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Attraction durable

Par : Laura |  Mots clés : investissements directs étrangers,IDE,capital étranger
French.china.org.cn | Mis à jour le 03-04-2024
Chinafrique | 03. 04. 2024

La Chine a récemment été au centre de discussions de haut niveau concernant son engagement vers une ouverture économique de premier plan et ses stratégies destinées à séduire les investissements directs étrangers (IDE). Ces échanges ont eu lieu lors des sessions annuelles de l’Assemblée populaire nationale (APN) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), événements collectivement désignés sous le nom de Deux sessions. Considérée comme une destination de choix pour les IDE, la Chine a largement profité de ces investissements au cours des années. Néanmoins, une baisse de 8 % dans l’absorption réelle des IDE a été enregistrée l’année passée, signalant un possible retrait des capitaux étrangers et interrogeant sur le rôle de la Chine dans le réseau mondial d’approvisionnement, selon les chiffres publiés par l’Administration nationale des changes (ANC).

Comment percevoir objectivement les fluctuations de l’échelle des IDE ? Le marché chinois conserve-t-il toujours ses avantages pour les attirer ? Comment stabiliser la confiance des investisseurs étrangers ? Selon les experts chinois, la Chine regorge toujours d’opportunités pour les investisseurs internationaux et le pays devrait continuer à étendre son ouverture.

Le capital étranger quitte-t-il le pays ? 

Selon Zhou Hanmin, membre du Comité permanent du Comité national de la CCPPC et expert juridique basé à Shanghai, la Chine a, depuis l’adoption de sa politique de réforme et d’ouverture en 1979, constamment favorisé l’expansion de son commerce extérieur, s’est alignée sur les normes internationales, et a adopté des pratiques globales.

Bien qu’une réduction de 8 % ait ramené le total à 1 130 milliards de yuans (157,07 milliards de dollars) en 2023, les statistiques du ministère chinois du Commerce révèlent que ce chiffre demeure le troisième plus élevé jamais atteint, suivant de près les records de 2021 et 2022.

Sur la scène internationale, les investissements transfrontaliers restent moroses. Selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’échelle des IDE transfrontaliers devrait avoir diminué de 18 % d’une année sur l’autre en 2023. Quant à la Chine, elle s’est imposée en deuxième position dans le monde pour attirer les IDE et en première position parmi les pays en développement.

Dans un environnement marqué par une incertitude économique considérable, le dernier rapport Global Investment Trends Monitor de la CNUCED confirme un affaiblissement général des IDE en 2023. Tandis que la Chine a vu une baisse rare des entrées d’IDE, les États-Unis, principaux récipiendaires d’IDE, ont enregistré une diminution de 3 %, et l’ANASE, considérée comme un catalyseur de croissance des IDE, a subi une chute de 16 %. Globalement, les investissements en direction des pays en développement ont reculé de 9 %. À l’exception notable du Luxembourg et des Pays-Bas, l’ensemble de l’Union européenne a connu un déclin des IDE de 23 %.

Réagissant aux assertions de certains médias occidentaux concernant un prétendu « exode massif des capitaux étrangers de la Chine », Lu Shaye, membre du XIVe Comité national de la CCPPC et ambassadeur de Chine en France, a rétorqué : « Il est erroné de conclure que les capitaux étrangers ont été retirés uniquement sur la base de la baisse des IDE. »

Pourquoi les IDE ont-ils diminué ? 

La réduction des IDE en Chine peut être expliquée par une combinaison de facteurs, tant sur le plan national qu’international.

Tout d’abord, M. Zhou l’attribue à l’impact de la pandémie de COVID-19. Les restrictions sur les voyages et les échanges physiques ont considérablement perturbé les processus décisionnels des entreprises multinationales en matière d’investissement.

Ensuite, pour répondre à l’escalade des risques géopolitiques, « certains capitaux étrangers ont quitté la Chine en dernier recours », a indiqué M. Zhou, en citant l’exemple des États-Unis. Le pays a recours à une « juridiction à longue portée » pour imposer des sanctions extraterritoriales à certaines entreprises étrangères coopérant avec la Chine, ce qui entraîne des fluctuations dans les flux de capitaux transfrontaliers.

En parallèle, la concurrence entre les pays visant à attirer les investissements devient de plus en plus féroce. La Chine doit relever beaucoup de défis pour attirer les IDE dans un environnement extérieur de complexité et d’incertitude.

Troisièmement, l’instabilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale, exacerbée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, a obligé les entreprises à réévaluer et ajuster leur stratégie de déploiement à l’échelle mondiale, en quête d’alternatives pour réduire les risques associés à une dépendance excessive envers un unique fournisseur.

D’après M. Lu, la Chine est désormais non seulement un « marché », mais aussi un « terrain de compétition » pour les marques chinoises et étrangères. « Alors que les entreprises chinoises jouissent d’une supériorité en termes de talents et de technologies, les entreprises étrangères doivent s’apprêter à une concurrence accrue dans un marché hautement compétitif comme la Chine. Si elles cherchent à éviter la concurrence, elles sont vouées à l’échec », a-t-il affirmé à CHINAFRIQUE.

Effectivement, ces dernières années, de nombreux secteurs, comme ceux des appareils électroménagers, des équipements de communication et des machines de construction, ont vu des entreprises étrangères se retirer du marché chinois, écrasées par la pression concurrentielle. Face à ce phénomène, certaines multinationales sont devenues plus prudentes dans leurs investissements en Chine.

Enfin, l’évolution industrielle mène inévitablement à une réduction des investissements dans les industries à forte intensité de main-d’œuvre. Avec la croissance continue de l’économie domestique, l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre et la diminution des avantages liés aux coûts, les secteurs gourmands en main-d’œuvre sont contraints à d’importantes transformations pour s’adapter aux changements des avantages comparatifs.

Comment stabiliser les investissements étrangers ? 

Bai Ming, chercheur à l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, estime que stabiliser les investissements étrangers nécessite d’attirer de nouveaux investissements et d’améliorer continuellement l’environnement des affaires, en mettant l’accent sur la stabilité politique, une économie dynamique, une culture inclusive, l’équité sociale, et un système juridique adapté aux temps modernes.

M. Zhou recommande que la Chine crée un environnement d’investissement étranger plus juste et prévisible, en adéquation avec les normes internationales, et qu’elle améliore les facilités commerciales et la protection des droits des entreprises.

Le Rapport d’activité du gouvernement présenté lors des Deux sessions promet de rassurer les investisseurs internationaux : la « liste négative » des investissements étrangers sera davantage raccourcie et toutes les restrictions à l’accès au marché dans le secteur manufacturier seront abolies.

« Nous sommes vivement encouragés par la détermination de la Chine à poursuivre son processus d’ouverture. Cette politique nous offre de nouvelles opportunités de coopération, d’échanges technologiques et d’accès accru au marché », a partagé avec CHINAFRIQUE Wang Ruijia, responsable du développement commercial stratégique pour l’Asie chez Sasol, une entreprise mondiale spécialisée dans le secteur chimique et de l’énergie originaire d’Afrique du Sud et investissant en Chine depuis 1992. D’après lui, une plus grande ouverture de la Chine permet à l’entreprise de bénéficier d’un environnement commercial plus transparent et normalisé, favorisant ainsi une meilleure mise en valeur de ses technologies innovantes et de ses produits de haute qualité.

Rendements élevés 

Le capital recherche naturellement des opportunités de profit, et le marché chinois s’avère particulièrement attrayant pour les investisseurs étrangers grâce à ses rendements supérieurs. « J’ai remarqué que les entreprises françaises demeurent très optimistes quant au marché chinois, car elles peuvent toujours réaliser des bénéfices en investissant dans ce pays », a noté M. Lu.

D’après les estimations de l’ANC, au cours des cinq dernières années, le rendement des IDE en Chine s’élevait à 9,1 %, largement supérieur aux 3 % observés aux États-Unis et dans les pays européens, ainsi qu’aux 4 à 8 % enregistrés dans d’autres économies émergentes.

Contrairement à la tendance de retrait, certaines multinationales visionnaires ont choisi d’augmenter leurs investissements en Chine. En 2023, le nombre total d’entreprises à capitaux étrangers établies s’est élevé à 53 766, enregistrant une augmentation de 39,7 % en glissement annuel. Rien qu’en janvier de cette année, 4 588 nouvelles entreprises à capitaux étrangers ont été créées, représentant une hausse de 74,4 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Par ailleurs, selon le ministère chinois du Commerce, les IDE en provenance des pays partenaires de l’initiative « la Ceinture et la Route » ont connu une augmentation en 2023. « C’est une situation sans précédent. Beaucoup pensent que c’est uniquement la Chine qui investit dans ces pays [et non l’inverse] », a ajouté M. Zhou.

Selon une enquête du Conseil chinois pour la promotion du commerce international, plus de 80 % des entreprises étrangères en Chine sont satisfaites de l’environnement local, et environ 70 % sont optimistes pour le marché chinois sur les cinq prochaines années.Ces résultats confirment que la Chine demeure une destination privilégiée pour les investisseurs internationaux, en tant que deuxième économie mondiale.


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Source: Chinafrique
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