée et demie. Souhaitant mettre l'accent sur l'aspect pratique, la formation s'est organisée autour d'ateliers destinés aux professeurs de chinois encadrés par des formateurs européens. Ont été abordés les apports du numérique (environnement numérique de travail, eLearning), les modifications de la pratique pour un meilleur apprentissage des sinogrammes et les évolutions de l'articulation écrit/oral (avec l'entraînement combiné de la lecture et de l'écriture, l'enseignement par le cinéma, etc.).
Une réunion présidée par Joël Bellassen et réunissant des représentants de l'enseignement du chinois des pays cités ci-dessus s'est également tenue. L'objectif de celle-ci étant de discuter de la création d'une entité de coordination européenne de l'enseignement du chinois.
Il a été décidé de créer un comité composé des représentants des différentes associations européennes existantes en vue de la création d'une Association européenne de l'enseignement du chinois. Cette association serait enregistrée en France et dirigée par un bureau composé de représentants de différents pays. Son objet immédiat serait de jouer un rôle d'impulsion dans le domaine de la formation continue des professeurs de chinois en Europe, et de publier rapidement un Livre blanc sur l'état du chinois en Europe.
Rendre le chinois européen
Car hormis l'existence de l'AFPC proposant des stages aux professeurs de chinois français en France, les séminaires d'enseignement au niveau européen n'existaient pas encore pour cette discipline. La formation des professeurs de chinois reste un des problèmes majeurs de l'enseignement du chinois en Europe à cause du manque de formateurs et de structures de formation.
Or, d'après Joël Bellassen, la formation des professeurs est le levier le plus précieux pour faire évoluer les pratiques pédagogiques et il est vrai que des avancées notables ont été réalisées pour le chinois en France, avec la constitution d'un véritable espace de formation, par le biais des plans académiques de formation annuels, d'où la volonté dans un contexte d'européanisation de l'enseignement linguistique d'échanger autour de ce thème avec des partenaires européens tant sur le plan théorique que pratique. Ce qui avait été déjà été fait en 2011 autour de l'adaptation de l'enseignement du chinois au Cadre européen commun de référence pour les langues* (programme de recherche ECBL).
D'autres pays européens tels le Royaume-Uni par exemple souhaitent faire augmenter leur nombre de sinisants. Ainsi l'année dernière, à la fin de son voyage diplomatique en Chine, le premier ministre britannique a déclaré vouloir faire doubler le nombre d'élèves apprenant le chinois et atteindre les 400 000 d'ici 2016. Il a même déclaré souhaiter que les Anglais s'intéressent moins aux langues européennes et se tournent plus vers l'apprentissage du chinois. Les statistiques de l'Agence de statistiques pour l'éducation supérieure britannique font état de 1 500 étudiants apprenant le chinois à l'université, 3 000 à l'école primaire et 3 300 dans le secondaire, ce qui est encore très loin du but lancé par Cameron.
En Espagne, il y a cinq ans, on ne comptait que 1 000 élèves apprenant le chinois. Ce chiffre a pourtant aujourd'hui littéralement explosé, le nombre de sinisants espagnols étant de 25 000 à l'heure actuelle.
Côté germanique, l'Allemagne quant à elle compte actuellement 70 universités offrant des cursus chinois, ainsi que 150 établissements dans le primaire et le secondaire, faisant d'elle le deuxième pays européen pour l'enseignement du chinois avec plus de 20 000 sinisants. Le chinois est déjà devenu la troisième langue vivante de l'autre côté du Rhin après l'anglais et le français. La Suisse compte elle près de 5 000 sinisants tous niveaux confondus, les universités de Zurich et Genève sont d'ailleurs très réputées pour leur département de chinois ou de sinologie. La Confédération helvétique est très engagée dans les relations avec la Chine, celle-ci était d'ailleurs son troisième partenaire commercial. En Autriche, le chinois a connu un effet de mode dans les années 2 000 et est enseigné actuellement dans une vingtaine de collèges et lycées à travers le pays, majoritairement à Vienne et à Salzbourg. Le nombre de sinisants avoisine les 3 000. Le chinois est également enseigné au Luxembourg qui est un partenaire financier très important pour la Chine.
On observe donc que ce soit en France ou dans les autres pays européens, que le mandarin est fort d'une progression d'effectifs d'élèves qui ne cesse de s'accroître. Près de 40 000 élèves sinisants sont engagés aujourd'hui dans un parcours d'apprentissage dans le secondaire français, répartis sur plus de 600 établissements et sur toutes les académies métropolitaines dans l'enseignement élémentaire, secondaire et supérieur.
Comme le fait remarquer Joël Bellassen : « en à peine trois décennies sur près de deux siècles d'enseignement institutionnel, le chinois a vu son statut passer de voie d'accès aux études sinologiques savantes à celui de langue de communication, bénéficiant des effets de la mondialisation en termes d'échanges et de mobilité, et traversé par la rénovation de la discipline langues vivantes au sein de l'éducation nationale avec son adaptation au Cadre européen commun de référence pour les langues. »
*le Cadre européen des langues est un programme de recherche lancé par la commission pour l'enseignement des langues étrangères de l'Union européenne visant à harmoniser l'enseignement des langues vivantes en Europe.
SÉBASTIEN ROUSSILLAT
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