Jean-Pierre Raffarin : « La CIIE est en train de devenir un grand rendez-vous mondial »
La 7e édition de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE), la première exposition de niveau national dédiée aux importations dans le monde, se tient du 5 au 10 novembre à Shanghai. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, est présent à la 7e CIIE. Il a accordé le 5 novembre dans la matinée une interview exclusive à La Chine au présent. Il a partagé ses impressions sur la CIIE, parlé du rôle de la CIIE dans la coopération entre les entreprises chinoises et étrangères et s’est exprimé sur les relations sino-françaises. Voici des extraits de l’interview.
La Chine au présent : C’est la 5e fois que vous participez à la CIIE, quelles sont vos impressions sur cet événement ?
Jean-Pierre Raffarin : C’est un grand événement du commerce international. Beaucoup d’acteurs y sont présents, incluant non seulement les grandes entreprises chinoises qui importent, mais aussi beaucoup d’acteurs internationaux, faisant de cet événement un véritable forum du commerce international. C’est probablement le plus grand forum du commerce international aujourd’hui, ce qui explique la forte présence des entreprises françaises. Il y a plus de 130 inscrits et plusieurs événements sont organisés en parallèle, notamment une grande exposition organisée par le Comité Colbert à Shanghai et qui regroupe de grandes entreprises du luxe français. Il y a aussi un salon du private equity à Wuxi (Jiangsu), rassemblant de nombreuses entreprises françaises, des fonds d’investissement. Autour de cette exposition, il y a beaucoup d’événements et la présence française est très forte aujourd’hui.
La Chine au présent : La France est le pays invité d’honneur de cette édition, quels sont les points forts de la France cette année ?
Jean-Pierre Raffarin : D’abord, c’est un signe d’amitié avec la Chine pour essayer de faire en sorte que la coopération puisse l’emporter sur les tensions. Aujourd’hui, les tensions sont nombreuses, notre monde est très dangereux. Nous cherchons de bonnes volontés pour développer la coopération plutôt que d’attiser les tensions. Bien que nous rencontrions actuellement quelques difficultés avec la Chine, nous souhaitons adopter une vision de long terme. C’est dans cet esprit que la ministre française du Commerce extérieur, Madame Sophie Primas est venue discuter de différents dossiers, notamment avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. Notre volonté de dialogue réciproque est essentielle pour résoudre des conflits du moment, tout à fait solubles avec cette vision stratégique partenariale qui anime déjà depuis 60 ans la relation sino-française.
La Chine au présent : Quel rôle la CIIE a-t-elle joué dans la coopération entre les entreprises chinoises et étrangères ?
Jean-Pierre Raffarin : La coopération est très importante et la CIIE est en train de devenir un grand rendez-vous mondial. Je pense que ce sera une plateforme de coopération où de nombreux contrats sont signés et où des initiatives très concrètes voient le jour. C’est une politique du concret : il y a quelques discours, mais ce qui est le plus important, ce sont les bons de commande. Il y a beaucoup d’aspects tangibles dans ce rendez-vous, c’est pourquoi je crois que c’est un rendez-vous d’avenir. La ministre française, qui représente le gouvernement français, est très attachée à la promotion de cet événement, le considérant comme un rendez-vous incontournable du commerce international.
La Chine au présent : Chaque année, de nombreuses entreprises françaises participent à la CIIE, et la France est le plus représentée parmi tous les pays européens présents à la CIIE. Qu’attendez-vous des échanges économiques et commerciaux entre la Chine et la France ?
Jean-Pierre Raffarin : Je pense que la France a une relation singulière avec la Chine parmi les pays européens. C’est sans doute le pays ayant la relation la plus stratégique. Je souhaite donc qu’une coopération renforcée s’installe progressivement entre la France et la Chine de manière réciproque, afin que chacune y trouve son compte. Pour parvenir à cette satisfaction mutuelle, il est essentiel d’engager des négociations, de conclure des contrats et de maintenir un dialogue permanent.
La Chine au présent : Cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Selon vous, quelles sont les caractéristiques des relations entre les deux pays ?
Jean-Pierre Raffarin : Les relations entre la Chine et la France sont des relations stratégiques. Nous avons fait le choix d’une vision multilatérale du monde, ce qui nécessite de discuter de l’évolution du système multilatéral, puisque le système de 1945 n’est plus adapté à la situation actuelle. Nous avons des réflexions stratégiques à partager. Naturellement, cette perspective inclut des discussions sur la relation entre l’Europe et l’Asie, car ces deux continents doivent travailler encore plus conjointement dans une relation gagnant-gagnant qu’il faut développer.