Il y a 50 ans -- à la veille de la visite en Chine du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault
French.china.org.cn | Mis à jour le 02-12-2013
En automne 1963, le général de Gaulle envoya M. Edgar Faure, homme ayant été deux fois président du Conseil, pour une mission secrète en Chine en vue de négocier l'établissement de relations diplomatiques sino-françaises. Pour ne pas attirer l'attention des autres pays, notamment des États-Unis, il se rendrait en Chine pour "un séjour privé". C'est ainsi que M. Edgar Faure, muni d'une lettre signée du général de Gaulle destinée à l'accréditer, se rendit d'abord au Cambodge pour ensuite se rendre à Beijing en passant par Hong Kong ; de même, au retour, il dut passer par la Birmanie, où il tapa son rapport au général avant d'aller passer une quinzaine de jours en Inde. Dans le même temps, les Etats-Unis et Tchiang Kaï-chek, soupçonnant qu'une mission importante se cachait derrière le voyage de cet homme politique très influent en France, mobilisèrent leurs agents spéciaux pour enquêter sur la visite de M. Edgar Faure. Leurs efforts échouèrent grâce au parfait rideau de fumée créé par les parties chinoise et française.
C'est par le port de Luohu à Shenzhen que M. Faure et son épouse arrivèrent sur la partie continentale de la Chine le 21 octobre 1963. Après avoir pris un wagon spécial accroché au train Shenzhen-Guangzhou, ils arrivèrent à Beijing le lendemain par avion, où ils furent immédiatement logés à la Résidence des Hôtes d'État. Le 23, M. Faure eut un premier entretien avec le Premier Ministre Zhou Enlai, sous l'égide duquel six entretiens substantiels pour l'établissement de relations diplomatiques sino-françaises eurent lieu à Beijing et à Shanghai. Finalement, une entente en trois points fut trouvée entre les deux parties, et le 2 novembre, le Président Mao Zedong reçut les Faure, marquant la conclusion réussie des négociations sur l'établissement de relations diplomatiques sino-françaises.
" Si l'hiver vient, le printemps peut-il être loin derrière ?" L'histoire avança ensuite à une vitesse incroyable : le 27 janvier 1964, la Chine et la France annoncèrent l'établissement de leurs relations diplomatiques au rang d'ambassadeurs, un événement qualifié d'"explosion nucléaire diplomatique" par la presse occidentale, jugeant qu'il s'agissait d'un bouleversement de l'architecture bipolaire du monde, transcendant la confrontation des blocs. Comme un pont reliant l'Occident et l'Orient, cet événement brisa définitivement les barrières autrefois infranchissables.
Lors d'un conseil des ministres avant l'établissement des relations diplomatiques, le général de Gaulle fit remarquer : "Le fait chinois est là. C'est un pays gigantesque. Son avenir est à la dimension de ses moyens. Le temps qu'il mettra à les développer, nous ne le connaissons pas. Ce qui est sûr, c'est qu'un jour ou l'autre, la Chine sera une grande réalité politique, économique et même militaire". Le temps a passé, et voilà qu'un demi-siècle après, la Chine, déjà deuxième économie du monde, voit son peuple travailler inlassablement, avec une grande confiance, à la réalisation du rêve du grand renouveau de la nation chinoise.
Dans quelques jours, nous accueillerons en Chine le Premier Ministre français Jean-Marc Ayrault. Comme il y a 50 ans, quand nous avons reçu un autre "Premier Ministre". Mais l'histoire se renouvelle sans pour autant se ressembler. En voyant le chemin que nous avons parcouru ces 50 dernières années, nous nous réjouissons de constater que presque toutes les décennies, des dirigeants français sont venus en Chine pour poser de nouveaux jalons à nos relations bilatérales. L'arbre de l'amitié sino-française, grandissant toujours avec les soins attentifs des dirigeants et personnalités des différents milieux chinois et français, a su résister à toutes les épreuves et donne sans cesse des fruits abondants.
En 1973, à la veille du dixième anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises, M. Georges Pompidou avait effectué une visite en Chine. Devenu le premier Chef d'État français et de l'Europe occidentale à se rendre en Chine, il avait conclu avec la partie chinoise une série d'accords importants.
En 1983, M. François Mitterrand était venu en Chine et s'était entretenu avec M. Deng Xiaoping et d'autres dirigeants sur les relations sino-françaises et la question du Cambodge. La coopération dans le domaine de la radiotélévision avait alors été établie entre les deux pays, et un projet de centrale nucléaire avait démarré.
Sous l'impact de l'"incident du 4 juin 1989" et à cause des préjugés de l'Occident, aucun dirigeant français n'était venu en Chine en 1993.
En 2003, le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin avait tenu à venir en Chine selon le calendrier prévu, malgré la crise du SRAS. Ce grand geste avait été hautement apprécié par le Président Hu Jintao : "c'est dans le malheur que l'on reconnaît ses amis".
En 2013, le Président François Hollande a effectué une visite d'État en Chine. Il a eu des échanges approfondis avec le Président Xi Jinping sur les relations bilatérales ainsi que sur les principales questions régionales et internationales, et les deux parties sont parvenues à d'importants consensus.
De nombreux révolutionnaires chinois des générations précédentes comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Nie Rongzhen, Li Fuchun et Cai Chang ont travaillé et étudié en France, et ces parcours sont aujourd'hui encore exaltés par tous. En 1975, lors de sa visite en France, M. Deng Xiaoping a affirmé que les éléments reliant la Chine et la France étaient beaucoup plus nombreux qu'on ne pouvait l'imaginer. Avec la Chine, la France est le premier grand pays occidental à avoir établi des relations diplomatiques au rang d'ambassadeurs, le premier à avoir signé des accords bilatéraux pionniers dans des domaines tels que le transport aérien et la protection des investissements, le premier à avoir construit conjointement une centrale nucléaire, le premier à avoir établi un partenariat global, le premier à avoir organisé des années croisées, le premier à... Au fil du temps et malgré les vicissitudes internationales, les relations avec la France, parmi les plus importantes que la Chine entretient avec l'extérieur, ont toujours su préserver leurs caractères stratégique, privilégié et pionnier, et se renforcent chaque jour davantage. L'on peut sans nul doute s'attendre à ce que cette visite en Chine du Premier Ministre français insuffle une nouvelle vitalité aux relations sino-françaises dans le nouveau contexte et pose une base solide à la célébration du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques l'année prochaine.
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