(Le 6 octobre 2010, Bruxelles)
Il y a deux ans, peu après l'éclatement de la crise financière, j'avais mis l'accent sur la confiance lors du Sommet d'affaires Chine-Europe. Aujourd'hui, je voudrais souligner le sang-froid, la sagesse et le courage. Devant de nombreux dirigeants des milieux industriels et commerciaux chinois et européens, je voudrais éclairer certains faits, dissiper les malentendus et faciliter notre coopération.
Un fait fondamental, c'est que le commerce et l'investissement entre la Chine et l'Europe se sont vite développés. Selon des statistiques de l'Union européenne, sous l'impact de la crise financière, les exportations de l'UE ont chuté dans l'ensemble en 2009, mais ses exportations vers la Chine ont augmenté de 4 %, et de 42 % au cours des six premiers mois de cette année. Hier soir, au cours de ma courte visite en Allemagne, j'ai dit à la chancelière allemande, Mme Merkel, que le volume de commerce entre la Chine et l'Allemagne était d'environ 10 milliards de dollars par mois, et qu'il dépasserait les 120 milliards pour l'ensemble de cette année. Quant au commerce sino-européen, s'il a été de 400 milliards de dollars en 2009, cette année, il dépassera probablement les 500 milliards.
Concernant le taux de change du yuan (RMB), hier, lors de mes entretiens avec les dirigeants de la zone euro, je leur ai demandé de ne pas participer à la pression sur la réévaluation de la monnaie chinoise. Voyons un fait de base : depuis 1994, année de la réforme du mécanisme de formation du taux de change du yuan, son taux de change réel s'est réévalué de 55 %, alors que les autres monnaies principales se sont dévalorisées. En juillet 2005, la Chine a approfondi la réforme du mécanisme de formation du taux de change du yuan. Maintenant, la parité yuan-dollar a augmenté de 22 %. Durant cette période, la balance commerciale favorable de la Chine envers les Etats-Unis a toujours enregistré de fortes augmentations. Le commerce de marchandises est favorable, mais le commerce des services est défavorable ; le commerce des produits transformés était favorable, mais le commerce général était défavorable ; le commerce chinois avec les Etats-Unis et l'UE a été favorable, et il a été défavorable avec la Corée du Sud, le Japon et l'ASEAN. Cela ne suffit-il pas à expliquer qu'il ne s'agit pas du taux de change du yuan mais de la structure commerciale ? Récemment, l'euro a fluctué vaguement, mais cela n'a pas été provoqué par le yuan, mais par le dollar. Comment se peut-il qu'on attribue la responsabilité à la Chine ? Le déséquilibre commercial est une question structurelle dans la mondialisation, il ne faut pas le politiser. Notre objectif est de poursuivre un commerce équilibré et durable, et absolument pas une balance favorable.
En janvier 2009, lors du rude hiver, j'ai visité l'Europe. Confiant que la crise serait surmontée, j'ai envoyé à temps une mission d'achat, chargée d'acheter des produits fabriqués dans des pays européens. L'Union européenne est un partenaire stratégique de la Chine : lorsque des pays de la zone euro rencontrent des difficultés, la Chine ne regarde pas les bras croisés. Nous détenons stablement et avons à nouveau acheté des obligations en euro, aidant ainsi l'Islande, la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie au moment où ils étaient dans la difficulté. Nous continuerons à fournir des soutiens, de manière à aider certains pays à traverser ces moments pénibles. Les industriels ici présents savent bien que la Chine a agi comme une vraie amie.
D'un autre côté, il ne faut pas faire pression pour l'appréciation du yuan. De nombreuses entreprises d'exportation n'enregistrent seulement qu'un taux de profits de 2 ou 3 %, le plus élevé étant de 5 %. Si nous réévaluons la monnaie chinoise de 20 à 40 %, comme le demandent certains, un grand nombre d'entre elles vont faire faillite, les ouvriers seront au chômage, les travailleurs migrants issus des campagnes devront rentrer chez eux, et ce sera donc difficile pour la Chine de maintenir la stabilité sociale. Une crise économique en Chine ne serait point une bonne chose pour le monde.
En 2009, la Chine a contribué à 50 % de la croissance économique mondiale. Pour de nombreuses entreprises, la Chine est un marché immense et à fort potentiel. Aujourd'hui, je répète sincèrement aux amis des milieux industriels et commerciaux : il ne faut pas faire pression pour une réévaluation du yuan. Nous appliquerons fermement la réforme du mécanisme du taux de change du yuan, qui consiste à former un système de taux de change fluctuant, basé sur le marché, régularisé selon le panier de monnaies et mis sous contrôle. Nous visons à augmenter progressivement la flexibilité du taux de change du yuan, en le stabilisant à un niveau raisonnable et équilibré. Si le taux de change du yuan n'est pas stable, les entreprises ne seront pas stables, l'emploi sera compromis, et par conséquent, l'instabilité sociale surviendra. Si, éventuellement, des problèmes apparaissent dans l'économie et la société chinoises, le monde vivra une catastrophe.
Une deuxième question à élucider : la qualité de l'environnement d'investissement en Chine. Je voudrais vous dire que la Chine promouvra inébranlablement la réforme et l'ouverture sur l'extérieur. Nous ne changerons jamais d'idée sur ce point. Seules la réforme et l'ouverture sur l'extérieur permettront des développements en Chine. Les mesures politiques fondamentales formées au cours de la réforme et de l'ouverture sur l'extérieur resteront également inchangées. L'unique changement, c'est que l'administration des investissements étrangers est plus ordonnée.
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